À peine le GNL 16 terminé que les affaires de corruption refont surface. L’actuel directeur du port d’Alger et son prédécesseur sont impliqués dans de grosses affaires de corruption.
Le président de l’APC d’El-Bouni est pris en flagrant délit de corruption, dans son bureau, sans compter le directeur du port d’Oran, interpellé lui, à la veille de l’ouverture du GNL 16. L’éclatement du mégascandale de Sonatrach avait franchi la limite de ce qui était “faisable” en matière de lutte contre la corruption.
Désormais, tous les corrompus et tous les corrupteurs sont dans le collimateur. Il est vrai qu’une guerre contre la corruption semble, pour l’instant, difficile à gérer, non pas en raison de l’absence d’un arsenal juridique, mais en raison de l’enracinement de ce phénomène qui gangrène tous les secteurs.
L’opinion publique n’est pas dupe et ne saurait mordre aux simples interpellations de lampistes. Loin de constituer une simple campagne passagère, la lutte contre la corruption s’impose à l’État, au risque de voir ce dernier complètement dominé et dirigé par les intérêts mafieux.
L’État a ouvert la boîte de Pandore, sans savoir ce qui l’attend. Il ne peut plus faire machine arrière, mais ne sait pas, non plus, jusqu’où mènerait cette opération. Dans les affaires précédentes, comme celle de l’autoroute Est-Ouest, celle de la pêche, ou encore celle du métro et des gros contrats des chemins de fer, et bien d’autres affaires encore, des exécutants ont été placés en détention, mais les commanditaires n’ont pas encore été inquiétés.
Dans le mégascandale de Sonatrach, des cadres ont été interpellés, d’autres sont sous contrôle judiciaire, mais l’on ignore jusqu’à présent l’étendue du scandale, tout comme les véritables commanditaires. L’on sait seulement que quelques “intouchables” ont pu quitter le territoire national et qu’ils ont blanchi leurs fortunes en Europe, dans l’immobilier particulièrement.
L’argent est irrésistible et force est de reconnaître que depuis 1999, l’État n’a pas lésiné sur les moyens. Des dizaines de milliards de dollars ont été investis dans des projets de développement tous azimuts. Le chef de l’État distribuait de l’argent partout où il passait dans les wilayas, tous les départements ministériels ont bénéficié de budgets faramineux. Jamais l’Algérie n’a bénéficié de programmes de développement d’une telle importance.
Fallait-il débourser autant d’argent sans mettre, au préalable, des garde-fous ? Les différents plans de soutien à la relance économique étaient-ils bien réfléchis ? N’y avait-il pas de la précipitation, de l’amateurisme, du populisme dans leur lancement ? L’on peut disserter sur le sujet, mais force est de reconnaître que la corruption était présente bien avant 1999 et qu’elle n’a fait que progresser avec le temps et s’adapter avec toutes les réformes introduites depuis.
Le remaniement gouvernemental, tant attendu, et maintes fois annoncé, devrait apporter des éléments de réponse concernant les intentions de l’État en matière de lutte anticorruption. L’on murmure déjà que les ministres dont les secteurs sont éclaboussés par des scandales, devraient être remerciés. Reste à savoir s’ils seraient, par la suite, entendus, pour leurs responsabilités dans les scandales.
Pour l’heure, plus d’un millier d’élus locaux ont été poursuivis en justice pour corruption, des cadres dirigeants d’entreprises publiques sont sous les verrous, des cadres supérieurs de ministères le sont également, mais rien ne semble freiner le phénomène de corruption, tant que l’argent continue à couler à flots, et tant que de gros bonnets restent, pour l’instant, à l’abri de toute inquiétude.
Azzeddine Bensouiah