La pénitence en mode soft ?
Devant entrer en vigueur le 1er avril de l’année écoulée, la peine des travaux d’intérêt général est désormais appliquée par les tribunaux.
Un amendement qui permettra aux détenus de purger leur peine non derrière les barreaux, mais en effectuant des travaux d’intérêt général.
Il permettra également de réduire le nombre de détenus dans les prisons algériennes et de réinserer certains d’entre eux dans la société. Cet amendement, adopté le 20 janvier 2009, est le premier du genre dans le pays.
Pour être éligibles à cette formule, les détenus ne doivent pas avoir été condamnés à plus de trois ans de prison et n’avoir aucune condamnation pénale antérieure. Ils doivent également afficher leur volonté d’effectuer des travaux d’intérêt général plutôt qu’une peine de prison.
Ils seront soumis à une surveillance quotidienne. Dans ce sillage, le directeur général de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, Mokhtar Felioune a affirmé, jeudi à Alger, que «la peine des travaux d’intérêt général, alternative à la peine d’incarcération, est passée à la phase d’application par les tribunaux».
Tout en précisant que, «les tribunaux au niveau national ont déjà commencé à prononcer cette peine», et d’ajouter, «sa généralisation exige du temps du fait qu’elle est récente.»
Le directeur général de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion a souligné l’impératif pour les bénéficiaires de cette mesure de connaître ses avantages notamment celui de dispenser un service gratuit sans renoncer aux études ou à son emploi.
Autrement dit, les détenus condamnés à des peines de travaux d’intérêt général conserveront leur emploi initial et pourront aborder une vie normale. Selon l’orateur, seul le juge est habilité à prononcer cette peine selon des critères que doit remplir le prisonnier et conformément aux demandes des différentes instances de l’État avec une assurance contre les accidents de travail et les maladies professionnelles.
Évoquant la surcharge des prisons, le même responsable a souligné que le problème est lié à la vétusté des prisons en Algérie dont la plupart remontent à l’ère coloniale, rappelant que 13 établissements pénitentiaires sont en cours de réalisation au niveau national dans les Hauts-Plateaux et au Sud.
Felioune a, également, précisé que le programme d’urgence en cours de réalisation permettra de décharger certaines prisons notamment dans les Hauts- Plateaux dans le cadre des programmes de développement en associant les prisonniers à des projets d’utilité publique.
Il a, en outre, indiqué que «la surcharge des prisons n’est pas due à la détention provisoire qui concerne actuellement 10% de l’ensemble des prisonniers, un taux qui a baissé, par rapport aux années précédentes et qui touche en premier lieu les personnes en instruction et en comparution devant le tribunal criminel ».
Pour ce qui est de la récidive, Mokhtar Felioune a assuré qu’elle était en baisse constante (42 %) ce qui reflète les efforts déployés en matière de réinsertion sociale et professionnelle des prisonniers. Dans ce cadre, il a évoqué la commission mixte en charge de la réinsertion des prisonniers, installée l’année dernière et regroupant 22 secteurs ministériels, qualifiant son travail de positif.
Il a indiqué que sur les 13 recommandations issues de cette commission dix sont prises en charge et les trois autres ont été inclues dans le plan d’action de cette année ciblant notamment l’encouragement de l’application de la peine des travaux d’intérêt général.
Felioune a, par ailleurs, précisé que 47 000 prisonniers sont actuellement inscrits dans les différents cycles d’enseignement et de formation (84 spécialités). S’agissant des dépassements relevés dans le secteur pénitentiaire, le même responsable a affirmé qu’ils étaient très peu nombreux et qu’ils étaient sanctionnés.
Farid Houali