Le groupe terroriste est allé jusqu’au bout de sa logique en assassinant, hier, les sept derniers otages qu’il détenait. Avec «les signataires par le sang», Mokhtar Belmokhtar, dit Belaouar, a réussi à créer une véritable «légion étrangère» composée de «djihadistes» de plusieurs nationalités.
L’opération de libération des otages de Tiguentourine s’est achevée hier. Durant la nuit de vendredi à samedi, les militaires ont poursuivi leur avancée à l’intérieur du site pour neutraliser les ravisseurs et libérer les derniers otages. Des actions qui se sont déroulées dans une situation d’une extrême complexité du fait de la configuration de site et, surtout, de l’entêtement des terroristes qui menaçaient d’assassiner un dernier groupe d’otages et de faire exploser le complexe gazier. Menaces, en partie, mises à exécution.
Terreur et désinformation
Les sept derniers otages, qui ont servi de bouclier humain, ont été tués froidement avant l’intervention des unités de l’armée. Les victimes seraient de nationalités belge, américaine, japonaise et britannique. Abderrahmane Enaïjiri (Abderrahmane le Nigérien), un des chefs du commando des «signataires par le sang», est intervenu, hier matin, sur un des sites internet mauritaniens dans un ultime élan de terreur et de désinformation. «Mes compagnons et moi avons mis des ceintures d’explosifs. Nous avons miné la zone, si les Algériens s’approchent nous allons la faire sauter.» Il accusera également les militaires algériens de faire preuve «d’entêtement» et de «sous-estimer la vie des otages et les revendications du groupe». Des propos qui ont pour seul objectif de discréditer les militaires chargés de gérer cette opération. Mais avant cela, les terroristes n’avaient pas hésité à passer à l’acte, vraisemblablement au second jour de la prise d’otages. En effet, les corps calcinés de 15 personnes, des travailleurs pour la plupart, ont été retrouvés par l’ANP dans le périmètre du complexe gazier. Leur mort pourrait être due à l’explosion d’une des nombreuses ceintures d’explosifs utilisées par ce groupe.
«Multinationale terroriste»
Jeudi soir, lors de sa première intervention médiatique, le ministre algérien de la Communication avait bien raison d’affirmer que l’attaque du complexe gazier de Tiguentourine est l’acte d’une «multinationale terroriste ». En créant «les signataires par le sang», Mokhtar Belmokhtar, dit Belaouar, est parvenu à monter sa propre «légion étrangère». Outre Abderrahmane le Nigérien et l’Algérien Mohamed Lamine Boucheneb, le groupe était également composé de «djihadistes» libyens, mauritaniens, maliens, égyptiens, tunisiens et tchadiens. On évoque même la présence d’un Canadien et d’un Français. Regrouper tous ces activistes sous une seule bannière nécessite la mise en place d’un vaste réseau de recrutement et de moyens financiers et matériels importants.
Déminage
Actuellement, c’est au tour des équipes de déminage d’intervenir pour sécuriser le site. Une phase confirmée, hier, par la Sonatrach. «Suite à l’intervention des forces militaires algériennes sur l’usine de gaz de Tiguentourine et le délogement des terroristes, il a été constaté que l’usine a été minée dans le but de la faire exploser. Une importante opération de déminage est en cours par les équipes spécialisées de l’armée algérienne avant le lancement des opérations de démarrage de l’usine par le personnel exploitant de Sonatrach mobilisé à cet effet», explique la direction de la communication de la compagnie pétrolière. Le complexe gazier devrait donc reprendre du service dans les prochains jours. Cependant, il faudra surtout tirer tous les enseignements de cette affaire. Tiguentourine ne livrera peut-être pas tous ses secrets immédiatement. Mais elle aura au moins permis à l’Algérie de reconnaître ses amis de ses ennemis.
T. H.