Malgré le mois de Ramadhan, les candidats à l’émigration clandestine ne ratent pas le beau temps de ces journées d’été pour tenter l’aventure vers l’Europe. Jeudi dernier, un groupe de 25 harragas, âgés de 25 à 35 ans, a été intercepté à une vingtaine de milles marins au large de la ville d’El Kala, wilaya, d’El Tarf, a-t-on appris auprès du groupement territorial des gardes-côtes à Annaba.
Les 25 « harragas » tentaient de rejoindre les côtes italiennes à bord d’une embarcation de fortune lorsqu’ils furent interceptés et arrêtés par les éléments de l’unité de surveillance des gardes-côtes basée à Cap Rosa, près d’El Kala.
Ils ont été conduits à la station marine des gardes-côtes, à Annaba, où ils ont subi une visite médicale, avant d’être présentés devant le procureur de la République près le tribunal d’Annaba, a indiqué la même source.
Cette tentative mise en échec grâce à l’intervention des forces des gardes-côtes, n’est que la partie apparente de l’iceberg. Et pour cause, les départs ne se sont jamais arrêtés, notamment à l’est du pays. Une tendance que justifie notamment les conditions climatiques plutôt favorables de ces derniers jours.

D’ailleurs, pas loin que dimanche dernier, une autre tentative a été enregistrée à Annaba. La » traversée » s’est soldée, cette fois-ci, par un drame. En fait, l’intervention des gardes-côtes d’Annaba pour déjouer cette tentative d’émigration clandestine, a fait deux morts, un garde-côte et un émigrant clandestin, ainsi que cinq blessés (deux gardes-côtes et trois émigrants clandestins).
Les faits se sont produits en mer, au nord de Ras El Hamra, lorsque devant le refus d’obtempérer, des six occupants d’une embarcation de fortune qui tentait de quitter clandestinement les eaux territoriales algériennes, les gardes-côtes ont tiré des coups de feu de sommation, puis en direction du moteur. L’embarcation qui n’a pas stoppé a foncé en direction du « Zodiac » des gardes-côtes qu’elle a violemment heurté.
Le choc a provoqué la mort par balle perdue d’un émigrant clandestin, mort sur le coup, tandis qu’un garde-côte, touché à la tête, qui a succombé à ses blessures, a expliqué la même source, ajoutant que la collision entre les deux embarcations a occasionné des blessures à deux gardes-côtes et à trois émigrants clandestins. Aussi, au début de la semaine dernière, les gardes-côtes ont réussi à déjouer une autre tentative d’émigration clandestine, en arrêtant dix sept jeunes qui tentaient de traverser la Méditerranée. Parmi les personnes arrêtées, se trouvaient trois mineurs originaires de la wilaya d’Annaba. Cependant, ce qui est à relever est qu’une grande partie des tentatives de harraga sont concentrées dans la partie est du littoral algérien.
Ce qui renseigne, on ne peut mieux, sur la présence de véritables réseaux de passeurs, dont le travail consiste à préparer le terrain aux harragas en contrepartie de fortes sommes d’argent. Aussi, il est à relever que la distance, relativement courte, séparant les côtes sud du Vieux continent des rivages de la wilaya d’Annaba, en est pour beaucoup dans le choix des immigrés clandestins des wilayas de l’Est.
Un fait, loin d’être nouveau, que les autorités concernées doivent prendre en considération pour mettre un terme aux flux migratoires à destination d’Europe, qui se terminent souvent par de véritables tragédies. Il est à préciser par ailleurs que les wilayas de l’ouest du pays sont à leur tour concernées par le phénomène, bien qu’à moindre proportion. En fait, ils sont nombreux les jeunes harragas à opter pour l’Espagne, préférant ainsi embarquer à partir d’Oran.
Une wilaya ayant vu, à son tour, des centaines voire des milliers de jeunes quitter le pays à bord d’embarcation de fortune. Mais la priorité demeure le démantèlement des réseaux de passeurs qui semblent opérer en toute quiétude, loin des yeux des autorités, profitant de la détresse des jeunes pour vendre la chimère à coup de millions de centimes.
A. F.