Les bus, les passerelles et les tapis à bagages ont été bloqués impactant, ainsi, toute la chaîne de fonctionnement, y compris le programme des vols.
L’aéroport international d’Alger a connu, hier, une paralysie quasi totale de ses activités. Seul un service minimum a été assuré suite à cet arrêt inattendu des travailleurs de la Société de gestion des services et des infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA). Les bus, les passerelles, les tapis à bagages ont été bloqués, perturbant, ainsi, toute la chaîne de fonctionnement de l’aéroport et impactant de facto les vols de toutes les compagnies.
À l’origine de ce mouvement, une seule revendication des syndicalistes, à titre de condition sine qua non à la reprise : le départ immédiat de leur P-DG, en la personne de Tahar Allache. Il semble que la coupe est pleine, car les grévistes rencontrés hier à l’intérieur même de l’enceinte aéroportuaire avaient l’air d’en avoir gros sur le cœur et n’ont pas manqué de l’exprimer. “Halte à la hogra”, ont-ils lâché, dénonçant une grave situation de “dépassement et d’écarts de langage”, indignés par l’attitude de leur premier responsable qui, selon leurs témoignages, “a soumis le personnel à des pressions démesurées qui ont entraîné le départ de plusieurs cadres de valeur”. Nos interlocuteurs qui se sont démarqués totalement du syndicat actuel, le désignant comme illégal, se sont montrés formels et déterminés à aller jusqu’au bout de leur raisonnement. “Nous ne lâcherons pas prise cette fois-ci. Chaque jour qui passera verra le durcissement de notre mouvement si cela s’avère être nécessaire”, ont-ils averti, relevant, au passage, “la mauvaise gestion de la société et certaines affaires qui ne sont pas conformes à la loi avec des transactions passées de gré à gré”. Ils vont plus loin évoquant “des licenciements abusifs” et autres mauvais traitements jusqu’à “refuser même les attestations de maladie”. Ils parlent, également, “d’absence de profil de carrière” et de court-circuitage de l’Anem pour les recrutements qui, selon eux, ne respectent pas les besoins réels. “Il recrute hors plan des étudiants en CDI et des fils et filles de cadres influents de l’État”, ont-ils insisté, s’interrogeant même sur les passe-droits : “Comment se fait-il qu’un simple locataire de l’aéroport puisse disposer d’un pass qui lui donne accès à toutes les zones, même les plus sensibles, au mépris de toutes les procédures en vigueur.”
Excédés de voir ainsi la société partir à la dérive, les travailleurs de l’aéroport demandent tout simplement de “relever Tahar Allache et de soumettre la période de sa gestion à un audit par une commission du ministère ou par l’IGF en incluant aussi la gestion catastrophique des Aéroports de Paris (ADP)”. Pour eux, “le P-DG a atteint l’âge de la retraite et il devrait tout simplement rendre le tablier, à plus forte raison qu’il ne fait pas preuve de compétence loin de là”. N’épargnant pas le syndicat, les grévistes revendiquent, par ailleurs, “la mise en place d’une commission de la Centrale syndicale pour enquêter sur la gestion syndicale au niveau de la SGSIA”, précisant que “le mandat de l’actuel syndicat d’entreprise a expiré en décembre dernier”.
Ils demandent aussi “à auditer la gestion du comité de participation depuis sa désignation et d’organiser une assemblée générale pour aller vers une nouvelle élection syndicale représentative des travailleurs”. Contacté par nos soins dans l’après-midi d’hier, le SG du syndicat nous a assuré, pour sa part, “être en pleine séance de négociations avec la direction”. À notre arrivée à l’aéroport, nous avons confirmé, en effet, la présence d’une délégation ministérielle sans autre détails. Les responsables du syndicat se sont abstenus par la suite de tout commentaire, malgré nos vaines tentatives de les joindre.
N .S.