« La contrebande ne s’arrête pas, c’est une affaire de survie pour les contrebandiers et nous sommes là pour nous y opposer » a déclaré, hier, l’Inspecteur général des Douanes, Abdelmadjid Mahrèche, à la Radio Chaine 3 en donnant des chiffres confirmant l’ampleur de l’augmentation des trafics aux frontières.
Les indicateurs fournis confirment que les dispositifs de sécurité mis en place avec notamment des forces combinées gendarmerie-douanes ont fortement affectés l’activité des trafiquants de carburants notamment à l’ouest du pays.
En 2009, 5627 affaires de contrebande dont 509 affaires liées à la législation sur le change ont été enregistrées pour un total de 23935 infractions. Pour l’année 2013, 26.000 infractions ont été enregistrées. Et pour le seul premier semestre 2014, année où les dispositifs de surveillance ont été renforcés après les alarmes sur l’ampleur du trafic des carburants, 17.461 dossiers d’infractions ont été recensés.
Sur le carburant, les chiffres confirment amplement qu’il reste- en raison des marges qu’il génère du fait du décalage entre le prix algérien et celui des pays voisins – le produit le plus prisé des contrebandiers.
En 2010, 1604 affaires de contrebandes sur le gasoil et l’essence ont été enregistrés et 1,16 millions de litres de carburants saisis ainsi que 1327 véhicules. Cela a donné lieu à des amendes de 1,031 milliards de dinars.
Le nombre des affaires enregistrées a baissé en 2013, l’année où les premières mesures de renforcement des dispositifs de contrôle aux frontières ont été mises en place. 298 affaires enregistrées au cours de 2013 avec 685 000 litres de carburants et 251 véhicules saisis pour des amendes de 1,300 milliard de dinars.
Le nombre des saisies a « explosé » au cours du premier semestre 2014 qui n’est pas loin d’égaler les chiffres de toute l’année 2010.
Les hallabas qui semblent avoir sensiblement réduit leur activité en 2013 ont-ils été plus « entreprenants » durant en 2014 ou bien est-ce l’action des douaniers est montée en efficacité ? Sans doute, les deux facteurs se cumulent pour donner sur six mois des chiffres de saisies impressionnants.
1 190 affaires enregistrées, 1,425 million de litres de gasoil saisis ainsi que 1 187 véhicules, le tout donnant lieu à des amendes de 3,496 milliards de dinars.
A l’animatrice qui lui faisait remarquer que cela ne représenterait selon les experts que 20% du trafic réel, l’inspecteur de douanes a noté que c’est un chiffre que « certains donnent mais ce n’est pas du précis ».
Il a admis que les contrebandiers ne s’arrêtent pas mais a souligner que les chiffres des saisies sont également un signe de l’efficacité de l’action des services de douanes et de la nouvelle organisation mise en place.
Infractions sur les changes et pétards
En matière d’infractions des changes, Abdelmadjid Mahrèche, a fait état de 394 affaires en 2013. Les infractions liées au commerce extérieur et se rapportant à des opérations d’importations ont porte sur une contre-valeur en dinars de 7,372 milliards de dinars. Les infractions commises par des vayeurs ont porté sur 315,6 millions de dinars.
Ce qui donne un montant global de 7,68 milliards de dinars donnant lieu à des amendes de 30,12 milliards. En matière d’infraction au change liée au commerce extérieur, il a indiqué qu’une direction du contrôle a-posteriori a été mise en place. « Nous avons des chiffres faramineux » en matière de contentieux, a-t-il déclaré.
Pourquoi les produits pyrotechniques, officiellement interdit, continuent-ils à entrer sur le marché ? « Nous avons mis des dispositifs d’alerte et de détection qui permettent de vérifier des containers » a-t-il indiqué en relevant que les pétards sont importés sous de fausses déclarations et qu’il faut contrôler l’ensemble du container.
En 2013, 166 affaires liées à l’importation de pétards et de jeux artifices ont été enregistrées. Ce sont en tout 493 millions d’unités de pétards et 2.000 jeux d’artifice pour une valeur de 698 millions de dinars ainsi que 31 véhicules qui ont été saisis. Les amendes ont atteint un montant de 3,175 milliards de dinars.
Pour l’année 2014 et jusqu’au mois de septembre, 75 affaires ont été traitées. Cinq conteneurs de 40 pieds contenant 838.000 unités de pétards pour une valeur 134 millions de dinars et 4 véhicules ont été saisis.
L’inspecteur des douanes souligne que le scanner au niveau du port ne peut pas tout traiter. Mais il estime qu’avec le plan de modernisation, la contrebande sera drastiquement limitée. Les acquisitions sont en cours pour le renforcement en matériel : scanners, véhicules, motos.
« Sans être affirmatif à 100% et avec les moyens que nous commençons à acquérir dans le cadre dans le cadre du programme de modernisation nous fermerons les portes de la contrebande à 80% » a-t-il indiqué.