La tutelle a déclaré que les revendications de l’Intersyndicale dépassent les prérogatives du ministre de la Santé
«Tous les ministres ont travaillé pour apporter des solutions d’urgence, au lieu d’une véritable refonte du secteur de la santé publique», selon les syndicalistes de la santé.
Poursuivant son mouvement de protestation, l’Intersyn-dicale des professionnels de la santé (Isps) qui rassemble quatre syndicats, à savoir le Snpsp, Snpssp, Snapsy et Snpepm, a appelé, hier, lors d’une conférence de presse, à une grève cyclique de trois jours renouvelables à partir du 6 au 8 mai prochains, en plus d’un sit-in le mercredi 8 mai à 11h devant le siège du ministère de la Santé.
Regrettant l’échec du dialogue engagé avec la tutelle depuis une dizaine d’années, les conférenciers ont déploré le manque de volonté politique pour l’amélioration et le développement de la santé publique en Algérie. «Tous les ministres qui se sont succédé à la tête du secteur de la santé, n’ont travaillé que pour les solutions d’urgence, au lieu d’aller vers une véritable réflexion qui va dans le sens du développement du secteur de la santé», a regretté le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp).
Devant le silence et l’incapacité de la tutelle qui a déclaré que les revendications de l’Intersyndicale dépassent les prérogatives du ministre de la Santé, les quatre syndicats ont décidé, à l’unanimité, de recourir à la protestation publique pour la énième fois afin de défendre sa plate-forme de revendications communes, à commencer par le statut particulier, le régime indemnitaire et la discrimination en matière d’imposition entre les professionnels de la santé. Par ailleurs, l’Intersyndicale a dénoncé le recours de la tutelle à la justice, afin de décréter illégal le mouvement de protestation de l’intersyndicale. Pourtant, affirment-ils, la loi algérienne et les conventions internationales garantissent le droit de grève. Khaled Kedah, président du Syndicat national des psychologues (Snapsy) a souligné que «les syndicats sont prêts à répondre aux convocations de la justice», a-t-il dit, tout en ajoutant, que l’administration concernée devra faire son travail dans les règles afin de permettre aux syndicalistes de se présenter devant les juridictions dans les délais, au lieu de les porter absents à cause d’un courrier qui ne leur est pas parvenu à temps. «Je suis médecin spécialiste. Moi-même je suis malade à cause de l’environnement de la santé», a déclaré le Pr Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) qui a ajouté «qu’on ne peut pas s’attendre à grand-chose d’un médecin, si lui même manque de moyens minimaux pour répondre aux besoins des patients.» S’agissant du service minimum, l’intersyndicale à affirmé que «c’est à la tutelle de prendre ses responsabilités devant les malades et non pas les syndicats». Qualifiant de «premier acte de protestation», le recours à la grève de trois jours, l’Intersyndicale a souligné que dans le cas où la plate-forme de revendications n’est pas prise en charge de manière concrète, il faut s’attendre à d’autres mouvements de protestation plus radicaux. Tout en réitérant sa disponibilité au dialogue, l’Intersyndicale n’a pas hésité à tirer sur les partis politiques et les députés qui ne s’intéressent qu’à leurs intérêts personnels et partisans sans jamais défendre le secteur de la santé, qui y va de l’intérêt national. En attendant la solution, ce sont les malades qui souffrent et meurent dans le silence total dans les centres de soins et hôpitaux.