Les réformes politiques divisent les deux chambres du parlement,APN-Sénat: Le clash

Les réformes politiques divisent les deux chambres du parlement,APN-Sénat: Le clash
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L’APN et le Sénat ne sont plus sur la même longueur d’onde

La vice-présidente du Sénat, Mme Drif Bitat a fait appel au président de la République l’invitant à ordonner une deuxième lecture sur le projet de loi sur la femme, un texte totalement amputé par l’APN.



Les projets des réformes politiques divisent le Parlement. L’APN et le Sénat ne sont plus sur la même longueur d’onde. Les divergences s’accentuent davantage. Hier, Mme Zohra Drif-Bitat, sénatrice du tiers présidentiel, a jeté un véritable pavé dans la mare. Intervenant lors du débat sur la représentation des femmes au niveau des assemblées élues, Mme Bitat s’est attaqué directement à la chambre basse du Parlement.

«Le projet transmis au Sénat a été déstructuré et amputé de l’esprit des réformes politiques initiées par le président de la République», a-t-elle proprement lâché devant le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Sans aller par trente six chemins, la sénatrice qualifie les amendements apportés par l’APN d’injustes. «C’est une violation aux droits des citoyens et à la Constitution», a martelé la vice-présidente du Sénat. «De quel droit on consacre à une région un taux de 40% et on marginalise les autres?», s’est-elle interrogée en déplorant l’émiettement du taux de représentativité des femmes au niveau des assemblées élues. Alors que le texte accorde à la femme un taux de 33%, les députés ont fait un forcing pour le réduire à 20%.

Mme Zohra Drif-Bitat estime que ce projet a été vidé de son sens. Elle a fait appel en live au président de la République l’invitant à ordonner une deuxième lecture de ce projet de loi qui contredit complètement le processus des réformes politiques. «Au nom des femmes qui ont sacrifié leur vie pour ce pays, je demande au président de la République d’ exploiter ses prérogatives constitutionnelles pour ordonner une deuxième lecture du projet de loi», a-t-elle martelé en rejetant totalement ce projet qu’elle qualifie d’injuste. La vice-présidente du Sénat estime que les arguments avancés par les députés sont infondés. «C’est faux, il n’y a pas de problème de représentativité des femmes au niveau des wilayas du Sud», a-t-elle répondu en avançant les chiffres des filles reçues au baccalauréat qui était de 65% contre 35% pour les garçons en 2010. Se référant toujours aux données du ministère de l’Education à travers le pays, Mme Bitat constate que les filles sont toujours en force même dans les régions enclavées. Pour elle, le taux de 33% accordé aux femmes n’est pas de la charité.

«La femme algérienne s’est imposée dans la société et dans tous les domaines», a-t-elle encore souligné. Cette sénatrice n’était pas la seule à critiquer le contenu du projet de loi. Zahia Benarous a également regretté l’amendement du taux de représentativité. «Je reste confiante que même avec le système des quotas le taux de représentativité des femmes va dépasser d’ici quelques années les 50%», a-t-elle affirmé en précisant que la femme a réussi à prouver sa présence dans tous les domaines d’activité. La sénatrice du tiers présidentiel, Leïla Tayeb, s’est interrogée également sur les raisons de la différenciation du taux de représentativité d’une région à une autre. Le président de la République s’est engagé à promouvoir la place de la femme dans la société, mais malheureusement ses orientations n’ont pas été respectées», a-t-elle déploré.

Le sénateur Bachir Daoud a relevé des contradictions entre le projet du gouvernement et le texte transmis au Sénat. «Nous avons fait un pas en avant et deux pas en arrière», a-t-il affirmé en précisant que les amendements apportés par les députés obéissent à des calculs partisans et politiques. «La classe politique a perdu l’occasion d’enrichir les réformes politiques en s’orientant dans le sens contraire», a-t-il proprement dit.

Ce sénateur a relevé l’incapacité du Sénat à introduire des amendements. «Nous nous retrouvons toujours devant le fait accompli», a-t-il regretté. Les sénateurs se révoltent contre les députés. Durant le débat sur la loi électorale, plusieurs sénateurs ont critiqué les amendements apportés par l’APN.

«Le Sénat est devenu une boîte postale. On se retrouve toujours forcés à voter des lois dont on n’est pas convaincus», a affirmé Rachid Assas. Les sénateurs réclament le vote des lois article par article pour leur donner la possibilité d’introduire des amendements au même titre que l’APN. Les sénateurs ont contesté plusieurs amendements proposés par les députés sans pour autant pouvoir les bloquer.

C’est le cas d’ailleurs de l’importation du chiffon qui a été autorisée par les députés dans la LFC 2011 et interdite par le gouvernement dans la loi de finances 2012. Cette cacophonie démontre bien que le courant ne passe plus entre les deux chambres du Parlement.

L’APN et le Sénat se livrent à une bataille féroce dans les coulisses. La présidence des consultations politiques par Abdelkader Bensalah a certainement un lien avec cette atmosphère.