Suite à la déclaration, jeudi dernier, de Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Education nationale, concernant la mise en vigueur prochaine du nouveau statut de l’enseignant, les syndicats du secteur estiment que c’est une décision prise dans la précipitation et qui intervient au moment où «le ministère se trouve sous la pression des grèves et autres actions de protestation annoncées par les différents syndicats de l’Education».
Et ce, tout en considérant qu’il demeure encore de nombreux points noirs que le nouveau statut doit prendre en charge. Une réaction qui est fortement accentuée particulièrement auprès du SNTE (Syndicat national des travailleurs de l’Education) qui met en garde contre la menace de disparition des professeurs du 1er et 2e paliers, qui actuellement sont au nombre de 23 000 enseignants. «C’est un dossier épineux dont la classification de ces enseignants doit impérativement changer si l’on ne veut pas renouer avec des éternels mouvements de protestation.» En effet, par la voix de son chargé de communication Abdelhakim Aït Hamouda, le SNTE estimera que le ministre, en faisant cette annonce, a mis «la charrue avant les bœufs», en ce sens où tant que la mouture finalisée de l’avant-projet n’a pas été avalisée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, il est inopportun de faire de telles annonces, qui en réalité ne visent qu’ «à rassurer sans vraiment détenir la véritable réponse». Et d’ajouter que «le Premier ministre doit décider de l’avenir de ce problème, et trancher entre la tutelle et la Fonction publique». Car pour le syndicaliste, «la tutelle a perdu les rênes dans ses négociations avec la Fonction publique qui constitue un frein dans la promotion de carrière des enseignants en imposant la condition des diplômes. Ceci étant, il dira qu’une réunion avec Boubekeur Khaldi, secrétaire général du ministère de l’Education nationale, aura lieu après demain pour nous tenir (les syndicats) au courant de ce qui a été décidé avec les trois ministères qui siègent avec le Premier ministre».
Ainsi, même si la majorité des syndicats reconnaît que la tutelle a répondu à leur demande de révision de l’ancien statut de l’enseignant, tous affichent leur «crainte» que leurs revendications «les plus essentielles» n’aient pas d’écho dans ce nouveau statut. Il s’agit essentiellement pour le Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique), le Snapest (Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique) ainsi que pour le SNTE de l’intégration au grade de professeur formateur des PES et professeurs ingénieurs ayant respectivement 20 ans et 18 ans d’expérience, l’intégration des PEM (professeurs d’enseignement moyen), exerçant dans le secondaire, au grade de PES, l’établissement des passerelles qui permettent aux PES de postuler aux concours de directeur et d’inspecteur de l’enseignement moyen. Dans ce contexte, Nouar El Arbi, coordinateur national du Cnapest parlera de la crainte de son syndicat «que nos revendications n’aboutissent pas notamment pour ce qui concerne la création d’un nouveau grade de promotion pour l’enseignant, l’intégration des professeurs techniques à la catégorie 13, l’intégration des PEM qui exercent dans les lycées depuis plusieurs années, mais rémunérés en tant que PEM». Des revendications, qui soulignera-t-il, «ont été basées sur les lois de la République». C’est pourquoi, il déplorera que «le nouveau statut n’ait pas pris en considération l’article 8 de la loi d’orientation scolaire qui incite à donner à l’enseignant un statut social meilleur lui permettant d’exercer et de rentabiliser son métier à travers de meilleures conditions». Aussi, affichera-t-il son espoir que «le Premier ministre, lors de son arbitrage de ce nouveau statut de l’enseignant, voit en le secteur de l’Education un secteur stratégique, producteur de matière grise». Quant à Meziane Meriane, coordinateur du Snapest, en plus de partager les craintes du Cnapest, «fera savoir que les informations officielles concernant le nouveau statut seront connues après demain lors de la réunion qui se tiendra avec la tutelle». En outre, il regrettera que «la proposition de syndicat de classer les PES à la catégorie 14 n’ait pas été acceptée». D’autre part, s’agissant des PEM exerçant en qualité de PES, il suggérera qu’ «une prime compensatrice leur soit attribuée à défaut de les rémunérer en tant que PES». Une manière, soulignera le syndicaliste, «de ne pas les léser et d’éviter l’obstacle de la Fonction publique qui exige le diplôme». Enfin, concernant le CLA (Conseil des lycées d’Algérie), son porte- parole Idir Achour, expliquera que «la révision du statut de l’enseignant n’a pas pris en compte les avantages de la loi d’orientation scolaire, ignorant même toute visibilité de carrière de l’enseignant».
Par Lynda Naili Bourebrab