Le camp réformiste du président iranien Hassan Rohani a remporté la totalité des 30 sièges de députés en jeu à Téhéran selon les premiers résultats officiels, une victoire sans appel qui pourrait conforter le pouvoir en place et faciliter la fin de l’isolement du pays.
Si les progrès des modérés et des réformistes lors du double scrutin de vendredi s’annoncent plus nets dans la capitale que dans le reste du pays, l’ampleur de leur victoire suggère que le nouveau Parlement pourrait être plus favorable à la politique pragmatique de Rohani.
L’un des principaux alliés de ce dernier, Akbar Hashemi Rafsandjani, réformiste de longue date dont l’influence politique reste grande, a déclaré sur Twitter que la volonté populaire ne pouvait pas être contestée. « Personne n’est en mesure de résister à la volonté de la majorité du peuple et tous ceux dont le peuple ne veut pas doivent se mettre en retrait », a-t-il dit.
Dès samedi soir, Rohani avait estimé que le peuple avait « donné plus de crédibilité et de force à son gouvernement élu ». Le camp conservateur est pour l’instant resté silencieux. Un affaiblissement du camp conservateur anti-occidental qui domine actuellement le Parlement pourrait aider Rohani à poursuivre l’ouverture de l’Iran au commerce et aux investissements internationaux après l’accord international conclu en juillet dernier sur le nucléaire.
A Téhéran, les premiers résultats publiés dimanche attribuent les 30 sièges de députés dévolus à la capitale, sur un total de 290, à la liste soutenue par les réformistes proche du camp Rohani. Le principal candidat conservateur, Gholamali Haddad Adel, pourrait ainsi perdre son siège. « C’est une victoire sans appel pour Téhéran mais dans d’autres villes, ce n’est pas encore clair », a commenté Foad Izadi, professeur assistant à la Faculté d’études mondiale de l’université de Téhéran. « Cela dépasse les attentes », a-t-il ajouté, expliquant les bons résultats du camp Rohani par le succès des négociations internationales sur le nucléaire et la levée de la plupart des sanctions qui étouffaient l’économie iranienne depuis des années.
Le quotidien réformiste Etemad, dont le directeur de la rédaction, Elias Hazrati, a lui-même remporté un siège de député à Téhéran, a titré sur le « Ménage au Parlement ». « Le prochain parlement sera différent de tous les autres Parlements de l’histoire de l’Iran car aucune faction politique n’aura un pouvoir de décision absolu », écrit-il en première page. Les conservateurs, attachés aux principes fondamentaux de la Révolution islamique, détiennent 65% du Parlement sortant, réformistes et indépendants, qui soutiennent généralement Rohani, se partageant le reste.
Outre les députés, les dizaines de millions d’Iraniens qui se sont rendus aux urnes vendredi devaient élire les 88 membres de l’Assemblée des experts, l’instance religieuse chargée de désigner le Guide suprême, elle aussi contrôlée depuis des années par les durs du régime, chez lesquels la détente avec l’Occident suscite la défiance, voire l’hostilité. Après le dépouillement de la majorité des bulletins, Rohani et Rafsandjani sont en tête du scrutin pour l’Assemblée des experts et semblent assurés d’y siéger, selon les résultats provisoires rendus publics samedi.
Si les élections à cette assemblée étaient jusqu’à présent peu suivis, ce n’est pas le cas cette fois-ci. Les experts choisis vendredi, élus pour huit ans, pourraient en effet devoir choisir le successeur du guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, aujourd’hui âgé de 76 ans. Le successeur de ce dernier pourrait d’ailleurs être l’un de ceux élus vendredi. Rafsandjani, un ancien président, est un candidat potentiel au poste le plus influent du régime. Figure historique de la révolution de 1979, il a bâti au fil des ans d’importants réseaux d’influence et il est réputé pour son pragmatisme et son sens politique.