Alors que les services de l’inspection du travail (IGT) ont établi, plus de 54 000 procès-verbaux (PV) d’infraction et 19 350 observations effectuées sur le terrain, tout au long des dix premiers mois de l’année 2018, portant notamment sur le non-respect des dispositions contenues dans les contrats de travail, la non-permanisation des travailleurs à l’issue des délais réglementaires, la non déclaration des salariés et le non-paiement des cotisations patronales, le ministre du Travail, Mourad Zemali, somme les employeurs, principalement du secteur privé, à se conformer à la loi et la réglementation en vigueur.
Lors de son intervention, devant les cadres de l’inspection du travail, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, a invité les employeurs en question « à déclarer leurs employés à la Caisse nationale des assurés sociaux (CNAS) » et à d’autres employeurs «à respecter le paiement de leurs cotisations ». Autre catégorie qui n’a pas échappé aux critiques du premier responsable du secteur du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, les commerçants et ceux exerçant des professions libérales, qui ont été appelés, par Mourad Zemali, à «payer leurs cotisations auprès de la Casnos».
Concernant les 92 grèves, selon le ministre, enregistrées durant les dix premiers mois de l’année qui s’achève, ces débrayages ont été menés pour des raisons d’ordre professionnel et social, dont, est-il indiqué, le non-versement des salaires aux échéances prévues, le non-renouvellement des contrats de travail, la révision du régime des rémunérations et la non-perminisation des travailleurs outre l’amélioration des conditions de travail. Sur ces mouvements de grèves, Mourad Zemali a fait savoir qu’ils ont engendré plus de 890 000 journées perdues par les travailleurs grévistes, sans manquer d’ajouter que la plupart de ces grèves «n’ont pas respecté les dispositions prévues par la loi.» a-t-il déclaré. Alors que le respect des lois en vigueur, régissant les relations de travail, entre employeurs et employé est à même de garantir un cadre de travail sans conflits ni perturbations et que le dialogue entre les représentants des travailleurs et l’employeur est à même d’ouvrir les perspectives de traitement et de règlement des problèmes, pouvant surgir, sans attendre que la situation perdure jusqu’à pourrissement.
Le non-respect de la législation continue à avoir son impact sur les caisses de la CNAS comme celles de la CASNOS, au vu de la situation critique dans laquelle est la Caisse nationale des Retraites. Alors que le chômage avoisine, selon les douze chiffres officiels, et l’offre d’emploi ainsi que les recrutements, sont en deçà des attentes, non sans conséquences sur la santé de la CNAS et de la CNR, des employeurs, principalement dans le secteur privé, persistent à ne pas déclarer leurs travailleurs : un manque à gagner pour la Cnas autant que pour la CNR. Rien que la semaine passée, le directeur général de la CNR, Slimane Melouka a rappelé le déficit financier de cette caisse, qui s’élève à 560 milliards de dinars cette année, sans manquer d’avertir qu’il dépassera, ce seuil, l’année prochaine, pour atteindre les 600 milliards de DA. Une situation de déséquilibre pas moindre, entre le nombre des retraités et celui des cotisants, avec « deux cotisants pour un retraité » alors que pour avoir une bonne santé financière du système de la sécurité sociale et de la retraite, il faut « cinq cotisants pour un retraité», a martelé, Slimane Melouka, dans ses déclarations, aux médias, la semaine passée.
Il est à rappeler que pour pallier aux conséquences financières du déséquilibre précité, une enveloppe budgétaire de 1 763 milliards de DA sera allouée aux transferts sociaux durant l’exercice 2019, contre 1 760 Milliards de DA, en 2018. Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux qui couvriront notamment plus de 445 mds DA destinés au soutien aux familles, près de 290 mds DA seront attribués aux retraites, auxquels s’ajoutera une dotation d’appui qui s’élève à 500 mds DA, à la Caisse nationale des Retraites (CNR). Les autorités financières ont opté pour le Fonds national d’investissement (FNI) pour financer aussi le déficit en question, via la mesure inscrite à la LF 2019 adoptée, autorisant le FNI à octroyer des crédits au profit de la CNR, à des taux d’intérêt pris en charge par le Trésor public à long terme (jusqu’à 40 ans).
Karima Bennour