C’est la troisième visite officielle en Algérie d’une secrétaire d’État américaine, depuis celles effectuées par Condolezza Rice, en septembre 2008, de Colin Powell en décembre 2003 et de Madeleine Albright en décembre 2000.
Hillary Clinton effectuera samedi prochain une visite de travail d’une journée en Algérie à l’invitation de son homologue algérien, Mourad Medelci. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, “les entretiens qu’aura Mme Clinton, à l’occasion de son séjour en Algérie, porteront sur la consolidation de la relation bilatérale multiforme qui lie les deux pays, sur le train de réformes politiques profondes en cours dans notre pays”. Ces entretiens, ajoute-t-il, porteront sur “certaines questions de l’actualité régionale et internationale d’intérêt commun telles que la conjoncture qui prévaut dans certaines parties du monde arabe, la relance de l’intégration régionale au Maghreb, la situation sécuritaire au Sahel et la lutte internationale contre le terrorisme et ses connexions”. De son côté, le département d’État américain a indiqué que les entretiens qu’aura Hillary Clinton avec le président Bouteflika porteront sur “la situation interne, la préparation des élections législatives du 10 mai et les défis auxquels fait face la région”. Il y a lieu de rappeler que cette escale algérienne fait partie d’une tournée maghrébine qu’effectuera la secrétaire d’État américaine. Laquelle tournée commencera par la Tunisie où elle prendra part à la Conférence des amis de la Syrie et finira par deux journées chez l’allié de toujours, le Maroc.
La visite de Mme Clinton en Algérie intervient à un moment crucial : le monde arabe est en pleine ébullition et l’Algérie semble, jusqu’à présent, faire exception. Le département d’État américain a, jusque-là, apporté un appui mesuré à la démarche des autorités algériennes consistant à introduire de profondes réformes politiques. Depuis les émeutes de janvier 2011, les appels américains pour une plus grande écoute et une plus grande prise en charge des revendications des citoyens se sont multipliés. Washington, qui suit de près la situation en Algérie, avait salué l’issue, un peu semblable, des réformes introduites par le Maroc et qui ont conduit un parti islamiste, proche du palais royal, au gouvernement.
Mais c’est surtout en matière de gestion du Printemps arabe que les deux pays divergent grandement. Alger s’oppose, par principe, à toute intervention étrangère dans les affaires internes des pays. On l’a vu lors de la crise libyenne et on le voit bien présentement avec le conflit syrien. Une position qui agace Washington, et qui pourrait influer sur les relations entre les deux pays.
Autre sujet de divergence : les relations algéro-marocaines. Alger, qui a toujours affiché une opposition à toute médiation dans ce dossier, n’ignore pas, toutefois, les appels lancés par Washington en vue de la réouverture des frontières terrestres. Le réchauffement récent des relations entre les deux voisins pourrait permettre cette réouverture, pour peu que les deux pays avancent dans le règlement de leurs différends. La volonté affichée des deux côtés est un signe encourageant, dans ce sens, tout comme leur disponibilité à relancer l’UMA.
Même si Washington reste l’allié traditionnel du Maroc, il n’en demeure pas moins que sa relation avec l’Algérie n’a jamais été aussi forte que ces dernières années, en témoignent les multiples visites de responsables américains en Algérie, notamment ces deux dernières années. L’Algérie est devenue un allié stratégique des États-Unis d’Amérique en matière de lutte antiterroriste. Dans ce domaine, force est de reconnaître que la coopération est exemplaire, d’autant plus qu’avec la dégradation de la situation dans le Sahel, l’Algérie est devenue le partenaire incontournable des Américains qui lui reconnaissent ouvertement son rôle de leader dans la région.
Mais en dehors de la lutte antiterroriste, les relations entre les deux pays, en matière de coopération, restent très timides. La visite de Hillary Clinton apportera-t-elle du nouveau dans ce domaine ? Wait and see.
A B