La grève perdure au grand désarroi des élèves
Les grévistes sont déterminés plus que jamais à se battre jusqu’à otenir gain de cause.
La menace faite samedi dernier par le ministre de l’Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed, concernant l’application des lois pour réhabiliter l’Ecole algérienne et défendre le droit de l’élève algérien à l’éducation, n’a pas laissé les enseignants indifférents.
Nombreux sont ceux qui ont rejoint le mouvement après cette déclaration. C’est du moins ce qu’a déclaré hier, le coordinateur national du Cnapest, Nouar Larbi, dans un entretien téléphonique. «Après la déclaration du ministre, les enseignants qui se sont obstinés à la grève ont décidé de nous rejoindre, car ils se sont sentis humiliés par les menaces de la tutelle», a indiqué M.Larbi. Le ministre avait déclaré, à l’issue d’une visioconférence nationale sur la violence en milieu scolaire, organisée au siège du ministère que «certains partenaires sociaux n’ont laissé au ministère d’autre choix que de faire appliquer la loi». Suite à ces menaces, les syndicats de l’éducation sont déterminés plus que jamais à se battre jusqu’à obtenir gain de cause. Un moyen qui n’a jamais été une solution pour résoudre une situation critique.
Le ministre n’a pas cessé de déclarer, depuis le début de cette grève, que les portes du dialogue sont ouvertes. Qu’en pense le coordinateur national du Cnapest? «Ce n’est pas aux médias qu’il doit s’adresser, mais à nous, nous sommes les concernés», juge Nouar Larbi. Il a également affirmé que la grève se poursuivra jusqu’à ce que les hauts responsables de l’Etat interviennent pour mettre un terme à la situation chaotique du secteur.
Un communiqué du syndicat publié sur son site Internet indique que «les menaces de sanctions et de recours à la loi n’est qu’un abus de pouvoir de la part de la tutelle». Dans ce contexte, le Cnapest a lancé un appel aux enseignants à ne pas céder à la pression. Sachant, poursuit-il, que ce mouvement est dans l’intérêt de tout le monde. C’est pourquoi, il est inconcevable, de leur point de vue, de faire marche arrière sous aucun prétexte. A ce titre, le bureau national du syndicat a lancé hier un appel aux bureaux des wilayas pour tenir des conseils à partir de demain afin de déterminer les actions à mener. Pour sa part, le Snapest indique que «ce ne sont pas les intimidations du ministre qui vont réussir à casser la grève». «Notre grève se poursuivra jusqu’à ce que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, intervienne pour régler la situation», a annoncé à L’Expression, le coordinateur national du Snapest, Meziane Meriane. Un communiqué de cette organisation syndicale a affirmé que «les menaces du ministre à l’encontre des enseignants n’ont fait qu’empirer la situation». «Beaucoup de nos confères ont rejoint la grève suite aux menaces adressées à l’égard des enseignants par le ministre et son entêtement à régler la situation», a ajouté la même source. Le taux de suivi de la grève avancé par ledit document pour cette troisième semaine de grève est de 67,72%. Il a également indiqué que le mouvement a pris une autre tournure. C’est devenu une atteinte à la dignité. Le Snapest a tenu à dénoncer, dans le même communiqué, les appels reçus par certains enseignants à reprendre les cours. «La tutelle nous a traités de tous les noms. On ne peut admettre une telle réaction de la part d’un haut responsable de l’Etat», lit-on dans le communiqué. Le même syndicat a dénoncé les déclarations contradictoires de la tutelle. «D’une part, il appelle à la prudence, la sagesse et le dialogue, et d’autre part, il menace, provoque et ferme les portes de la concertation», ajoute le même document. Concernant le taux de suivi, ce dernier demeure un mystère. Les chiffres communiqués par les syndicats sont considérables, tandis que la direction de l’éducation reste injoignable. La situation dans le secteur de l’éducation est vraiment préoccupante. Surtout que le pays est à deux mois de l’élection présidentielle. Cette grève, qui vient d’entamer sa troisième semaine, a suscité la colère et l’indignation des élèves et des parents. C’est le cas à Blida où les élèves et leurs parents ont qualifié les enseignants «d’opportunistes qui ne cherchent que leurs intérêts», selon l’APS.
Plusieurs parents d’élèves ont usé d’un ton sévère en direction des enseignants grévistes. «La grève est, certes, un droit, mais ces enseignants en ont trop abusé!
Au lieu de faire preuve d’une conscience professionnelle et humaine, ils campent sur leurs positions en privant nos enfants de leur droit à une scolarité normale», rouspétaient-ils. La catégorie d’élèves qui risque d’avoir des difficultés à faire face à cette situation est celle de la troisième année secondaire, concernée par l’examen du baccalauréat. La situation urge. Les responsables jouent au chat et à la souris avec les syndicats. Alors que la période des examens est pour bientôt.