Les relations entre eux ne cessent de se dégrader Voisins : l’époque de la désaffection ?

Les relations entre eux ne cessent de se dégrader Voisins : l’époque de la désaffection ?
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Ils habitent le même immeuble, ils partagent la même entrée et les mêmes escaliers, mais ne se parlent quasiment pas.

Les relations entre voisins dans les grandes villes sont frappées, ces dernières années, d’un sévère coup de froid. On échange rarement des salamalecs ou bien on se contente dans la plupart des cas d’un simple geste de la tête en guise de salutations. Il semble que chacun évite d’aborder son voisin et tente de le garder le plus loin possible pour diverses raisons.

Pour certains, ce comportement est dicté par le besoin de sérénité et de quiétude. «Tenter de se rapprocher des voisins c’est tout simplement dire bonjour aux problèmes. Je préfère m’en éloigner au maximum car certains ne se respectent pas et commencent, dès les présentations, à frapper à la porte : j’ai besoin d’un peu de sel, de sucre, d’huile ou autres. Et là, il n’ y a plus de tranquillité chez soi.

La vie devient simplement cauchemardesque», argumente Mohamed d’Alger. «Après une longue journée de travail, je veux me reposer paisiblement, sans être perturbé. Et je n’ai surtout pas envie que les autres dévoilent les secrets de ma maison», estime Meziane, habitant actuellement à Saoula, ajoutant que le «mauvais voisinage» l’a contraint, pour avoir la paix, à quitter son ancien quartier de Bab El Oued. Il est vrai que certains préfèrent aujourd’hui habiter loin des connaissances pour mener une vie paisible. L’absence de comités de quartiers est aussi à l’origine de ce sentiment de désaffection entre les voisins.

Même les cités où ces comités existent, fonctionnent mal. Ils ne tiennent pratiquement pas de réunions pour débattre des préoccupations des habitants. Et même lorsque les concernés sont invités à y assister, rares sont ceux qui s’y présentent. Pourtant, les problèmes ne manquent pas dans nos cités ! «Comment voulez-vous que les voisins se connaissent et veillent ensemble à l’amélioration de leur cadre de vie s’ils ne se rencontrent pas pour se concerter ? Dans la plupart des cas, le nombre d’habitants qui viennent aux réunions ne dépasse pas la dizaine et cela démotive ceux qui se présentent régulièrement et qui finissent, eux-mêmes, par bouder les réunions», regrette Cherif, membre du comité de quartier de la cité du 5-Juillet, à Bab Ezzouar.

Les différends relatifs notamment au bruit et querelles entre les enfants n’ont fait qu’éloigner davantage les voisins. Les relations sont ainsi devenues conflictuelles et chacun tente de rappeler l’autre à l’ordre.

Une situation qui ne cesse de dégénérer car les gens deviennent de plus en plus nerveux et presque incapables de faire des concessions sur tout ce qui est relatif à leur quiétude. Et les liens de voisinage se désacralisent dans une société où l’individualisme ne cesse de prendre le dessus…

Mohamed Fawzi