Contrairement à 2011, l’Algérie n’a toujours pas affiché de manière officielle le taux de chômage de l’exercice 2012. Hormis une déclaration estimative du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en octobre 2012, devant les députés, suivie de celle de son ministre du Travail, Tayeb Louh, qui reprenaient les chiffres du FMI, aucun taux n’a été publié.
Les deux responsables avaient évalué le taux de chômage à 9%. Un taux qui, selon eux, ne connaîtrait pas une hausse en 2013. L’on croit savoir que l’ONS a d’ores et déjà achevé son enquête qu’il a menée depuis septembre 2012. Il a transmis les résultats au ministère des Finances pour information, comme l’exige la procédure. Le taux officiel devait être annoncé au plus tard au mois de mars dernier.
Cependant, le département de Karim Djoudi n’aurait pas encore donné son feu vert. Il n’aurait pas jugé utile dans les circonstances actuelles de rendre publiques les conclusions du rapport de l’ONS.
Ce qui a soulevé moult interrogations des observateurs. Selon des indiscrétions, les résultats semblent ne pas corroborer la version officielle sur l’emploi.
Alors une question : le taux de chômage aurait-il enregistré une hausse ? Est-il passé de 10% à 11% ou plus ? Une chose est toutefois certaine, publier de tels résultats contredira par conséquent les chiffres avancés par les responsables du gouvernement. L’autre raison qui plaiderait pour un tel sursis est purement politique. Le retour aux commandes du président de la République, après une absence de plus de 80 jours pour maladie, ne devrait pas être accueilli par une remise en cause de la politique économique mise en vigueur. Un taux de chômage élevé confirmerait en effet l’échec cuisant de toute la stratégie socioéconomique mise en œuvre par le premier magistrat du pays.
Emplois… temporaires !
Si le taux de chômage avait connu une baisse, c’est grâce aux postes d’emplois créés dans le cadre des projets structurants prévus par les différents plans de relance. Les secteurs du BTPH, l’agriculture… ont certes absorbé un tant soit peu le chômage.
Mais ce ne sont que des emplois temporaires. En termes plus clairs, une fois le chantier achevé, l’ouvrier redevient chômeur. Pis, le FMI, que les officiels prennent comme référence ou…, n’aurait-il pas utilisé les données et les indicateurs globaux que l’exécutif lui a fournis pour se prononcer sur le taux de chômage ? Si l’on tient en compte du prêt de 5 milliards de dollars que l’Algérie lui a accordé à un taux presque nul de 0,08%, cet organisme mondial aurait évité de fâcher son nouveau bailleur de fonds.
La méthode de calcul du taux de chômage en Algérie ne répond pas aux normes internationales. Ceux qui sont embauchés pour une journée ou une semaine, les employés saisonniers, les bénéficiaires des contrats de pré-emploi et filet social sont comptabilisés comme salariés, et ce, dans le but d’aboutir à un taux qui ne dépasse pas 10%. Mais sur le terrain, la situation est autre.
Pour fiabiliser les chiffres de l’emploi, plusieurs pays recourent à trois enquêtes au moins par an. Des résultats obtenus, ils choisissent une moyenne annuelle qui renseigne plus ou moins sur le taux de chômage atteint durant une année.
En Algérie, l’enquête est réalisée une fois par an durant le mois de septembre. Quand on publie ainsi des taux de 9% de 10% ou de 11%, cela ne reflète pas le taux de chômage réel du pays, mais seulement celui du mois de septembre.
Tous les économistes s’accordent à dire que le taux de chômage est lié à la capacité ou pas du gouvernement à relancer son économie. L’emploi véritable ne peut être créé que par le biais de la création d’entreprises.
B K