Le vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Ali Touati, a attesté, ce week-end à Bruxelles, que le système bancaire algérien n’a pas été influencé par la crise financière internationale et que la politique dite stricte de placement des réserves de la Banque d’Algérie a été payante.
Sur ce, M. Touati a tenu à expliquer, lors d’une session spécialisée sur la « Conduite de la politique monétaire et indépendance des Banques centrales en Afrique » qui est organisée à l’occasion du Forum Crans Montana à Bruxelles, que notre pays a opté depuis très longtemps pour une politique très prudente en matière de régime de change, c’est ce qui a fait que le système bancaire algérien n’a pas été exposé à la crise financière internationale, du fait que les mouvements de capitaux sont rigoureusement contrôlés par la Banque d’Algérie.
Il a, de ce fait, ajouté « Nous restons au régime de la convertibilité courante conformément à l’article 8 du statut du FMI, et nous avons toujours refusé d’ouvrir ce qu’on appelle le compte capital, autrement dit permettre à notre épargne éventuellement de s’expatrier en cas de crise majeure.
Toutefois, le vice-gouverneur a souligné que le placement des réserves de la Banque d’Algérie à l’étranger est soumis à trois règles très strictes.
D’abord, celle de s’assurer de la sécurité des placements, car elle ne doit placer ces réserves que dans des institutions sûres, par exemple, les banques centrales ou encore les trésors publics des principales puissances économiques et financières. En outre, la liquidité.
Autrement dit, placer les réserves de la Banque dans des marchés très profonds, et ce, le cas échéant, la Banque pourra récupérer ses réserves pour des besoins urgents. En dernier lieu, le critère de rentabilité.
Selon son point de vue, cela justifie la faible diminution des revenus des placements, et ce du fait que les taux d’intérêts dans le monde ont considérablement baissé avec la crise financière.
En dépit de l’évolution plus ou moins favorable des prix des hydrocarbures, les performances macroéconomiques restent, néanmoins, robustes en 2009, notamment grâce à des politiques financières prudentes.
En ce qui concerne la position financière extérieure de l’Algérie, M. Touati a indiqué que malgré une chute de près de 46% des recettes d’exportations des hydrocarbures en 2009, elle reste confortable à en juger par le niveau des réserves officielles de change soit 148 milliards de dollars à fin décembre 2009, équivalent à trois années d’importations de biens et services.
Il est également attendu, au titre de 2009, une accumulation de réserves de près de 3 milliards de dollars en contexte de maintien de la dette extérieure à moyen et long termes à un niveau très faible.
L’absorption effective de l’excès de liquidités par la Banque d’Algérie aux moyens d’instruments de politique monétaire, a contribué, selon lui, à la relative bonne tenue de l’inflation en 2009, et ce, en dépit de l’acuité de l’inflation endogène.
Par ailleurs, il a attesté que les ressources accumulées dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) ont été préservées durant 2009, où elles ont atteint 4.290 milliards de dinars à fin décembre 2009, contre 4.280 milliards de dinars à fin décembre 2008, et ce malgré l’enregistrement du premier déficit budgétaire de 42% depuis plusieurs années en contexte de contraction des recettes de la fiscalité pétrolière.
Ceci dit, il a souligné que la poursuite de la mise en oeuvre du programme d’investissements publics a donné un bon coup à la croissance du PIB hors hydrocarbures.
En effet, M. Touati a constaté que les progrès en matière de stabilité monétaire et de résilience du secteur bancaire ont permis d’asseoir davantage l’objectif de stabilité financière en 2009, dans une situation d’excès de l’épargne sur l’investissement en tant que caractéristique macroéconomique majeure.
Compte tenu de la réglementation des changes en vigueur en Algérie, il y a lieu de rappeler que les devises rapatriées par les agents économiques au titre des exportations de biens et services, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Mohamed Laksaci, sont cédées à la Banque d’Algérie à hauteur de 100% pour les exportations des hydrocarbures, à 50% pour les exportations hors hydrocarbures et à 50 % pour les exportations de services, et ce contre la monnaie de la Banque centrale.
Par ailleurs, il a précisé que les réserves officielles de change détenues par la Banque d’Algérie, qui sont les créances sur les pays émetteurs de devises, ‘constituent la garantie de toute la masse monétaire en dinars, dans l’économie nationale, autrement dit en possession des agents économiques que ce soit l’Etat, les entreprises ou encore les ménages.
Sur ce, il a tenu à rappeler que l’Algérie a fait un bon usage de ses réserves de change en consacrant une partie au remboursement par anticipation de la dette extérieure, entre 2004 et 2006, et ce, à la veille de la crise financière internationale.
Ceci dit, il a tenu à faire savoir que l’adéquation avoirs extérieurs-crédits intérieurs est conduite par la Banque d’Algérie d’une manière prudente dans l’objectif de stabilité monétaire et financière, et ce dans le cadre d’une allocation efficiente des ressources qui est portée par une intermédiation bancaire solide.
Par ailleurs, en ce qui concerne la fonction de surveillance générale du système bancaire, dans le cadre du renforcement des outils de supervision, M. Touati a affirmé qu’elle a été développée davantage en 2009.
En outre, il a expliqué « En plus de son rôle de support à la Commission bancaire, la Banque d’Algérie joue un rôle pivot dans la surveillance macro-prudentielle, voire la surveillance systémique ». En conséquence, a-t-il souligné, le développement des instruments macroprudentiels soutiendrait la stabilité financière.
D’autre part, en abordant les mesures qui sont prévues pour l’année 2010, il a annoncé qu’avec l’assistance technique du Fonds monétaire international (FMI) et dans le but d’assurer la stabilité et l’intégrité du système bancaire dans son ensemble.
En effet, la Banque d’Algérie développera davantage durant cette année, notamment ses capacités de contrôle sur place, ainsi que la capacité de détection précoce des vulnérabilités des banques et établissements financiers dont la solvabilité a enregistré une nette consolidation durant l’année précédente.
Cependant, il y a lieu de rappeler que la composition des réserves de change par devises d’origine, exprimée en équivalent dollars, est constituée à hauteur de 46% en dollars et à 42 % en euros, le reste étant constitué d’autres monnaies étrangères. Pour ce qui est de la structure des réserves, 70% sont placés en bons de Trésor aux Etats- Unis, au Japon et en Grande- Bretagne et dans d’autres pays européens.
Néanmoins, il y a lieu de souligner que les placements des réserves de change ont produit des revenus appréciables dans un environnement de très faibles rendements sur les marchés internationaux, et ce tout en préservant le capital réserves officielles de change.
M. Touati a préconisé que les réformes introduites par la loi de la monnaie et du crédit ont permis à la Banque d’Algérie d’adopter et de mettre en oeuvre une politique monétaire non seulement stable et pérenne, mais également conforme à une orthodoxie universellement reconnue, s’écartant de toutes les manipulations.
Fadhila.B