Les ressortissants du Sahel considérés comme des mercenaires

Les ressortissants du Sahel considérés comme des mercenaires

Les ressortissants étrangers en Libye, qui sont entrés en Algérie, ont affirmé que leurs employeurs ont décidé de les transporter jusqu’aux frontières algériennes par peur des représailles des forces de Kadhafi.

La plupart d’entre eux travaillaient dans les villes de Ghadamès et Ghat près des frontières algériennes. Ils s’estiment heureux d’avoir pu regagner, grâce à l’aide de citoyens libyens, l’Algérie.



Il faut dire que plusieurs étrangers se trouvent toujours coincés à Tripoli. Les réfugiés en Algérie ont contacté leurs compatriotes pour leur conseiller de se déplacer jusqu’à Debdeb mais, ces derniers trouvent des difficultés pour quitter la région, nous confie Hamou, un ressortissant mauritanien. La plupart des ressortissants étrangers sont des Libyens, des Égyptiens, des Mauritaniens et des Vietnamiens, selon un bilan de la direction générale de la Protection civile de la wilaya d’Illizi.

Ce sont 2 926 ressortissants qui sont rentrés par les trois postes frontaliers de Debdeb, Taret, Tinelcom, depuis le 25 février dernier. La majorité des étrangers qui ont transité par l’Algérie sont des… Libyens. Ils viennent en tête de liste avec 882 ressortissants. Aucun Libyen n’a été hébergé dans un site d’accueil. La plupart d’entre eux sont des commerçants qui font le va-et-vient pour s’approvisionner en nourriture, surtout en lait et farine, suivis par les Égyptiens dont la plupart ont regagné leur pays. Les Mauritaniens sont nombreux aussi avec 466 ressortissants dont 94 seulement ont pu rejoindre leur pays, ainsi que 10 Maliens et

10 Nigériens qui sont toujours hébergés dans les sites de la Protection civile en attendant leur rapatriement. La plupart des ressortissants sont entrés par le poste de Debdeb. Deux Vietnamiens seulement sur les 294 ont pu retourner dans leur pays. Ces derniers sont hébergés sur un site d’accueil de la Protection civile au complexe sportif de In Amenas.

Ils nous ont accueilli avec le sourire, mais avaient des difficultés de langue. Un seul parlait un peu anglais. Pham Quang Huy, âgé de 32 ans, nous précise que ses compatriotes sont âgés entre 17 et 66 ans et travaillaient pour la plupart dans le domaine du bâtiment à Ghadamès. Ils ont décidé de fuir la région après quelques jours des troubles dans la région. “Des magasins et des édifices publics ont été saccagés et brûlés. On avait tellement peur ! Il y avait des gens armés et des tirs. On avait peur pour notre vie.” Leurs employeurs ont pris la décision de les transporter jusqu’aux frontières algériennes où ils ont été conduits, dès leur arrivée, vers le site d’accueil au niveau du complexe sportif de In Amenas, à 220 km de Debdeb. Le site est aménagé par la direction générale de la Protection civile qui a mobilisé des médecins et préparé des tentes, des lits de camp, des couvertures…

294 vietnamiens pris

en charge par

les pompiers… seulement !

Malgré le problème de langue, les Vietnamiens ont pu lier des relations amicales avec les pompiers. On a trouvé même des Vietnamiens en train de jouer une partie de dominos et de foot ! Ils nous ont affirmé avoir été bien pris en charge sauf qu’ils n’aiment pas la soupe mais le riz. Les pompiers se chargent de tout au niveau des sites d’hébergement. Le transport, le suivi, la cuisine, même la vaisselle et s’occupent de l’entretien du site et de la surveillance des malades. Ils ont réussi à créer une ambiance familiale avec les Vietnamiens en leur donnant des surnoms comme “l’ingénieur” ou “bom bom” pour ce Vietnamien qui gérait une autoécole en Libye. Ce n’est pas facile de gérer 225 Vietnamiens ! nous confie un pompier “mais on a pu créer une ambiance particulière. Ils sont disciplinés et gentils”. Les pompiers ont dû créer des codes de communication, comme, par exemple, Mmm, qui veut dire le temps de la bouffe !

Le docteur Sekkoura Alig, un des médecins de la PC, nous a expliqué que 7 personnes souffraient de la varicelle alors que cinq autres cas douteux ont été isolés dans des tentes. Les médecins ont effectué 225 consultations au niveau du site. Elle précise que des consultations préventives sont effectuées quotidiennement. Il faut souligner que la direction générale de la PC a mobilisé 225 éléments ainsi que 7 ambulances médicalisées pour une éventuelle évacuation, en plus de 260 tentes et 622 lits de camp et 5 100 couvertures pour les réfugiés.

Les ressortissants originaires des pays du Sahel ont fui la prison et la mort par crainte d’être arrêtés par les forces de sécurité de Kadhafi ou même par les combattants les accusant de mercenaires. “Plusieurs ressortissants ont été arrêtés et même égorgés parce que considérés comme des mercenaires”, nous déclarent des réfugiés.