Il y a moins d’une quinzaine de jours, les retraités ont menacé de sortir dans la rue «pour faire entendre leurs voix», à défaut d’un autre moyen de pression qu’ils ne possèdent plus : la grève.
C’est ce qu’on a appris hier du rapport d’activité du secrétariat fédéral de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR-UGTA), dont les travaux de la première session ont eu lieu hier au siège de la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda.
Malgré une revalorisation annuelle qualifiée de «conséquente » qui est de l’ordre de 10%, annoncé le 1er-Mai par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, les retraités sont toujours en colère. Certes, le secrétaire général de l’UGTA a promis de prendre en charge les revendications des retraités, notamment la question relative au «règlement définitif du cas des pensionnés d’avant-1984», mais pour les retraités, «cela demeure insuffisant, eu égard à l’érosion du pouvoir d’achat, due à la flambée incontrôlable des prix de tous les produits de consommation». Le rapport d’activité lu à l’occasion est révélateur de la grande colère des retraités.
«Aujourd’hui, ces citoyens (retraités, ndlr), au crépuscule de leur vie continuent d’être confrontés à un mur de silence de la part de nos partenaires sociaux. (…) Comment peut-on parler de pouvoir d’achat, quand 360 000 pensionnés perçoivent une retraite de moins de 10 000 DA, un chiffre représentant le seuil de pauvreté selon le Cnes, soit 25% des retraités quand on sait que les enfants n’ont pas tous pu trouver un emploi et qu’ils vivent aux crochets de leurs parents. (…) Au total, près de 945 000 sur 1 594 950 pensions, soit 60% de l’effectif de pensions de droit direct et indirect, sont inférieures au SNMG. Le montant mensuel moyen de la pension de retraite étant à peine 16 500.00 DA», lit-on dans ledit document.
Face à cette situation qualifiée de «grave», les membres de la commission exécutive fédérale (CEF) de la FNTR tirent la sonnette d’alarme et interpellent les pouvoirs publics : «La colère de nos retraités est encore plus légitime quand de hauts responsables de la Sécurité sociale déclarent sur les ondes d’une chaîne de radio nationale que les retraités ont eu leur part en bénéficiant de 60% de revalorisation, et ce depuis l’an 2000.
Ce responsable sait-il que ce taux est l’addition de revalorisation de 12 années, ce qui représente une augmentation annuelle de 5% par an, c’est-à-dire un gain mensuel variant entre 60 et 150 DA, pour plus de 70 % de pensionnées. Sait-il que ces retraités sont sortis à l’époque avec des salaires de base supérieure à 4 ou 5 fois le SNMG, qui était alors de 4 000 DA ? Il n’y a pas si longtemps, le prix d’achat d’un kilogramme de viande représentait deux heures de travail. Aujourd’hui, il faut le salaire de deux journées pour ce même kilo de viande.
Le coût de la vie a été multiplié par cinq, tandis que la valeur du dinar a été dévaluée par 10», ajoute-ton. C’est dans cette optique que les membres de la CEF revendiquent «le relèvement des pensions et des allocations de retraite par l’attribution d’une pension de retraite minimum équivalent au montant du SNMG pour tout retraité percevant moins de 10 000 DA mensuellement et ayant travaillé 15 années au moins, l’actualisation de toutes les pensions supérieures à 15 000 DA, attribuées entre 1984 et 2005 par l’octroi d‘une augmentation de 30%, l’attribution d’une allocation minimum de retraite équivalent à un montant de 5 000 DA, la validation pour toutes les catégories de retraité au cours de laquelle ont été remplies les obligations du service national, l’octroi d’un même montant de la majoration pour conjoint à charge pour tous les retraités».
En somme, la réunion d’hier mercredi se veut comme un cri de détresse voire un appel du pied aux hautes autorités du pays pour éviter «l’irréparable». Dans le cas contraire, les retraités, «toujours en colère», n’écartent aucune «éventualité pour faire entendre leurs voix».
A. B.