Les reports successifs de l’opération suscitent la colère : Relogement, émeutes à oued ouchayeh

Les reports successifs de l’opération suscitent la colère : Relogement, émeutes à oued ouchayeh

La raison de la colère est connue de tous : le relogement qui tarde à se concrétiser. Les habitants, las d’attendre des promesses qui ne sont jamais tenues et constatant que leurs quartiers sont tout le temps exclus au profit d’autres, avaient prévenu, à maintes reprises, qu’ils n’allaient pas se taire.

Atmosphère de révolte hier aux abords du tunnel d’Oued Ouchayeh. Et pour cause, les habitants de la cité des Palmiers, mais aussi ceux du quartier populeux de Boumaâza ont bloqué les accès de cet important axe routier, provoquant des embouteillages monstres. L’odeur des pneus brûlés ajoutée à la chaleur qui sévit dans la capitale rendaient les lieux irrespirables pour des milliers d’automobilistes surpris et se retrouvant bloqués.

Il aura fallu l’intervention salutaire des policiers qui ont réussi à convaincre les membres des comités de quartier de lever le blocus du tunnel. En contrepartie, les policiers ont pris sur eux de conduire les représentants des comités de quartier au siège de la wilaya d’Alger, afin de discuter avec les responsables de l’opération recasement.

Les policiers ont joué les pompiers pour pallier les comportements inconscients des responsables locaux qui, non seulement, sont incapables d’apporter des réponses, mais, pis encore, jettent de l’huile sur le feu, en narguant les délégués et en leur lançant : “Si vous voulez fermer le tunnel, faites-le.” La raison de la colère est connue de tous : le relogement qui tarde à se concrétiser.

Les habitants, las d’attendre des promesses qui ne sont jamais tenues et constatant que leurs quartiers sont tout le temps exclus au profit d’autres, avaient prévenu, à maintes reprises, qu’ils n’allaient pas se taire et qu’ils allaient fermer le tunnel. Mais les autorités locales et surtout la wilaya d’Alger ont choisi de ne pas prendre au sérieux ces menaces et ont continué, comme ils l’ont toujours fait, à reporter sine die le recasement de ces familles, préférant celles des bidonvilles et des autres quartiers qui font du bruit.

À l’origine de la colère des habitants une rencontre, une énième, entre les membres des comités des quartiers concernés et les responsables de la daïra d’El-Harrach. Alors que ces familles devaient être recasées, au plus tard, dans les 15 jours qui suivent l’Aïd el-Adha, et comme les opérations de recasement se font tous les mardis, les gens sont allés s’enquérir auprès des responsables locaux des dates exactes de leur relogement. Surprise : les responsables de la daïra leur ont signifié qu’ils n’avaient rien de nouveau à leur annoncer et que s’ils voulaient fermer le tunnel, qu’ils le fassent.

Autrement dit, leur recasement n’était toujours pas à l’ordre du jour et que la daïra s’en lavait les mains. C’est ce qui a mis le feu aux poudres et qui risque d’attiser la colère des habitants, qui ont mis leurs affaires dans des cartons, comme ils le font depuis des années, à chaque fois qu’on leur annonce un recasement. Depuis le début de cette grande opération de recasement, les quartiers des Palmiers et de Boumaâza étaient concernés, recensés et programmés, comme l’attestent les nombreuses déclarations des responsables de la wilaya d’Alger et dont la presse s’était fait l’écho.

La situation dure depuis les années 1980…

Mais, chaque semaine, l’ordre des priorités change et les habitants de ces deux quartiers craignent légitimement de faire les frais, encore une fois, de l’oubli des responsables de la wilaya. C’est que la situation dure depuis le milieu des années 1980. Ce n’est pas un bidonville érigé à la fin de la décennie noire, ou même après, qui dérange et qu’on décide de démolir, ce sont des habitations qui datent de l’époque coloniale et dont les habitants ont fait preuve de beaucoup de patience.

Rien que pour la cité des Palmiers, le gouvernement avait décidé, dès le milieu des années 1970, de démolir la cité, qui avait été bâtie à l’époque coloniale pour servir de celibatorium aux militaires. Mais, c’est à partir de 1984 que la première opération de recasement a eu lieu, en raison, justement, des travaux du tunnel d’Oued Ouchayeh qui avaient provoqué des affaissements de terrains et menaçaient les immeubles qui le surplombent.

D’autres opérations ont eu lieu, à chaque fois, sous forme de petits quotas touchant un immeuble ou deux.

Aujourd’hui, il ne reste, en principe, que deux immeubles qui n’ont pas bénéficié de recasement (H et F). Mais au regard du nombre de familles inscrites sur la liste des concernés par le recasement, l’on constate que le chiffre de 446 familles est gonflé, car les deux immeubles n’en comptent pas plus de 160. C’est que la cité des Palmiers concentre, à elle seule, toutes les incohérences et toutes les incompétences des collectivités locales chargées du dossier du recasement.

Lorsque l’opération de recasement a touché une partie du quartier, au milieu des années 1980, la police de l’urbanisme, qui était fonctionnelle à l’époque, avait muré les immeubles vidés par leurs anciens locataires. Mais voilà que quelques années après, un ingénieux wali décide de raser les centres de transit de triste mémoire. Et que fait-il ? Il dépose une partie de ces transitaires dans les immeubles désaffectés de la cité des Palmiers. Il prendra même le CEM de la cité pour le transformer en un gigantesque dortoir. Cette décision aberrante n’allait pas sans avoir des conséquences sur le reste des immeubles désaffectés.

En effet, tous seront squattés par les habitants de la cité et des quartiers environnants. Certains les ont revendus en première et même en seconde main. Aujourd’hui, tout ce beau monde veut être recasé et certains disent qu’ils veulent être recasés en même temps que les habitants légaux qui attendent depuis leur naissance de quitter ces lieux maudits. Et la wilaya dans tout ça ? Elle n’a jamais tranché et laisse une cité, promise à la démolition depuis fort longtemps, se débattre dans une inextricable situation, au point que les parkings, les couloirs et même les jardins ont été squattés par des habitants qui n’en peuvent plus de l’exiguïté.

Les Palmiers, Oued Ouchayeh, La Glacière, ces quartiers abandonnés

Le cas de la cité des Palmiers n’est pas isolé. La cité Boumaâza souffre également de cet oubli volontaire, et qui dure dans le temps, de la part des responsables de la wilaya. Et ces cités ne sont pas les seules dans ce triangle constitué autour de la cité Bachedjarrah. Les Palmiers, Oued Ouchayeh, La Glacière sont ces quartiers que tous les responsables locaux n’ont jamais voulu voir ou dont ils ne veulent pas entendre parler, ce sont ces poches qui font honte à une capitale qui débourse des milliards pour refaire les trottoirs et poser de la pierre taillée et des palmiers sur ses autoroutes.

Des habitants des bidonvilles du domaine Ben Boulaïd, ceux du lieudit “Djardina”, entre autres, attendent, eux aussi, qu’on se souvienne d’eux. Faut-il que l’administration pousse ces gens à bout, que ces derniers sortent dans la rue, pour qu’enfin, elle songe à leur apporter les réponses ?

A. B.