Les Sud-africains veulent perpétuer l’héritage de Mandela, rêvent d’une vie meilleure

Les Sud-africains veulent perpétuer l’héritage de Mandela, rêvent d’une vie meilleure
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L’héritage du leader de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela, inhumé dimanche dans son village natal de Qunu (sud-est), reste une source d’unité pour les Sud-africains, qui veulent perpétuer les valeurs défendues par le père de la Nation arc-en-ciel.

Au lendemain de son inhumation, les Sud-africains dans leur ensemble se sont engagés à marcher sur le pas de celui qui a tout au long de sa vie milité en faveur de la cause des opprimés et pour la fin des inégalités.

La disparition de « Madiba », comme aiment à l’appeler les Sud-africains, n’est plus une source de chagrin ou de tristesse, mais elle est célébrée comme un temps fort d’unité nationale et un rappel de « la grandeur d’une nation réconciliée avec elle-même ».

Les responsables politiques dans leur ensemble ont mis l’accent sur le legs de Mandela qui avait consacré son mandat de président (1994-1994) à réconcilier les Sud-africains et à panser les plaies dès la fin du régime racial de l’apartheid.

Lors de la cérémonie des funérailles, le président Jacob Zuma a demandé à ses compatriotes de faire vivre l’héritage de Mandela, affirmant que le « long chemin vers la liberté » de Madiba s’est achevé, mais que le voyage de l’Afrique du sud continue.

— L’après-Mandela en débat

Cependant, la mort de Mandela a soulevé des interrogations sur l’avenir de la nouvelle Afrique du Sud qu’il a lui même façonnée, en contribuant à faire cohabiter les différentes communautés entre elles.

Des analystes ont exprimé certaines appréhensions sur le devenir du modèle édifié par Mandela de son vivant dans un pays-mosaique ou les fractures sociales restent encore vives, même si pour un bon nombre d’entre eux la disparition de Madiba n’aurait pas d’incidence majeure sur le destin du pays.

L’ancien président Thabo Mbeki se veut rassurant quant à l’après Mandela.

Il a écarté les craintes que le départ du « Père de la nation » conduirait à un affaiblissement de la cohésion nationale.

« Certains parmi nous » insistent sur le fait que « quelque chose de mal va arriver » simplement parce que Madiba est mort. « Rien de terrible ne va se produire », a-t-il assuré lors d’un discours à Johannesburg.

« La seule chose que nous devons réaliser c’est le parachèvement de la réconciliation nationale » entamée par Mandela, a-t-il toutefois concédé.

Les médias se sont aussi saisis de l’occasion pour s’interroger sur les capacités des autorités du pays sous la présidence de Jacob Zuma à répondre aux attentes de la population en quête d’une vie meilleure.

— Le gouvernement face à d’immenses attentes

Sur le plan social et économique, les séquelles de l’apartheid n’ont pas encore guéri. Le pays traîne un taux de chômage très élevé (environ 25% fin 2012) et les inégalités sociales demeurent fortes : près du quart de la population vit aujourd’hui avec moins de 1,25 dollar par jour. Et les attentes se font pressantes.

Les principales préoccupations qui hantent la population sont le travail, l’éducation, la santé et le logement. « Oui nous sommes libres, nous sommes fiers d’appartenir à une grande nation, mais maintenant nous voulons vivre de façon décente », affirme Sipo, gardien de parking à Pretoria.

L’économie du pays, la première en Afrique, qui a propulsé, en quelques années, l’Afrique du sud au rang des puissances émergentes, pâtit aujourd’hui des effets des tensions sociales récurrentes (protestations, grèves), et de la crise financière mondiale de 2008.

Le bilan du président Zuma, élu en 2009, est jugé mitigé par les médias, et l’opposition, très critique à son égard, estime que l’actuel chef de l’Etat a failli dans sa mission notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption et les inégalités sociales, ses principaux engagements lors de sa campagne électorale.

Face aux critiques sur sa manière de gérer le pays, M. Zuma s’est engagé à poursuivre l’ouvre de Mandela et à travailler pour répondre aux besoins de la population.

« Les enfants sud-africains doivent grandir dans un pays débarrassé du crime, de la pauvreté, de l’ignorance et de la maladie », a-t-il affirmé. L’Afrique du Sud doit organiser des élections générales en avril 2014, un mois qui coïncide avec le 20ème anniversaire de l’avènement de la démocratie. L’opposition veut saisir cette occasion pour détrôner le parti au pouvoir l’ANC (Congrès national africain).

Mais le pari reste difficile tant ce mouvement jouit toujours d’une grande popularité dans les provinces les plus peuplées du pays. Jacob Zuma, en tant que président de l’ANC, pourra se représenter pour un deuxième mandat.