Les instituts refusent de s’aventurer en politique
Alors que la présidentielle se présente avec une avancée médiatique suite à l’autorisation des télévisions privées, la question du sondage d’opinion se présente comme la grande interrogation.
Officiellement, il n’ y a pas de loi qui ouvre la voie au sondage politique mais officieusement, le sondage pour tester la popularité des candidats à la course à la présidentielle n’est pas autorisé en Algérie. Même s’il y a des tentatives timides de certains médias pour établir une étude d’opinion réalisée sur Internet. Mais dans le fond et dans la forme, aucun institut ne s’est aventuré à réaliser une étude sérieuse qui pourrait le mettre dans une position judiciaire indélicate.
Dans l’histoire de la présidentielle, le sondage n’a jamais été un élément fiable pour régler et déterminer l’issue d’une élection. En France ou ailleurs, les sondages ont souvent servi à détourner les électeurs des vrais problèmes politiques et construire une assurance face à un autre candidat en difficulté. L’exemple de l’élection présidentielle française de 2002, et la victoire de Le Pen contre Jospin est un foudroyant désaveu pour les prestigieux instituts de sondage français.
En Algérie, les différents instituts ne se sont jamais prononcé pour étudier la popularité d’un candidat. Les différents instituts de sondage comme Media Survey, Média Marketing ou Media Algeria, ont réalisé des sondages d’opinion sur des demandes purement commerciales ou audiovisuelles.
En revanche, un seul sondage politique a été réalisé en 2003 par l’institut franco-algérien Immar en prévision de l’élection présidentielle de 2004. Une enquête qui donnait un indice des tendances politiques presque une année avant la présidentielle.
L’enquête a été réalisée du 24 février au 2 mars 2003 selon la méthode des quotas (sexe, âge, niveau d’instruction, profession, localisation géographique) auprès d’un échantillon national de 1 392 individus représentatif de la population algérienne âgée de 18 ans et plus. A l’époque, on n’avait pas pris en compte, dans ce sondage, Bouteflika qui n’avait pas encore présenté officiellement sa candidature. Dans l’une des questions sur la cote de sympathie des hommes politiques et leur capacité à apporter des solutions pour les Algériens, l’étude donnait en première position Ali Benflis avec un pourcentage de 51%, suivi de Louisa Hanoune avec 49%, en troisième position Taleb Ibrahimi avec 44% et Abdallah Djaballah avec 38% en quatrième position. Cette étude très intéressante, donnait également un aperçu sur la position des partis politiques et leur capacité à apporter des solutions aux problèmes des Algériens. A cette question, c’est le FLN qui domine largement la classe politique avec 51% de popularité, suivi du PT avec 33% puis d’El Islah 28%. Mais malgré la bonne présentation de ce sondage politique, la réalité sur le terrain est tout autre. Puisque l’élection présidentielle de 2004 a donné seulement 6,42% au candidat Benflis, largement battu par Bouteflika, alors que Louisa Hanoune est arrivée quatrième dans les chiffres officiels avec seulement 1% de taux de vote.
Pour les spécialistes avertis, le sondage politique ne fait pas partie des moeurs algériennes, de plus, un institut de sondage qui ne vit que de quelques marchés publicitaires, ne veut pas s’aventurer à réaliser des sondages politiques qui lui feront perdre des marchés sur le terrain. Pour un spécialiste, l’élection présidentielle c’est quelques jours, alors qu’un institut travaille toute l’année.
De plus, aucun candidat n’est assez riche pour investir plusieurs millions de dinars pour faire un sondage qui pourrait ne pas lui profiter. Seules les institutions publiques pourraient commander des sondages d’opinion pour avoir un indice sur la situation politique du pays.
Sans se référer à des sondages français réalisés par Ipsos et Sofrès et qui possèdent une large expérience de plus de 25 ans, dans le Maghreb on a commencé à tester le sondage politique, en Tunisie avec l’institut Sigma Conseil et autres. En prévision de la présidentielle tunisienne, un sondage avait était établi par l’agence 3C Etudes, groupe-leader tunisien dans les études marketing, médias et opinion et qui donnait l’ex-Premier ministre, Béji Caïd Essebsi en tête des lauréats avec 9,9% des suffrages suivi de l’actuel président tunisien Moncef Marzouki avec 7,1% alors que la 3e position serait occupée par le leader du Parti des travailleurs tunisiens, Hamma Hammami, avec 3,8%. En Algérie, le sondage politique ne sera pas prévu pour la présidentielle 2014. Une loi sur la publicité et les sondages avait été annoncée le 2 décembre 2012 par l’ancien ministre de la Communication, Mohamed Saïd, et elle n’est prévue qu’en 2015.