L’Algérie a procédé à un transfert de presque la totalité de ses réserves de change vers des banques de 1re catégorie, garantes de sécurité et de solvabilité.
Ce sont des placements à court terme, dénommés “triple A” qui seraient effectués dans des banques commerciales telles que la Citibank ou HSBC, par exemple, aux États-Unis et en Europe. La Banque centrale, institution en charge de la gestion du matelas en devises dont dispose le pays, a recouru à cette mesure suite au déficit important subi par la balance des paiements depuis 2014.
Le pays a besoin, par conséquent, de plus de fluidité et de rapidité dans l’exploitation de cet argent pour faire face à ce déficit. Ce n’est pas le cas des bons du Trésor tels que ceux placés aux USA, qui demeurent encore plus lourds et compliqués à liquéfier. Avec ces titres (bons du Trésor), il existe une échéance à respecter avant leur liquéfaction. Cela dit, l’on peut liquéfier avant la fin de l’échéance mais l’on doit accepter la perte de l’intégralité des intérêts, c’est-à-dire une baisse du taux sur l’année. L’Algérie ne détient ainsi que 0,7 milliard de dollars, soit 700 millions de dollars de bons du Trésor américain. Cette statistique a été publiée lundi dernier par le département du Trésor américain.
Cette somme est qualifiée par l’analyste financier, Ferhat Aït-Ali, de “symbolique”. En termes plus clairs, environ 139,3 milliards de dollars de réserves de change algériennes sont placés en diverses monnaies et dans plusieurs institutions financières sûres et de premier ordre de par le monde. Le recours à ce genre de procédé “n’est pas une mauvaise politique en soi”, commente M. Aït-Ali, car des facteurs géopolitiques peuvent influer sur la décision du département d’État américain. Ce qui pourrait constituer un danger pour des pays comme l’Algérie, liés aux États-Unis par des dépôts de titres souverains.
Il faut dire que la Banque d’Algérie n’a pas jugé utile de communiquer à ce sujet d’autant plus que ces questions, dit-on, qui relèvent d’une stratégie prudentielle, engagent le pays et préservent sa souveraineté. La banque des banques a, néanmoins, jeté son dévolu sur cet autre mode de placement des réserves de change à l’instar de plusieurs de ses consœurs au monde. Reste à savoir, maintenant, si cette pratique ne représente pas un risque pour toutes ces finances.
Il s’agit, en fait, de la crédibilité de ces institutions financières dans lesquelles l’Algérie a placé cet argent qui font valoir une notation AAA.
La crise des subprimes de 2007 a, toutefois, montré que les agences de notation peuvent avoir des conflits d’intérêts entre les notations attribuées et leur propre intérêt économique. La mutation des devises, de bons du Trésor vers les banques pourrait, par voie de conséquence, transformer le risque souverain en un risque privé. L’Algérie aurait-elle sollicité d’autres pays pour lui réaliser des placements ? “Non”, répond Ferhat Aït-Ali qui confirme, cependant, l’existence de ce type de pratique pour laquelle optent des pays désireux de dissimuler leur situation financière.
Ce sont, essentiellement, les pays qui ont des excédents considérables dont ils n’ont pas besoin dans l’immédiat. Ils s’arrangent, donc, avec des pays-écrans qui leur réalisent ces placements tout en se partageant les intérêts. Ce n’est pas le cas de l’Algérie qui reste encore un pays déficitaire.