Trois jours après la fin d’une trêve entre les deux camps, et alors que les négociations ont été rompues, rien n’indique que les bombardements, d’un côté, et les tirs de roquettes, de l’autre, vont cesser. La nuit a encore été rythmée par les bombardements israéliens dans la bande de Ghaza.
Les tirs de roquettes et les raids de l’armée sioniste se poursuivent sans relâche depuis la fin de la trêve, lundi soir. Israël vise en particulier les dirigeants de la branche armée du Hamas. Jeudi, trois de ces commandants ont ainsi été tués. Et hier les réactions se sont multipliées chez les Palestiniens et le Hamas appelle à la vengeance. Trois jours après la fin d’une trêve entre les deux camps, et alors que les négociations ont été rompues, rien ne laisse penser que les bombardements, d’un côté, et les tirs de roquette de l’autre, vont cesser.
Quatre Palestiniens ont été tués hier dans de nouvelles frappes israéliennes dans la bande de Ghaza, ont indiqué les services de secours palestiniens. Parmi les Palestiniens tués, deux d’entre eux ont trouvé la mort dans une frappe sur une maison de Nousseirat, dans le centre du territoire, et deux autres à Deir al- Balah (centre), a affirmé le porteparole des secours locaux, Achraf al-Qodra.
Depuis le début des agressions israéliennes contre Ghaza, le 8 juillet, plus de 2 080 Palestiniens ont été tués, dont la majorité sont des civils. Face au regain de violence, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont présenté les principaux éléments préparant une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies destinée à mettre un terme à six semaines d’agression, selon des diplomates. Le document de deux pages appelle à un cessez-le-feu immédiat et durable qui mettrait un terme aux tirs de roquettes vers Israël et aux opérations militaires dans la bande de Ghaza.
Le texte plaide également pour une levée du blocus de Ghaza par Israël et la mise en place d’un système permettant de signaler le non-respect du cessez-le-feu et de surveiller les flux de marchandises vers Ghaza. Les diplomates ont expliqué que cette initiative visait à obtenir le soutien unanime des quinze membres du Conseil de sécurité alors qu’une résolution proposée par la Jordanie a rencontré des résistances, surtout de la part des Etats-Unis.
Ce document répondrait notamment aux inquiétudes des Israéliens en matière de sécurité et accorderait aux Palestiniens leurs doléances. Il demanderait au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de «mettre en oeuvre ces éléments dans une résolution » destinée à relancer les négociations de paix au Caire.
«Nous recevons des messages positifs de la région selon lesquels ça pourrait aider», a déclaré une source diplomatique au sujet de l’initiative européenne. Par ailleurs, des responsables de l’ONU ont appelé à un cessez- le-feu, soulignant que la poursuite des violences mettait en danger leur capacité à faire face aux besoins des quelque 1,8 million d’habitants de l’enclave palestinienne. Une des responsables de l’UNICEF à Ghaza, Anne-Claire Dufay, a affirmé que la reprise des hostilités menaçait la distribution de l’aide pour des centaines de milliers d’enfants. «Nous avons un urgent besoin chaque jour de quelques heures de cessez-le-feu pour apporter un soutien aux enfants dans le besoin et à leur famille», affirmet- elle.
Les travaux de réparation des infrastructures endommagées durant les six semaines d’agression israélienne ont été interrompus depuis la reprise des affrontements, à la suite de l’effondrement d’une trêve qui a suivi l’échec de négociations menées au Caire. Les membres des équipes de l’UNICEF ont également vu leurs déplacements restreints en raison des violences, ajoute Anne-Claire Dufay. «Dans le contexte actuel, il nous faudrait au minimum quelques heures par jour pour disposer d’un cessez-le-feu humanitaire nous permettant d’utiliser un corridor», ajoutetelle.
Réunion tripartite Abbas-Mechaal-émir du Qatar
L’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du mouvement de résistance Hamas, Khaled Mechaal, se sont réunis jeudi à Doha pour la seconde fois pour évoquer la situation dans la bande de Ghaza, a indiqué une source palestinienne.
Il s’agit d’un «suivi» de la réunion de jeudi qui avait duré près de trois heures au palais du souverain qatari cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, a ajouté cette source. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas devait quitter Doha après la réunion d’hier, selon la même source. Chaque délégation a procédé à des consultations avant la réunion d’hier, mais la teneur exacte des échanges n’a pas été précisée.
Une députée palestinienne refuse un ordre d’expulsion
Une députée de la gauche palestinienne, interdite de séjour par les autorités d’occupation israéliennes à Ramallah, a indiqué qu’elle refusait de partir et a entamé un sit-in avec d’autres parlementaires au siège du Conseil législatif dans cette ville de Cisjordanie occupée.
Khalida Jarrar, cadre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), a expliqué que des soldats israéliens étaient entrés par la force chez elle pour lui signifier un ordre d’expulsion de Ramallah vers Jénine, une autre ville de Cisjordanie, où elle devrait rester six mois. «Je ne respecterai pas cet ordre d’expulsion car c’est mon droit de vouloir rester dans mon lieu de résidence», a-t-elle dit, ajoutant avoir contacté ses avocats pour suivre l’affaire.
Accompagnée par plusieurs membres du Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement), des personnalités politiques et des membres d’associations de défense des droits de l’Homme, Mme Jarrar a installé une tente au siège du CLP où elle compte observer un sit-in pour protester contre cette mesure.
Une telle mesure est rare et il s’agirait de la première depuis le début des années 1990, selon Raji Sourani, directeur du Centre palestinien des droits de l’Homme (PCHR). Il a parlé d’une «pratique d’un autre âge et contraire au droit international ». Selon Mme Jarrar, le tribunal militaire israélien l’accuse de «mettre en danger la sécurité de la région». Mme Jarrar a dit ignorer complètement ce qu’on lui reproche exactement.
M. B.