Effondrements de murs et de toitures, éboulements rocheux et glissements de terrain, telles sont les pénibles conditions de la vie quotidienne des habitants du vieux quartier de Sidi El Houari, que les dernières intempéries ont réveillées encore une fois.
Dans ce quartier du vieil Oran, plus de 50% des habitations sont classées en zone rouge et menaçant ruine. Les dernières précipitations et les vents violents qui avaient soufflé sur la ville, avaient poussé les habitants de plusieurs immeubles à passer la nuit dans la rue, malgré les multiples dangers que cela représente.
Un citoyen dira à ce sujet: «J’ai passé une nuit blanche dans la rue avec ma famille, de peur que notre immeuble s’écroule sur nos têtes».
Le constat alarmant concerne également les immeubles ayant bénéficié d’une réhabilitation par les services de l’OPGI, à l’instar du boulevard Stalingrad. Exposés en permanence à un danger de mort certain, les habitants que nous avons rencontrés, se disent marginalisés et totalement ignorés. «Notre malheureuse situation est connue de tous, du fait qu’à chaque effondrement ou éboulement, les services de sécurité, la protection civile et les responsables du secteur urbain se déplacent sur les lieux.
A chacune de leurs interventions, ils dressent des procès-verbaux de constatation. Hormis ces services, aucun autre responsable ne vient s’enquérir de notre situation, pour prendre la décision de nous sortir de ce calvaire», en attendant le programme de relogement annoncé par les responsables locaux.
En effet, le danger est bien présent dans ce vieux quartier, a-t-on constaté. La majorité des habitations est en ruine, certaines sont dangereusement inclinées avec des toitures et des plafonds effondrés.
Les murs présentent d’importantes fissures au point où l’on peut voir à travers les fentes. Près d’une semaine après la nuit cauchemardesque vécue par les habitants de ce quartier, et au moment où les services de l’Office national de météorologie (OMS) ont annoncé que de nouvelles précipitations accompagnées de vents violents sont attendues dans quelques jours, certains résidents dans le vieux bâti ont décidé de quitter leurs logements momentanément pour prendre refuge chez des proches, en attendant le passage de l’orage. Les habitants de ce qui n’est plus d’appeler logement tant leur précarité est avancée ont soulevé deux questions essentielles.
La première est sans doute liée au relogement des résidents du vieux bâti et ceux des terrasses, dont les occupants avaient reçu pourtant des promesses fermes de la part des pouvoirs publics depuis plusieurs mois de figurer dans les listes des familles à reloger ,mais dont l’opération n’a cessé d’être reportée à chaque fois.
La deuxième interrogation quant à elle, s’est avérée plus préoccupante : les habitants du boulevard Stalingrad, dont les immeubles ont bénéficié depuis quelques mois d’une large réhabilitation et de ravalement des façades, vivent dans la crainte de l’effondrement de leurs bâtisses d’autant que celles-ci manifestent de plus en plus des dignes avérés de dégradation. Ces remontent, rappelons-le à l’ère coloniale.
«Lors de l’entame des opérations de ravalement des façades, les habitants se sont interrogés sur l’utilité des travaux, alors que l’état des immeubles à l’inférieur avait plus besoin de travaux de réhabilitation, certains habitants ont même refusé que des travaux soient effectués à leur niveau, empêchant par la suite l’installation des échafaudages.
«Tout le monde s’est accordé pour dire que les travaux entamés n’étaient que du maquillage, sans intérêt réel pour les habitants, puisque leurs immeubles subissent à chaque saison de pluies et de vents violents, plusieurs dégâts comme des effondrements partiels de murs intérieurs ou d’escaliers».
Cet état de fait qui s’est révélé pas uniquement dans le quartier de Sidi El Houari, démontre une nouvelle fois selon les habitants, les opérations dites de bâclage, spoliant ainsi des milliards de dinars sans résultat et mettant même parfois la vie des citoyens en péril.
S. Ourabah