Elles s’établissent à 143 milliards de dollars à la fin 2015, soit un recul de 35 milliards de dollars en une année. Le Fonds monétaire international préconise des réformes structurelles de fond.
Au terme d’une mission d’une dizaine de jours à Alger, le Fonds monétaire international est ferme : en deux ans, les réserves de change de l’Algérie ont baissé de 26,28 %. Fin décembre 2015, elles s’établissaient à 143 milliards de dollars, contre 194 milliards de dollars en décembre 2013.
Un exercice d’équilibriste
« Les réserves de change se maintiennent, certes, à un niveau élevé, mais elles ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015 pour s’établir à 143 milliards de dollars, contre un maximum de 194 milliards de dollars en 2013 », a souligné le conseiller au département Moyen-Orient et Asie centrale auprès du FMI, Jean-François Dauphin. La chute des cours du pétrole, qui se situent actuellement sous les 39 dollars le baril, impacte lourdement les réserves de changes de l’Algérie. Pourtant, durant l’examen parlementaire du projet de loi de finances 2016, le gouvernement prévoyait d’établir des réserves de change autour de 151 milliards de dollars, selon le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa. Aujourd’hui, ces estimations ne sont plus d’actualité. Et le représentant du FMI d’appuyer les efforts déjà entrepris par les autorités algériennes en matière de réformes et de consolidation budgétaire. Selon l’expert, les marges budgétaires et extérieures accumulées permettraient de poursuivre les réformes.

« L’Algérie fait face à d’importants défis suite à la chute des cours de pétrole, dont on s’attend à ce qu’elle soit durable. Pour y répondre, il convient de poursuivre les efforts entrepris par les autorités du pays en matière de réformes et de consolidation budgétaire », a affirmé Jean-François Dauphin. Le FMI suggère aux autorités d’Alger un ajustement budgétaire soutenu et des réformes structurelles pour retrouver une croissance saine. Selon lui, l’impact du choc des prix du pétrole sur la croissance a été « limité jusqu’à présent, mais les soldes budgétaires et extérieurs se sont considérablement détériorés ». La croissance du PIB réel est estimée à 3,7 % en 2015, dont 5 % pour le secteur hors hydrocarbures, tandis que l’inflation a augmenté à 4,8 %, a-t-il précisé. Le déficit budgétaire a presque doublé en 2015 par rapport à 2014, passant à 16 % du PIB en raison de la baisse des recettes pétrolières, a-t-il encore indiqué.
Vers un ajustement structurel ?
Alger doit donc rapidement saisir l’opportunité de refonder son modèle de croissance. Faute de quoi un ajustement deviendrait inévitable. Le FMI estime qu’avec un cours du brut à 110 dollars le baril le pays pourrait rééquilibrer le budget algérien pour l’année en cours. La Loi de finances 2016 a déjà permis d’assainir en partie le budget, de rationaliser au mieux certaines dépenses, sans compter la réforme des subventions, saluée par le Fonds monétaire international. Quant à l’idée d’un emprunt obligataire lancé par le gouvernement algérien pour mobiliser l’épargne interne, il risquerait d’avoir un effet d’éviction sur l’économie, contrairement à l’endettement extérieur.
Concernant les subventions, Jean-François Dauphin a souligné qu’elles devraient être mieux ciblées : « On imagine que les subventions généralisées constituent un appui à l’action sociale alors qu’elles profitent, à l’inverse, aux ménages les plus riches qui consomment, par exemple, beaucoup plus de carburants par rapport aux ménages pauvres. » Seul bémol, les subventions de produits relevant de différents secteurs, dont celui de l’énergie, ont dépassé, en 2015, le double des dépenses cumulées des secteurs de l’éducation nationale et de la santé. « Ce sont des subventions contre-productives et extrêmement rémunérées en plus. Une action sociale plus ciblée est nécessaire », a-t-il poursuivi. La croissance du PIB réel est estimée à 3,7 % en 2015, dont un solide + 5 % hors hydrocarbures.