Les ressources financières pétrolières doivent servir la transition énergétique

Les ressources financières pétrolières doivent servir la transition énergétique

ALGER – L’Algérie doit aller vers un développement durable en utilisant rationnellement ses ressources pétrolières dans la mise en oeuvre d’une transition énergétique, a indiqué, lundi, dans un entretien à l’APS l’expert Chems Eddine Chitour.

« Nous devons aller vers le développement durable en mettant à profit d’une façon rationnelle les ressources de la rente pétrolière et gazière pour mettre en oeuvre la transition énergétique » du pays, a déclaré M. Chitour, qui dirige le laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l’Ecole nationale polytechnique (ENP, Alger).

 » L’Algérie ne doit pas lier son avenir aux convulsions erratiques d’un baril de pétrole. Il nous faut sortir intelligemment de la rente en allant vers le développement durable », a souligné cet expert dont le laboratoire organisera, mardi, la 19ème journée de l’énergie qui sera consacrée, cette fois-ci, au thème « les ressources pétrolières au service du développement durable ».

Selon lui, cette transition énergétique, qui nécessite l’adhésion de la société entière pour sa réussite, doit aussi se traduire par une « sobriété » énergétique et une utilisation pondérée des énergies fossiles.

« L’objectif étant de sortir définitivement de la rente d’une façon intelligente et, en même temps, laisser un viatique aux générations futures »,  résume cet expert.

Interrogé si l’Algérie était dans le besoin de décréter une loi sur la transition énergétique avec des objectifs chiffrés en matière de diversification des sources de l’énergie, M. Chitour considère que pour la réalisation de cette transition énergétique, une sorte de « plan Marshall » est nécessaire, englobant un modèle de consommation allant jusqu’à 2050.

==Soutien ciblé aux prix de l’énergie==

De son point de vue, ce « plan Marshall » doit également revoir la question du soutien aux prix de l’énergie, qui est, selon lui, « anormal » car profitant aussi aux « classes aisées ».

En fait, poursuit-il, « les économies d’énergie, qui vont mettre fin à une consommation débridée, ne peuvent être opérationnelles que si un juste prix est pratiqué, notant que le prix du gaz naturel est facturé en Algérie 20 fois moins cher que son prix à l’international et que celui  du gasoil est facturé 7 fois moins cher que dans les pays voisins.

« L’Algérie est l’un des rares pays où le prix de l’essence est le plus bas » dans le monde, rappelle-t-il.

En jugeant qu’il suffit de mener un travail d’explication et de sensibilisation en direction des consommateurs sur l’opportunité de réduire la subvention à l’énergie, cet expert soutient que la vérité des prix menée graduellement et bien expliquée aux citoyens finirait pas être acceptée, d’autant que les classes à faible pouvoir d’achat « paieront proportionnellement à leurs revenus ».

En somme, préconise-t-il, la transition énergétique est une vision nouvelle qui nécessite la chasse au gaspillage et un juste prix en fonction des tranches de revenus de chacun.

La transition énergétique doit aussi tenir compte de plusieurs paramètres comme la protection de l’environnement, la rationalité dans la consommation et un large recours aux énergies renouvelables, enchaîne-t-il.

A ce titre, M. Chitour explique que le modèle du « bouquet énergétique » pour 2030, qui sera présenté par les élèves-ingénieurs de polytechnique lors de la journée de l’énergie, mettra l’accent sur les énergies fossiles et renouvelables comme le solaire, l’éolien ainsi que la géothermie qui n’est pas exploitée dans le pays.

L’Algérie dispose, selon lui, de 250 sources d’énergie géothermique qui peuvent contribuer à remplacer les énergies fossiles notamment dans le chauffage urbain mais aussi dans l’agriculture et l’industrie.

Dans ce cadre, il considère que le gaz de schiste pourrait figurer dans le futur « mix énergétique » de l’Algérie pour peu que les précautions nécessaires soient prises en matière de protection de l’environnement.