Une grève se profile à l’horizon dans les compagnies pétrolières étrangères évoluant au sud du pays. Ce sont, essentiellement, les disparités salariales entre travailleurs algériens et expatriés, les conditions de travail et l’interdiction faite aux travailleurs de créer un syndicat qui motivent ce mouvement de grève, selon la coordination.
En fait l’effervescence et le mécontentement datent de plusieurs années et toutes les revendications sont restées sans suite. En 2010 déjà, Yacine Ziad, membre fondateur du Comité national pour la défense des droits des travailleurs, créé la même année, déclarait: «Nous sommes inondés de dossiers de plaintes déposées par des salariés des compagnies pétrolières étrangères exerçant en Algérie».
Selon ce responsable, ils sont «plusieurs centaines de travailleurs, notamment ceux exerçant dans de puissantes multinationales pétrolières au Sud du pays à se plaindre des mauvaises conditions de travail et à subir les représailles des dirigeants de ces sociétés qui leur dénient le droit de créer un syndicat ».
M. Ziad relevait le peu d’empressement des sociétés étrangères à se conformer aux lois du pays en matière de relations de travail et refusent d’appliquer les décisions de justice de réintégration des travailleurs abusivement licenciés. Et s’il venait l’idée à «un salarié de ces puissantes compagnies de lancer un syndicat, il est licencié sans autre forme de procès », s’indignait Yacine Ziad. L’Etat interpellé avait, à l’époque, mis en place une commission d’enquête dont les résultats n’ont jamais été portés à la connaissance de l’opinion publique. Les pratiques frauduleuses ne se sont pas arrêtées, à en croire les travailleurs qui reviennent à la charge ces derniers jours.
Regroupés au sein d’une coordination provisoire composée de 30 travailleurs représentant les 14 entreprises implantées dans les wilayas de Laghouat Ouargla, Illizi, Ghardaïa et Tamanrasset, ces employés menacent de paralyser les compagnies et les grands projets répartis dans le sud. Cette coordination qui envisage de tenir son congrès au cours du mois de mai prochain demande, à en croire El Hachemi Abderrahmane, un des représentants des travailleurs, la mise en place d’une commission pour enquêter sur des salaires de travailleurs étrangers qui seraient gonflés pour que ces multinationales payent moins d’impôts.
Elle réclame aussi que les salaires des nationaux et des expatriés soient calculés en fonction des compétences et non pas de la nationalité, la création d’un syndicat professionnel, la révision des salaires et une enquête sur les dépassements et abus dont seraient victimes des travailleurs algériens au sein de ces entreprises. Plus grave encore, poursuit notre interlocuteur, des employés algériens, y compris des cadres, ont été licenciés sur le seul fait qu’ils aient revendiqué leurs droits sans pour autant que ces entreprises ne soient inquiétées. L’autre revendication soulevée par cette coordination consiste à ce que les contrats soient établis sur la base de la durée du chantier et non pas limités à trois mois comme il est de l’usage.
Devant cette situation, la coordination compte mener des actions de protestation devant le siège du ministère de l’Énergie et des Mines et déclencher des mouvements de grève jusqu’à ce que les pouvoirs publics prennent des mesures fermes contre ces entreprises étrangères implantées à In Amenas, Hassi R’Mel, Hassi Messaoud et à In Salah.
N. Benchaa