L’Algérie devra réaliser deux ou trois ports de taille mondiale en dehors des grandes villes portuaires existantes. Elle en a les moyens, a indiqué, hier à Alger, l’ancien PDG de l’entreprise portuaire de Bejaïa, Abdelkader Boumessila, en marge d’une conférence, lors du petit déjeuner–débat organisé par le Cercle d’Action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE), animé à Alger.
Il a signalé que «les ports actuels ne peuvent être mis à niveau ». Il a fait savoir que les sites existent à l’Est comme à l’Ouest du pays et il suffit de 6.000 à 7.000 hectares de foncier à cet effet.
Il a ajouté qu’entre Annaba et Skikda, un site approprié pourrait héberger un port d’envergure internationale, comme celui du Maroc Tanger Med qui a coûté 6 milliards de dollars pour sa réalisation et 10 autres pour son équipement.
Ce port est devenu une plaque tournante en Méditerranée au moment où un autre port de même envergure verra le jour prochainement dans ce même pays : le Nador West Méditerranée.
Un autre hub qui va placer le Maroc en pôle position dans la région. Un autre site, plus près d’Alger, situé dans la wilaya de Boumerdès, pourrait abriter un port de même envergure dans la localité des Issers. A l’Ouest, cet ancien gestionnaire de port a proposé Mostaganem comme troisième site pour un autre port.
Les ports algériens sont des niches pour DWP
L’Algérie a les moyens de réaliser ces ports pour améliorer le trafic et réduire les coûts de fret, a-t-il estimé. Mais cela ne suffira pas, car la gestion telle qu’elle est faite actuellement, reste «caduc » puisque les ports algériens sont gérés comme à l’époque du socialisme, selon lui.
L’Algérie devra mettre en place le système IDE (échanges de données informatisées) qui permet au port de gagner du temps et d’éviter la saturation des quais qui a pour conséquence l’attente des navires au large des côtes qui est estimée entre 30 et 1.000 dollars par jour, selon le pays.
Par ailleurs, il recommande l’ouverture de cette gestion au privé national car l’expérience de l’ouverture de celle-ci aux étrangers est plus rentable pour ces derniers que pour le pays.
Les ports algériens concédés à l’Emirati Dubaï World Ports (DWP) sont des niches, a-t-il indiqué lors du débat sur la problématique de la gestion portuaire en Algérie, tout en ajoutant que cet opérateur gère des ports beaucoup plus importants ailleurs.
DWP, selon les intervenants, double ses revenus grâce aux deux ports dont il a la gestion en Algérie. Il est à rappeler que l’Algérie a donné en concession trois ports importants, Alger et Oran, à DWPet et une joint venture à capitaux mixtes pour le port de Bejaïa, Bejaïa Mediterranean Terminal (BMT).
Pour ce consultant, le port de Djendjen (Jijel) devrai aussi être concédé à un opérateur privé algérien pour mieux le gérer et en faire enfin une zone franche et un pôle sidérurgique puisqu’il est situé à proximité de la zone de Bellara, réputée pour cette activité.
Il a été révélé que l’Algérie accuse un retard dans sa gestion portuaire qui fait le bonheur des pays voisins, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et bientôt la Libye, selon les experts dans le domaine, puisque les coûts de fret sont excessifs, soit 100 dollars la tonne, et le trafic insuffisant et le flux des marchandises important. L’Algérie enregistre des pertes estimées à 1 milliard de dollars par an, a confié M. Boumessila.
A titre indicatif, le coût du conteneur entre l’Asie et l’Algérie est de 3.000 dollars, alors qu’il est de 500 dollars entre l’Asie et l’Europe. D’Europe vers l’Algérie il est de 1.500 dollars et d’Argentine/ Brésil vers l’Algérie de 30 à 70 dollars la tonne de vrac. De plus, le trafic reste insuffisant par rapport au nombre de navires traversant la mer Méditerranée.
Pour un trafic journalier de 3. 000 navires, seuls 10.502 navires accostent dans l’année en Algérie. Enfin, une déperdition de 5% en 2009 de céréales importées est enregistrée sur un port, sur 7 millions de tonnes, a-t-il conclu.
Kezoul L