«Permettre aux enseignants et aux travailleurs du secteur de bénéficier des oeuvres sociales»
Le Snapest accuse la tutelle d’anticiper la fraude pour maintenir l’ancien mode en faisant échouer l’option de la gestion par les commissions des établissements.
Objet de controverse depuis près de deux années, la gestion du Fonds des oeuvres sociales du secteur de l’Education nationale sera tranchée demain à la faveur d’un scrutin premier du genre dans le secteur.
En effet, les travailleurs de l’Education nationale sont appelés à se prononcer sur ce dossier des oeuvres sociales. Deux bulletins seront mis à la disposition des électeurs. Le bulletin numéro 1, qui comprend aussi le choix des candidats pour la gestion centralisée et bulletin de vote numéro 2 pour la gestion décentralisée, dont l’élection des représentants des commissions des établissements scolaires se fera lors d’un autre scrutin prévu pour le 24 décembre prochain.
Réunie plusieurs fois autour du ministre de l’Education nationale pour discuter d’un consensus sur la formule à agréer pour la gestion collégiale, les syndicats sont toujours restés partagés. Devant cet impossible consensus, le ministre, Boubekeur Benbouzid, a décidé d’opter pour un vote qui s’articulera sur les deux options les plus partagées par les protagonistes. Successivement, la tutelle réaffirmait que le mode de gestion «se décidera uniquement» par voie de vote, souhaitant que les élections «puissent solutionner ce problème et permettre aux enseignants et aux travailleurs du secteur de bénéficier des oeuvres sociales» dont les fonds accumulés depuis deux ans s’élèvent, selon le ministère de tutelle, à 20 milliards de dinars tandis que les syndicats parlent de 40 milliards de dinars.
L’option de vote n’étant rejetée par aucun partenaire social, exception faite du CLA, la campagne s’est alors engagée tant au niveau des structures internes des syndicats qu’au niveau des établissements scolaires. La Fédération nationale des travailleurs de l’éducation (Fnte, affiliée à l’Ugta) a fait dans ce sens, un revirement à 180°. Après avoir géré cette structure quinze ans durant, elle propose la gestion présentement au niveau des établissements scolaires, contrairement à la proposition d’élire une commission nationale ad’hoc à la base ou celle mixte entre syndicats et la tutelle, entre autres. Même position pour le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), qui a appelé à voter pour une gestion décentralisée en optant pour le bulletin numéro 2.
Ces deux organisations syndicales optent en effet pour la décentralisation de la gestion des oeuvres sociales du secteur de l’Education nationale, dont «l’enjeu n’est pas dans la substitution de syndicalistes par d’autres ni de syndicat par un autre mais il est dans l’affranchissement des oeuvres sociales de toute tutelle syndicale apparente ou déguisée et du rapprochement de leur gestion des besoins et du contrôle des travailleurs». Le Snapest a considéré vendredi que la gestion centrale via les commissions de wilaya et nationale des oeuvres sociales «perpétue l’ancien mode de gestion».
Lequel mode de gestion est défendu bec et angles par le Conseil national autonome des professeurs de l’Enseignement secondaire et technique (Cnapest) et l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). Ces deux syndicats autonomes étaient en campagne depuis l’annonce du scrutin, ne manquant de dénoncer ce qu’ils qualifient de «dépassements» et de «partialité» de l’administration, quant aux préparatifs des élections. Ces deux entités syndicales ont appelé les travailleurs au niveau de la base à voter pour l’option des commissions. Avec la gestion par les établissements au nombre de 6000 environ au niveau national, il «n’y aura pas d’instance juridiquement compétente pour demander des comptes», ont-ils estimé. La bataille s’annonce rude et déjà on soupçonne la fraude.
Le Snapest accuse à son tour la tutelle d’anticiper la fraude pour maintenir l’ancien mode en faisant échouer l’option de la gestion par les commissions des établissements. Il veut pour preuve la circulaire ministérielle conçue, à ses yeux, «de manière à privilégier les partisans de l’ancien mode de gestion tout en excluant les travailleurs qui optent pour la décentralisation de la gestion des oeuvres sociales». Il y a enfin le Conseil des Lycées d’Algérie (CLA), lequel se distingue par une position de boycott de ces élections pour observer une journée de protestation le jour «J».
Le CLA procède ainsi à contre-courant des autres syndicats majoritairement autonomes. Le dernier mot reviendra demain aux travailleurs du secteur.