La raison aura prévalu dans le bras de fer entre la direction du géant mondial de la gestion portuaire, Dubai Port World El Djazaïr, et les travailleurs de l’entreprise. A l’issue d’une grève partielle de deux jours, les deux parties sont «tombées d’accord dans la nuit de jeudi à vendredi pour retourner à la table des négociations», a indiqué un délégué syndical au Quotidien d’Oran.
«C’est à minuit que nous avons tenu une réunion qui a regroupé notamment le directeur général de DPW, le PDG du port d’Alger en tant qu’autorité portuaire et le représentant de l’union locale de l’UGTA, en plus des délégués syndicaux de l’entreprise», précise Miloud Rebahi. Une décision immédiate a été prise «pour la reprise du travail», a-t-il ajouté.
Les travailleurs de DPW El Djazaïr avaient entamé mercredi vers 15 heures leur débrayage, notamment pour demander la réintégration de travailleurs suspendus et une revalorisation des salaires. «Le premier point discuté et obtenu a été la réintégration de nos camarades suspendus, qui seraient entre 8 à 10, et l’engagement de l’administration de l’entreprise de tenir lundi ou mardi prochain une réunion avec les représentants des travailleurs autour de nos principales revendications», explique Rebahi. Une issue qui était en fait loin de se dessiner jeudi au lendemain du déclenchement d’un arrêt de travail ouvert par les dockers de DPW El Djazaïr. En fait, presque toute l’activité du terminal à containers était suspendue à la suite de ce nouveau bras de fer entre la direction de DPW El Djazaïr et les travailleurs.
Selon Miloud Rebahi, l’arrêt de travail observé à partir de mercredi fait suite à une décision de suspension d’une dizaine de travailleurs, certaines sources parlent de 12 dockers, par la direction. «L’origine du conflit à DPW El Djazaïr remonte à juin 2013», explique encore Rebahi. A l’époque, la principale revendication des travailleurs était «une revalorisation des salaires, mais il n’y avait aucune réponse de la direction». En dépit «de cette attitude négative, nous avions décidé quand même de reprendre le travail, et alors que DPW nous avait poursuivi en justice», souligne le même délégué syndical qui ajoute que «nous avons même augmenté la production et amélioré les résultats de l’entreprise, mais à chaque fois qu’on sollicite la direction pour une hausse des salaires, elle nous répond par le mépris et ne donne pas suite à nos doléances».
Dans la journée de jeudi, la même source nous avait précisé que la direction de DPW El Djazaïr n’avait pas daigné discuter avec les responsables des travailleurs. «Depuis une vingtaine de jours, les travailleurs ont repris la pression sur la direction, avec un ralentissement du travail et comme mot d’ordre une revalorisation à la hausse des salaires. Sans suite, la direction restant enfermée dans son mutisme», a-t-il encore ajouté. Mardi dernier, une équipe de l’inspection du travail est descendue au port, et après avoir discuté avec les travailleurs et la direction a appelé les «deux parties à s’asseoir à la même table et entamer des négociations pour résoudre ce conflit». De notre côté, «nous avons sensibilisé les travailleurs sur la nécessité de préserver les intérêts économiques de l’Algérie, mais visiblement DPW ne se souciait pas des pertes, puisque le jour de l’arrivée de la délégation de l’inspection du travail de la wilaya d’Alger, la direction de DPW a décidé de suspendre plusieurs de nos camardes», détaille le délégué syndical selon lequel «nous ne savons pas combien de travailleurs ont été ainsi sanctionnés» par la direction. «Dès lors, nous avons décidé de sortir et d’observer un arrêt de travail pour réclamer nos droits et la réintégration de nos camarades sanctionnés».
L’émirati DPW a conclu un contrat avec le ministère algérien des Transports en 2008 pour prendre en charge le trafic containers aux ports d’Alger et Djendjen. Objectif: moderniser et développer la qualité des services dans les deux ports, en plus de la prise en charge du projet des guichets électroniques uniques au niveau des ports d’Alger, d’Oran et de Skikda pour la collecte d’informations et la facilitation des opérations en direction des opérateurs. Pour autant, la gestion humaine reste le «talon d’Achille» de DPW El Djazaïr, puisque les travailleurs avaient déjà déclenché sans résultat un débrayage de plusieurs jours à l’été 2013 pour améliorer leurs conditions de travail. Selon le président du conseil d’administration du géant mondial de la gestion portuaire, DPW gérant un peu plus de 65 ports dans le monde, Soltane Ben Salim, veut élargir ses investissements aux autres ports algériens. Après une rencontre courant 2014 avec le ministre des Transports Amar Ghoul, il annoncé avoir proposé plusieurs projets en Algérie.