Les sœurs de Kasdi Merbah réclament la vérité sur son assassinat

Les sœurs de Kasdi Merbah réclament la vérité sur son assassinat

Kasdi-Merbah-Photo-.jpgLe 21 août 1993, en fin d’après midi, Kasdi Merbah, de son vrai nom Abdallah Khalef tombait dans une embuscade à Bordj El Bahri. Son frère médecin, son fils, son garde corps et son chauffeur n’échapperont pas à cet attentat imputé à l’époque au terrorisme.

Vingt et un ans après cet attentat, la famille du défunt a organisé, comme chaque année, une cérémonie d’hommage et de recueillement au cimetière d’El Alia, en présence des membres de sa famille, de personnalités politiques et d’anciens cadres de son parti.

Les sœurs de Kasdi Merbah, convaincues que leur frère était victime d’un assassinat politique et non terroriste, reviennent à la charge pour exiger une enquête indépendante et interpellent encore le président Bouteflika pour faire la lumière sur cet assassinat.

Après la mort de Abdellah Khalef, «l’enquête (…) a été bâclée, voire carrément viciée et détournée, si bien que très vite, nous avons assisté à l’interpellation de pauvres hères de la région aussi vite accusés de ce crime abject», déplorent les trois sœurs de l’ex patron des services sous Boumediene.

«Les dirigeants qui ont eu à exercer des responsabilités durant ces deux dernières décennies, à quelque niveau que ce soit, doivent savoir que nous ne renoncerons jamais à notre droit imprescriptible et surtout à notre devoir moral impérieux de revendiquer la vérité sur ce qui s’est réellement passé » soutiennent encore les rédactrices du communiqué dont le détermination à faire la lumière sur les circonstances de l’assassinat de leur frère reste « inébranlable ».

Pour elles, pas question d’accepter «le concept éhonté et immoral énoncé par des pseudo-intellectuels proches du pouvoir, selon lequel +la raison d’Etat doit prendre le pas sur la justice due à tout un chacun+, cela traduit une dérive extrêmement dangereuse (…)».

Au-delà de la quête de vérité, la commémoration ce de 21ème anniversaire se distingue aussi par un témoignage majeur celui de Sid Ahmed Ghozali, qui était ministre des finances de Kasdi Merbah. Il parlera de lui en termes élogieux en le qualifiant « d’homme d’Etat » caractérisé par « sa rigueur morale, sa clairvoyance politique et son patriotisme intransigeant ».

« J’ai servi sous ses ordres et j’étais le seul ministre de son gouvernement à être reçu chaque matin pour suivre l’évolution de la situation financière du pays. Nous avions accepté cette noble mission pour sauver l’Algérie qui était en flammes. Les caisses étaient vides et nous comptions les sous au dinar près mais avec sa vision, nous avons pu redresser la barre », témoignera l’homme au papillon qui reviendra aussi sur le limogeage de Kasdi Merbah par Chadli Bendjedid.

Pour lui, ce limogeage était « anti constitutionnel », car le chef du Gouvernement, selon la constitution de 89 était responsable devant le parlement et non devant le chef de l’Etat. Sous la pression de Mouloud Hamrouche et son équipe de « réformateurs » Chadli a du sacrifier Merbah, qu’il avait choisi par nécessité, comme chef de gouvernement, car il était « l’homme de la situation ».