La contrebande est une criminalité qui prolifère de plus en plus en Algérie, notamment aux Sahel. Vu la situation sécuritaire qui prévaut au niveau de plusieurs pays limitrophes, dont la Tunisie, le Mali, le Maroc, la Libye… l’Algérie se trouve confrontée à l’amplification du phénomène de contrebande, d’après le colonel Benaâmane Mohamed Tahar, Directeur de la sécurité publique et de l’emploi, en marge d’une conférence de presse tenue avant-hier, au siège du commandement de la Gendarmerie nationale à Chéraga.
Se prononçant aux ondes de la chaîne III, Benaâmane cite le lien de parenté (ou d’alliance) comme facteur potentiel favorisant la prolifération de la contrebande, touchant notamment les denrées alimentaires, le carburant et la drogue, à large échelle. Quant au trafic d’armes, le colonel Benaâmane Mohamed Tahar, refuse de le classer comme un phénomène spécifique aux frontières, mais le classe parmi les formes criminelles propres aux régions internes du pays, notamment le trafic d’armes artisanal. Il n’omet pas de préciser, par ailleurs, que le trafic d’armes artisanal n’est nullement lié au trafic d’armes transfrontalier. Interpellé sur le paradoxe entre l’intensification de la sécurité au niveau des frontières et la recrudescence de la contrebande, le Directeur de la Sécurité publique et de l’emploi, dit ne point pouvoir endiguer la contrebande avec 6 511 km de frontières, mais veiller à atténuer de son ampleur, avec le déploiement des unités territoriales, des gardes-frontières, renforcé par des unités de l’Armée nationale populaire (ANP). Quant au bilan relatif à la drogue, le colonel Benaâmane a déclaré que les unités de la Gendarmerie nationale ont saisi quelque 73 tonnes de kif traité durant l’année 2012. Les plus grandes saisies ont été opérées à l’Ouest du pays. Les éléments de la Gendarmerie ont également enregistré 3 147 affaires liées à la criminalité organisée, avec la saisie de 656 000 comprimés de psychotropes, notamment à Oran, Constantine et Alger. Des affaires qui se sont soldées par l’incarcération de 4 951 personnes, âgées majoritairement de moins de 30 ans. La criminalité organisée a été revue à la hausse par rapport à 2011, avec un taux de 12 %. « Malgré que les quantités de drogue saisies soient énormes, elles sont destinées à 99 % au transit vers les pays du Golf et de l’Europe », a déclaré le même orateur, en précisant que « les quantités destinées à la commercialisation et à la consommation ne représentent que 0.18 % de la quantité globale saisie, soit 400 kg à peu près destinés à la consommation ». La plus grande affaire relative au trafic de drogue, selon Benamaâne, est l’affaire des 165 kilos de cocaïne chargés à bord d’un bateau destiné à transporter une importante quantité de lait. Ce qui étaye l’hypothèse que l’Algérie occupe un rôle transitaire plus qu’un rôle de consommateur, est que le bateau en question était en provenance de la Nouvelle Zélande, en passant par la Colombie, l’Italie, l’Espagne pour enfin accoster en Algérie, a argué notre interlocuteur.
Toutefois, le colonel reconnaît que des quantités énormes échappent aux mailles des filets de la Gendarmerie nationale et des autres organes de la sûreté, une quantité représentant une grande proportion du trafic de drogue en Algérie, notamment au Sahel.
Par Kahina Sameur