La Fédération des travailleurs de l’éducation, affiliée au Snapap-Malaoui, a rejoint hier le cercle des contestataires. Un débrayage d’une semaine reconductible est annoncé.
Loin d’être échaudés par l’action en justice de la tutelle, ni même par la fetwa du ministre des Affaires religieuses soutenant que “la grève est un acte non toléré dans l’islam”, les syndicats de l’éducation ont maintenu, hier, leur mouvement. Les élèves des cycles primaire et moyen sont privés de cours depuis déjà 10 jours. Plus grave, l’action risque de perdurer encore car aucun compromis ne profile à l’horizon. L’invitation à de nouveaux rounds de négociations sérieuses n’étant pas à l’ordre du jour du département de Baba Ahmed, il est difficile d’envisager l’issue de cette confrontation.
À moins que le Premier ministre ne daigne enfin répondre aux nombreuses sollicitations des syndicats et des parents d’élèves, comme ce fut le cas l’année précédente lors de la grève des fonctionnaires du Grand-Sud qui a duré trois semaines.
Cela dit, un quatrième syndicat vient de rejoindre le cercle des contestataires.
Il s’agit de la Fédération nationale des travailleurs de l’éducation, affiliée au Snapap-Malaoui, qui annonce un débrayage d’une semaine qui a commencé hier et des rassemblements dont les dates seront communiquées ultérieurement.
La fédération réclame : la promotion automatique aux postes supérieurs, le versement des salaires impayés, la valorisation des diplômes, la mise en place de la commission gouvernementale chargée de faire l’inventaire des œuvres sociales, la protection de l’enseignant et de l’élève contre la violence… Forts de la mobilisation massive des travailleurs qui dépassent dans certains établissements et wilayas les 80%, les trois autres syndicats campent toujours sur leur position. Le Snapest dont les adhérents reprennent du service ce matin, réunira son bureau national pour évaluer la situation et décider de la suite des événements.
Et à l’allure où vont les choses, il est fort probable que le syndicat de Meziane Meriane décide de reconduire la grève, voire durcir son action.
La fetwa de Bouabdallah dénoncée
L’Unpef et le Snapest se sont dit étonnés de voir que des parties qui n’ont rien à voir dans le conflit s’y immiscent, oubliant les problèmes de leur secteur.
L’allusion est faite au ministre des Affaires religieuses qui n’a pas hésité à prononcer une fetwa interdisant la grève car c’est un acte contraire à l’islam, voire un “péché”.
“Nous sommes dans une République régie par des lois et non par des fetwas”, rétorque le Snapest qui invite le ministre des Affaires religieuses à émettre des fetwas sur “la corruption”. De son côté, l’Unpef invite Ghlamalah “à s’occuper des problèmes de son secteur notamment ceux des imams dont la situation socioprofessionnelle gagnerait à être améliorer”.
La tutelle réagit aux déclarations du Cnapest-élargi
Le ministère a réagi, hier, via un communiqué virulent, aux “propos diffamatoires” du coordinateur national du Cnapest-élargi lors du dernier point de presse. Précisant d’emblée qu’“il n’est pas dans les mœurs institutionnelles d’entrer dans la polémique” et que “les lecteurs qualifieront de tels propos qui n’engagent que leur auteur”, le cabinet du Men se dit “convaincu qu’une telle dérive lexicale ne saurait refléter le point de vue des milliers d’enseignants algériens dévoués à leur mission”. Car “du représentant d’un partenaire social, éducateur de surcroît, il est attendu respect et sagesse et non des insultes”. Et d’ajouter : “Au-delà des suites appropriés qui seront données à ces insultes, le ministère invite tout un chacun à faire preuve de retenue et de bon sens. Si des divergences existent autour de situation problématique, il est toutefois admis que seule la raison prime et que force reviendra à la loi. Une loi qui mène au dialogue fécond et objectif.” Le cabinet reconnaîtra, enfin, qu’en tant que tutelle de huit millions d’élèves, “nous sommes condamnés à nous entendre sur l’essentiel : leur avenir”. À rappeler que le Cnapest-élargi avait soutenu que “l’instabilité du secteur est voulue” et que “des responsables au Men y sont derrière pour préserver leurs postes et leurs intérêts”.
M B