Les transferts d’argent à partir de l’étranger s’amenuisent : Les émigrés devenus «cupides»

Les transferts d’argent à partir de l’étranger s’amenuisent : Les émigrés devenus «cupides»

La crise économique et la chute du marché pétrolier ont fini par atteindre les envois de fonds des émigrés, notamment ceux d’Afrique du Nord. Un rapport de la Banque mondiale évoque un net ralentissement des transferts en 2015.

En effet, les envois de fonds des migrants des pays en développement devraient se chiffrer à 435 milliards de dollars en 2015, en hausse de seulement 2% par rapport à 2014, selon les nouvelles données de la Banque mondiale publiées hier dans un rapport intitulé «Migration et développement». De 3,3% en 2014 par rapport à 2013, et de 7,1% annuellement durant la période 2010-2013, les transferts ont connu cette année un net ralentissement. Pour les migrants originaires des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), leurs envois de fonds se chiffrent à 51 milliards de dollars en 2015, soit le même montant qu’en 2014.Selon les explications données par la Banque mondiale, cette stagnation est due principalement au ralentissement économique en Europe, entre autres en Russie. Il se trouve également que l’affaiblissement des monnaies locales par rapport au dollar et la baisse des cours du pétrole ont limité les capacités de nombreuses personnes à envoyer de l’argent à leurs familles et à leurs amis. Le tassement des envois d’argent touchera en particulier les migrants vivant en Europe et en Asie centrale où ces flux devraient diminuer de 18,3% en 2015, ajouté la BM.

S’agissant des perspectives, la Banque mondiale prévoit pour l’année 2016 l’accroissement d’envoi de fonds d’environ de 4% pour atteindre un montant de 453 milliards de dollars. Cette éventuelle croissance est attendue grâce à la poursuite de la reprise économique aux Etats-Unis et à une légère amélioration de l’activité en Europe. Les émigrés de la région Mena devraient transférer environ 53 milliards de dollars en 2016. Les envois de fonds mondiaux, qui sont effectués par environ 250 millions de migrants, devraient s’accroître, selon la BM, de 1,3% pour s’établir à 588 milliards de dollars en 2015 et à 610 milliards de dollars en 2016.

Les chiffres de la Banque mondiale corroborent avec ceux du Fonds monétaire international (FMI) publiés le 27 octobre dernier.

Le Fonds monétaire international a relevé que des pays, non producteurs du pétrole, souffrent de la chute du baril de brut.

Le FMI a cité le cas de pays d’Asie centrale, dont l’Arménie, la Géorgie, le Kirghizstan et le Tadjikistan qui souffrent davantage de la récession russe. Dépendants de l’argent que leur envoient leurs concitoyens émigrés en Russie, le Kirghizstan et le Tadjikistan ont vu ces transferts fondre de moitié au cours des six premiers mois de l’année, du fait du ralentissement notamment des chantiers en Russie. Des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, entre autres, le Maroc, le Pakistan ou l’Egypte souffrent également de cette situation. Si la chute des prix du baril devait se poursuivre, avertit le FMI, ces pays pourraient à leur tour voir fondre les transferts d’argent de leurs travailleurs en exercice dans les pays du Golfe.

Quid de l’Algérie ?

En 2014, une étude réalisée par le Fonds international pour le développement agricole (Fida) a donné le chiffre de 1,8 milliard de dollars représentant le montant transféré par les Algériens résidant à l’étranger. Selon cet organisme qui dépend de l’ONU, la communauté algérienne vivant en France, estimée à 1,4 million de personnes, a envoyé vers l’Algérie un montant de 1,654 milliard de dollars.

Au niveau européen, les Algériens ont transféré 1,8 milliard de dollars. La communauté algérienne est classée à la 13e place en termes de transfert de devises. Elle est devancée par celles du Nigeria (7,4 milliards de dollars), de la Chine (6,3 mds usd), du Maroc (6,17 mds usd), de l’Inde (5,7 mds usd) et de l’Ouzbékistan (5,6 mds usd). Cependant, le transfert de la devise en Algérie, qui s’effectue principalement grâce aux pensions de retraite des anciens émigrés, continue à profiter au marché parallèle de la monnaie étrangère. Les banques algériennes agissant dans le cadre d’une politique de change peu avantageuse ne captent pas ces fonds.