Mehdaoui : «Choquant, il ne faut pas s’attendre à grand-chose» > Hadj Adlane : «On a le sentiment que les choses n’avancent pas pour cette EN» > Korichi : «Ce n’est pas du tout rassurant pour notre EN»
Algérie-Gabon était sévèrement critiqué par nos spécialistes. Aucun des techniciens que nous avons sollicités ne nous a fait une analyse positive de cette rencontre. Cela prouve que la situation est vraiment inquiétante comme cela a été relevé dans leurs déclarations.
On a beau justifiéla modeste prestation des Verts, mercredi dernier, par l’absence de certains cadres, ou alors trouver des explications à la défaite par le manque de compétition et le début de saison pour les joueurs, mais certaines données bien apparentes sur le terrain ne pouvaient pas cacher une certaine réalité. C’est ce que certains spécialises nous dévoilent dans leurs analyses respectives.
Faouzi Mansouri : «Saâdane fait du Domenech»
«J’ai l’impression que l’équipe d’Algérie se cherche éternellement. Depuis la Coupe du monde, on ne marque pas de buts, on n’a toujours pas une équipe type et on n’arrête pas de changer la façon de jouer.
Ce n’est pas normal qu’on n’ait pas un effectif stable après une Coupe d’Afrique et une Coupe du monde ? On n’arrête pas de revoir l’effectif à chaque fois. On trouve des excuses à chaque échec. Face au Gabon, certes, il y avait des absences, mais il faut faire avec, même lors des matches officiels, il pourrait y avoir des absences. Cela pour moi n’est pas une excuse valable.
Dire aussi que c’est le début de saison et que les joueurs sont en pleine phase de préparation n’est pas également une excuse valable. Dans 2 semaines à peine, il y aura le match de la Tanzanie, les joueurs seraient toujours en phase de préparation. Personnellement, je ne connais pas la façon de jouer de notre équipe nationale.
Des fois, on parle d’un 3-5-2, d’autres fois d’un 4-4-2, toute cette déstabilisation fait que notre équipe se cherche à chaque match, alors qu’une équipe qui vient juste de sortir d’une Coupe du monde et juste avant d’une Coupe d’Afrique, ça devient injustifiable de se retrouver à chaque sortie au même point de départ.»
«Saâdane est-il capable de motiver son groupe ou est-ce lui qui a besoin d’être motivé ?»
«A mon avis, Saâdane fait du Domenech, de ne pas s’ouvrir, ce n’est pas normal, il s’en prend à la presse, il ne veut personne dans son staff, ce n’est pas normal qu’au bout de plus de 2 ans à la tête de la sélection, Saâdane travaille toujours son collectif, plus encore avec les mêmes éléments pratiquement.
Si la fédération le reconduit et lui renouvelle son contrat, c’est pour garder la stabilité, mais cela n’empêche pas d’avoir un adjoint. Au pire des cas, s’il ne veut pas d’un étranger, Menad, à mon avis, est assez compétent pour rejoindre le staff technique national.
C’est le moment de renforcer le staff national car la CAN 2012 est pour bientôt. Même le public commence à comprendre que ça n’avance pas pour son équipe nationale, on a essayé de positiver le bilan de la Coupe du monde, alors qu’on est sorti avec 2 défaites et un match nul, avec zéro but au compteur.
Sincèrement pour moi, c’est loin d’être positif, on n’a même pas gagné dans le collectif ou le fond de jeu, comment essayer de justifier ? Je me pose la question : dans l’état où sont les choses, est-ce que Saâdane est capable de donner une motivation à son groupe ? Est-ce que lui-même est motivé ? Faire de la qualification à la CAN 2012 un objectif, c’est médiocre pour une équipe qui a presque 3 ans d’existence et qui est demi-finaliste de la dernière CAN et mondialiste.»
Mehdaoui : «Choquant, il ne faut pas s’attendre à grand-chose»
L’équipe nationale après le Mondial a déçu plus d’un aussi bien sur le plan collectif que sur la manière en général. Les mêmes anomalies à tous les niveaux ont ainsi été répétées par le staff technique, d’où le mécontentement de la faible assistance présente au stade.
Mehdaoui, l’ex-sélectionneur national, a analysé la dernière prestation qu’il trouve inquiétante.
«La logique aurait voulu que cette rencontre soit la générale avant le premier rendez-vous des éliminatoires. En présentant un effectif remanié dans sa majorité, l’entraîneur Saâdane avait la possibilité de mettre en pratique la configuration du travail face à la Tanzanie, mais en fin de compte, on a vu un autre visage.
La sélection avait besoin de renforcer un ou deux postes, et dans le compartiment offensif notamment, parce que face au Gabon tous les postes ont été remis en cause et cela s’est malheureusement répercuté sur le plan tactique. Au lieu de voir une équipe en évolution, on a assisté à une large prospection. Choquant est le terme approprié de la prestation, le seul intérêt a été de faire jouer Medjani, Guedioura et Mesbah qui étaient mieux physiquement.
La défense, quant à elle, en l’absence de Halliche et Yahia, s’est montrée fébrile et des espaces béants ont été créés.
Le milieu de terrain cherche toujours sa stabilité. L’anxiété à la veille de la confrontation est grandissante, il ne faut pas s’attendre à grand-chose.
Korichi : «Ce n’est pas du tout rassurant pour notre EN»
«Le plus inquiétant lors de la rencontre Algérie-Gabon est que notre équipe nationale n’a pas montré un visage rassurant. En voyant l’évolution du jeu des Verts, ça n’aspire pas confiance. On ne s’attendait pas à ce que l’EN évolue de la sorte, surtout que l’adversaire n’était pas d’un gros calibre, le Gabon est une équipe qui ne s’est pas qualifiée en Coupe d’Afrique depuis 2000, et elle a refait surface lors de la CAN 2010.
L’absence des joueurs clés ne justifie pas, à mon avis, le modeste niveau de jeu qu’on a vu. Même s’il y avait la présence de ces derniers, je suis persuadé qu’on aurait assisté à la même prestation. Il n’y a pas d’animation dans le jeu, le collectif était absent, il n’y a toujours pas un vrai meneur de jeu. Ziani, qui a l’habitude d’assurer ce rôle, n’aurait pas pu changer la situation mercredi dernier.
C’est injustifiable, car en parallèle, il y avait soi-disant les meilleurs joueurs algériens de la planète. Mais on n’a pas vu grand-chose, ni sur le plan collectif ni individuel. On avait l’impression que chacun d’eux voulait gagner une place titulaire.
Cette équipe nationale est mondialiste, il ne faut pas l’oublier ! Elle est condamnée ou obligée à montrer un visage digne d’une équipe qui vient de jouer un Mondial. Mais rien de cela n’était apparent sur le terrain.
Je comprends parfaitement Saâdane qui dit que le résultat importe peu, mais il n’y avait pas un rendement rassurant. Comme je viens de le dire, on a des joueurs tout de même bons, il suffit de leur expliquer un schéma tactique et leur expliquer comment ils doivent jouer pour voir le résultat sur le terrain.
Voir une équipe mondialiste incapable de garder le ballon, nous pousse à nous poser des questions. Ce sont des joueurs professionnels, bons techniquement, assez mûres pour assimiler les schémas tactiques, pourquoi ils n’assurent toujours pas le collectif ? La question reste posée.»
Hadj Adlane : «On a le sentiment que les choses n’avancent pas pour cette EN»
«Les fans, qui ont fait le déplacement au stade pour suivre cette rencontre (Algérie-Gabon), étaient déçus par la prestation de l’équipe nationale. Les spécialistes, avec qui j’ai discutés, n’étaient pas loin de l’avis des supporters.
De mon point de vue, je n’ai pas détecté exactement l’utilité de cette rencontre ni ce que le sélectionneur national cherchait derrière ce match. Si on prend l’effectif, on voit qu’il n’y a pas de changement, si ce n’est les éléments qu’ils devaient faire leur entrée en jeu du moment que certains titulaires habitués étaient absents. Si on fait appel à Ziaya pour trouver des solutions d’efficacité, je ne comprends pas pourquoi on ne l’utilise pas d’entrée. Et on fait appel toujours au même duo qui a échoué sur plusieurs matches. Idem pour Abdoun, on constate qu’il apporte toujours un petit plus dès qu’il rentre sur le terrain.
Pourquoi on ne lui donne pas l’occasion de jouer pendant 90 minutes ?
Saâdane avait déjà essayé notamment la combinaison Mesbah-Belhadj lors de la rencontre amicale face aux Emirats arabes en Allemagne avant la Coupe du monde, et ça n’a pas marché, pourquoi alors la rééditer ?
Le rendement de notre équipe nationale est peu rassurant, ils étaient presque méconnaissables face à une modeste équipe du Gabon. On a l’impression que les choses n’avancent pas. Au moment où ce collectif est ensemble depuis plus de 4 mois, ils ont fait la préparation du Mondial ensemble, il n’est pas normal qu’on cherche toujours les automatismes.»
