Les travailleurs exigent une commission d’enquête

Les travailleurs exigent une commission d’enquête
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Les travailleurs de l’Entreprise nationale des textiles industriels et techniques (EATIT) de Draâ Ben Khedda, en grève depuis le 4 avril dernier, réclament une commission d’enquête.

C’est ce que nous a indiqué un gréviste de cette entreprise employant 650 ouvriers environ, Mourad Bounouar. Selon notre interlocuteur, les maux dont souffrent les travailleurs de cette entreprise textile, pourtant considérée comme l’un des fleurons de l’industrie algérienne, sont multiples : retard dans le paiement des salaires, insuffisance, voire absence, de primes individuelles et collectives non-application du contrat de durée déterminée pour ceux qui y ont le droit, la non-représentation des intérêts des travailleurs de l’entreprise par la section syndicale UGTA locale.

Dans une déclaration rendue publique, dont nous détenons une copie, les grévistes, qui ont déclenché ce mouvement de grève sans l’aval du syndicat de l’entreprise, dénoncent la situation qui prévaut au niveau de « notre entreprise, marquée depuis plusieurs mois par une gestion anarchique des responsables de l’entreprise et par des grèves cycliques, (…) ». »

Par cette déclaration, poursuivent les signataires, nous exigeons le versement des salaires dans les délais, comme il a été stipulé dans la convention de l’entreprise, la révision du régime indemnitaire, la régularisation des situations financières des retraités, le versement des rappels, impayés depuis 16 mois, sur la base du nouveau SNMG, la révision du système de stimulation PRI (prime de rendement individuelle) et PRC (prime de rendement collective), la révision des calculs indemnitaires pour les travailleurs partant à la retraite, la confirmation des CDD et CDI (contrat de durée déterminée et contrat de durée indéterminée, (…). »

A travers la même déclaration, les signataires signalent le retrait de confiance à la section syndicale de l’entreprise et au comité de participation (CP). Ils dénoncent également « énergiquement la nouvelle grille des salaires du 1er janvier 2015, qui ne répond pas aux normes du nouveau SNMG national ».

« Dans notre entreprise, le SNMG est calculé à moins de 18 000 DA « , stipulent les travailleurs grévistes, avant de dénoncer « le protocole d’accord signé entre l’employeur et la Fédération nationale des travailleurs du textile en 2015 ». Par ailleurs, Mourad Bounouar nous a indiqué que lui et ses camarades grévistes exigent une commission d’enquête pour identifier et mettre à nu les dépenses et recettes des œuvres sociales de l’entreprise.

Notre interlocuteur nous a signalé que des produits électroménagers proposés à la vente au profit des travailleurs sont largement plus coûteux que ceux commercialisés dans les magasins de la ville. La différence de prix peut parfois atteindre 10 000 DA.

Les travailleurs de l’EATIT de Draâ Ben Khedda trouvent également « inconcevable » que les animateurs des œuvres sociales de leur entreprise favorisent les produits étrangers. « Les produits électroménagers de nos entreprises nationales ne sont pas moins bien que ceux importés que, curieusement, les responsables des œuvres sociales de l’EATIT trouvent très positifs », estiment-ils

Les travailleurs de l’EATIT de Draâ Ben Khedda ont, en fait, de sérieux doutes quant à la justesse des comptes comptables de leurs œuvres sociales, d’où leur exigence d’une commission d’enquête pour éplucher le registre comptable.

Notons enfin que l’inquiétude des travailleurs est justifiée par l’arrivée et la mise en fonction de nouvelles machines de production ultrasophistiquées, ce qui pourrait mettre au chômage. un bon nombre de travailleurs de l’entreprise. « Pas moins de 50 milliards de dinars ont été dépensés dans la rénovation des ateliers, notamment ceux de la filature et du bobinage », a révélé Mourad Bounouar.

« Notre inquiétude prend chaque jour des proportions plus grandes depuis que ces nouvelles machines gagnent du terrain dans notre entreprise », conclut notre interlocuteur, qui a tenu à signaler la situation peu envieuse des ouvriers s’apprêtant à prendre leur retraite, dès lors que leur pension de retraite ne dépasse guère 15 000 DA par mois.

Une interrogation se pose alors : comment un ouvrier ayant à son actif 25 ou 30 ans de service n’ouvre-t-il droit qu’à une retraite estimée à 15 000 DA par mois ? Où sont donc passées ses cotisations à la sécurité sociale ?