Les rumeurs le disent gravement malade : Les étranges absences du président Bouteflika

Les rumeurs le disent gravement malade : Les étranges absences du président Bouteflika

Sa dernière apparition publique remonte au mardi 13 septembre 2011. Ce jour-là, il recevait au siège de la présidence trois ambassadeurs (Allemagne, Finlande et Canada). Depuis, le président Bouteflika a disparu des radars. Le chef de l’Etat ne s’est pas rendu à New York pour l’assemblée annuelle des Nations Unis. Il n’a pas non plus assisté à l’inauguration du Salon international du livre d’Alger. Bouteflika serait-il malade ? Son agenda a-t-il été allégé ? A-t-il volontairement décidé de s’éclipser de la scène ? Son absence prolongée nourrit les plus folles rumeurs.

Le président Bouteflika aurait été hospitalisé au cours de la dernière semaine à l’hôpital du Val de Grâce, à Paris. Il aurait été admis à l’hôpital américain, toujours à Paris. Ou encore qu’il a été évacué en urgence en Suisse dans la journée du mardi 27 septembre.

Un convoi de voitures officielles, roulant tambour battant sur l’autoroute menant vers l’aéroport d’Alger, aurait été aperçu dans la soirée de ce mardi.

Les rumeurs enflent pour devenir le sujet de discussions dans les rédactions, les chancelleries occidentales à Alger, dans les états-majors politiques et sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter.

Tout le monde se passe l’info

Tout le monde se passe l’info, journalistes, diplomates, responsables politiques, gradés de l’armée… Les téléphones chauffent, mais aucune confirmation d’une possible hospitalisation du président algérien dans un hôpital parisien ou suisse.

Autant dire que l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika demeure l’un des secrets les mieux gardés dans les arcanes du pouvoir algérien.

S’il est impossible de vérifier ces rumeurs lancinantes et alarmantes, il est en revanche aisé de constater l’absence du chef de l’Etat algérien.

Une absence qui dure depuis 17 jours

Une absence qui dure depuis 17 jours. Pas la moindre image de sa présence en Algérie depuis mardi 13 septembre. Ni sur le site de la présidence, ni à la télé publique, encore mois sur le site de l’agence officielle APS, habituellement à jour sur les moindres activités du président.

Abdelaziz Bouteflika, 74 ans, né à Oujda (Maroc), porté à la présidence en avril 1999, a habitué son monde à s’éclipser pendant plusieurs jours avant de réapparaitre pimpant, bonne mine, l’œil et les gestes alertes.

Du temps où il était encore ministres des Affaires étrangères dans les années 1960 et 1970, il disparaissait pendant de longues semaines, voire de longs mois, avant de réapparaitre tout fringuant.

Habile, roublard, rompu aux arcanes du système politique algérien, l’homme sait gérer ton timing.

Tout de même, il y a des faits qui laissent perplexes.

Le président Bouteflika ne s’est pas rendu à New York pour assister à l’assemblée générale annuelle de l’ONU qui s’est ouverte le 21 septembre dernier. L’Algérie y était représentée par le chef de la diplomatie, Mourad Medelci.

Zappée l’inauguration du salon international du livre d’Alger

Certes encore, c’est la deuxième fois consécutive que le chef de l’Etat algérien manque ce rendez-vous international –il y était en 2009-, mais cette absence est venue s’ajouter à une autre. Cette fois-ci en Algérie.

Mercredi 21 septembre, Bouteflika ne s’est pas rendu au stade du 5 juillet pour inaugurer le salon international du livre d’Alger. Une première depuis onze ans. Depuis 2000, il se faisait un point d’honneur d’assister à cette cérémonie. Pas cette fois-ci.

Ce mercredi, son absence a intrigué autant qu’elle a mis dans l’embarras la ministre de la Culture, Khalida Toumi, grande ordonnatrice de cet événement littéraire. Bouderie de Bouteflika ? Possible dans la mesure où le chef de l’Etat ne s’est même fait représenter par un conseiller.

Mais les proches de la ministre expliquaient ouvertement que « le boss est malade ». « Il n’a pas fait le voyage à New York pour assister a la grande assemblée annuelle des Nations Unis », affirmaient ces proches à DNA pour tenter de justifier la défection du chef de l’Etat

Deux absences remarquables qui alimentent les rumeurs sur l’état de santé du président algérien.

Ce n’est guère nouveau. Depuis son hospitalisation en novembre 2005 au Val de Grâce, officiellement pour un ulcère hémorragique, la santé de Bouteflika est l’objet de toutes les supputations.

Atteint d’un cancer

On le dit atteint d’un cancer de l’estomac –un câble de la diplomatie américaine y fait explicitement référence-, on dit qu’il se rend régulièrement en Suisse, précisément à la clinique de Genolier, à Genève, pour y subir des soins. On dit encore que le président s’est fait installer un équipement ultramoderne dans la résidence d’Etat de Zéralda, sur le littoral algérois.

C’est que presque six ans après son admission en urgence au Val de Grâce, son état de santé fait l’objet d’un intérêt particulier aussi bien des médias que des hommes politiques et des diplomates accrédités à Alger.

Ce qui est nouveau en revanche, ce sont ses absences de plus en plus fréquentes, de plus en plus prolongées.

Les réunions du Conseil des ministres tenues au cours de l’année 2011 se comptent sur les dix doigts de la main. Ses sorties sur le terrain sont tout aussi rares. Certes l’âge n’arrange rien, mais le président se garde de sillonner le pays comme il le faisait naguère.

Dernier discours le 15 avril

C’est encore plus vrai pour les discours adressés à la nation. Le dernier remonte au vendredi 15 avril.

Hier président voyageur, bavard, omniprésent à la télévision, Bouteflika est devenu aujourd’hui un chef d’Etat reclus, effacé, aphone. Fantomatique.

Président effacé

Lui qui a fait de son troisième mandat – arraché au prix d’une violation de la Constitution de1995-, le mandat qui parachève son «œuvre » à la tête de l’Etat, lui donc ne parle plus à ces concitoyens, sinon à coups de messages délivrés par ses conseillers ou ses ministres.

A l’exception de la longue agonie du président Houari Boumediene, entre septembre et décembre 1978, jamais l’Algérie n’a connu à un tel effacement de la part de son président encore en exercice.