Les travailleurs communaux paralysent 1 000 APC à travers le pays

Les travailleurs communaux paralysent 1 000 APC à travers le pays
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La flamme de la protestation n’est pas près de s’éteindre chez les temployés des communes. La grève «ouverte» entamée hier, à laquelle a appelé le Conseil national des travailleurs communaux (CNTC), affilié au Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), a enregistré à son premier jour un taux de suivi «très important», estimé à plus de 90%, a déclaré hier Ali Yahia, président du CNTC.

Contacté en fin d’après-midi, il a indiqué qu’au niveau de certaines wilayas comme Bordj Bou Arréridj, Tizi Ouzou, Béjaïa, Tiaret, Béchar et El Oued, le taux de suivi variait entre 70 et 100%. Toutefois, comme de coutume, les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa (100% de taux de suivi) et à un degré moindre celle de Bordj Bou Arréridj (90%) sortent du lot. Tout en signalant qu’un «service minimum était assuré», le président du CNTC s’est dit «satisfait» du taux enregistré en ce premier jour, «malgré les intimidations et autres pressions subies à la fois par les syndicalistes et les travailleurs».

En tout, 1 000 communes se sont jointes à la grève, se félicite notre interlocuteur. Il précise que le mouvement sera ponctué chaque jeudi par des sit-in ou des protestations au niveau des chefs-lieux de wilaya, signalant que le Conseil national des travailleurs communaux se réunira samedi prochain «pour faire le point sur la situation et débattre des prochaines actions à entreprendre». Ali Yahia déplore «le mépris du ministère de l’Intérieur à l’égard des travailleurs qui en sont pourtant à leur cinquième grève en une année», dénonçant par là même, de «pseudo représentants» des travailleurs communaux que le ministre du secteur a conviés dernièrement à la table des négociations. «Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a mis en avant un groupe d’individus, les présentant comme des délégués des travailleurs communaux dans une mise en scène par laquelle on tente de faire accroire à l’opinion, surtout à travers leur médiatisation via la télévision nationale, que les revendications des travailleurs communaux sont prises en charge.

Or, il n’en est strictement rien», lance-t-il. «Sept grandes communes sur les 32 que compte la wilaya de Boumerdès, en l’occurrence Bordj Ménaïel, Si Mustapha, Dellys, Afir, cap Djinet, Taourga et Naciria ont enregistré un taux de suivi frôlant les 100%», nous a confié lors d’un entretien téléphonique M. Attoui Mustapha, membre du bureau de wilaya du Snapap. Il ajoute qu’une «tentative de grève» a été initiée dans la commune de Boudouaou, soulignant qu’en raison «des pressions et intimidations» exercées par l’Admini-stration sur les travailleurs et les syndicalistes, ces derniers ont dû «différer» leur débrayage à aujourd’hui.

«D’ici demain [aujourd’hui, ndlr], les travailleurs de l’APC de Boudouaou rejoindront la grève», a-t-il assuré. Sur un ton sûr, il estime que «80% des APC de la wilaya de Boumerdès rejoindront la grève d’ici les prochaines heures» sans donner de détail. Echaudés par les promesses non tenues de la tutelle, les travailleurs communaux s’échinent encore et toujours à mettre en avant leurs revendications à travers des mouvements de grève épisodiques qui butent, néanmoins, sur une certaine indifférence de la tutelle.

L’une des plus importantes grèves des travailleurs communaux a été celle des 26, 27 et 28 avril 2010, après avoir jugé que la réaction du ministère de l’Intérieur concernant leurs revendications n’était pas «à la hauteur de leurs espérances». Cette grève a été précédée d’un premier mouvement les 30 et 31 mars de la même année. Ali Yahia avait dénoncé, à cette période-là, ce qu’il a qualifié de «manœuvres dilatoires» de la tutelle. Celle-ci, selon lui, avait rendu public un communiqué daté du 31 mars 2010 et adressé aux 48 walis, «dans lequel il leur rappelle la mise en place, en 2007, d’une commission chargée d’examiner la question relative au statut particulier».

«Or, au jour d’aujourd’hui, ladite commission n’arrive toujours pas à dégager un projet de statut», s’inquiète Ali Yahia qui appelle l’Administration à associer les travailleurs des communes à l’élaboration de leur propre statut. S’agissant des revendications, il y a lieu de rappeler que les travailleurs réclament la revalorisation du point indiciaire en le portant de 45 DA actuellement à 150 DA. Outre la promulgation du projet de statut particulier et le régime indemnitaire, ils exigent aussi l’intégration des contractuels en poste et la révision de la classification catégorielle. Ils revendiquent également l’abrogation de l’article 87 bis de la loi 90/11, qui empêche l’augmentation du SNMG, et le maintien du régime de la retraite sans condition d’âge ainsi que le respect du droit syndical et de grève.

Y. D.