Après l’assaut final des forces spéciales de l’armée contre les preneurs d’otages, on commençait à peine à voir clair dans un univers de guerre où la vérité n’est pas la priorité de tous. Alger, fragilisée et blessée, s’en relève difficilement, et dans un tel contexte de concurrence régionale et internationale, on ne lui tendra pas la main pour se relever.
L’heure n’est même pas aux comptes. La surenchère faite à propos de la prise d’otages de tiguentourine a beaucoup nui à l’Algérie, de même que les propos de certains pays étrangers qui ont émis, à pleine voix ou à demi-mot, des doutes sur la justesse de l’assaut des militaires.
Dès la fin du mois de janvier et avant même la venue du Premier ministre britannique, David Cameron, on avait commencé à proposer des sociétés privées pour assurer la sécurité des sites gaziers et pétroliers où travaille une forte communauté anglo-saxonne. Bien entendu, c’est largement faisable, sauf que cela doit être fait à l’intérieur des sites et non à l’extérieur. Aussi, la détention d’armes reste soumise à des restrictions de la part des autorités, et le souci de sécurité ne doit pas devenir pour les puissances étrangères implantées sur des sites gaziers et pétroliers en Algérie une rampe de lancement pour la détention d’un arsenal de guerre sur les sites mêmes. La sécurité nationale, en général, relève des prérogatives de l’ANP et celle-ci ne tolèrera aucune dérive sur ce plan.
A partir de début février, l’ensemble des responsables de sites économiques, dont principalement les sites gaziers et pétroliers, ont été destinataire d’instructions leur enjoignant de faire preuve de «plus de vigilance et de fermeté» dans la protection et la défense de leurs sites, ce qui renseigne sur le degré du sérieux avec lequel Alger prend la menace terroriste.
Cette nouvelle guerre aux portes-Sud du pays est une guerre aux contours indéfinis et aux objectifs flous. L’Algérie se pose déjà comme un objet tout désigné pour des escroqueries à grande échelle. Une escroquerie de ce genre, en pleine guerre, sous couvert de l’ONU ou de l’Otan, passe souvent mieux et Alger pourrait être poussée à débourser de l’argent. Cette dernière devrait s’attendre à des surprises. C’est dans l’esprit de la guerre…
Annane Imad-Eddine