Le 10 avril prochain, c’est-à-dire dans cinq jours, se seront écoulées deux années sur le fameux discours qualifié en son temps d’ «historique» du président Bouteflika. Un discours qui se voulait être une feuille de route des réformes qu’il devait entreprendre rapidement pour éviter à l’Algérie d’être touchée par un printemps arabe dévastateur qui arrivait plutôt que prévu.
Bien que le moral national était à ce moment là en berne et que beaucoup d’algériens réclamaient publiquement une place au soleil de ce printemps, un temps prometteur, ils avaient globalement jugé opportun de croire les promesses présidentielles.
Qu’en est-il deux ans plus tard ? Force est de constater que les «réformes politiques» annoncées ne sont aujourd’hui qu’une vague réminiscence d’une parole solennelle donnée par le chef de l’Etat destinée finalement à absorber une colère sourde.
Aussitôt la bourrasque du printemps arabe passée, les autorités algériennes entreprirent de mettre le pied sur le frein des réformes voyant que la rue se calmait de plus en plus.
La révision de la constitution qui devait garantir l’équilibre mais surtout l’indépendance des trois pouvoirs, prévue avant la fin de l’année 2012 et qui était le point d’orgue des réformes politique est tout simplement mise sous le boisseau.
On n’en parle presque jamais sinon d’une vague commission installée au niveau de la chefferie du gouvernement ou encore de réunion des responsables de l’Etat autour du président.
Les promesses n’engagent que…
Mais rien de bien concret mis à part une laconique déclaration à l’APN de Abdelmalek Sellal selon laquelle la révision aura bien lieu. Quand et comment ? Mystère et boule de gomme…
Entre temps, le pouvoir a ouvert son robinet pour laisser «couler» une infinité de petits partis politiques qui ont ceci de particulier qu’ils se situent politiquement à la périphérie immédiate du pouvoir.
A la place d’un véritable pluralisme politique porteur de projets alternatifs, on a eu droit à une inflation de sigles creux dont le seul programme est précisément le quitus de leurs responsables aux «réformes politiques».
Dans ce fatras politique, le parti TAJ de l’actuel ministre des travaux publics Amar Ghoul constitue assurément la meilleure preuve de cette volonté d’imposer une reconfiguration qui mettrait le pouvoir hors d’atteinte.
Le printemps n’est plus là
Aussi, l’ouverture du paysage audiovisuel promise tout aussi solennellement s’est avérée être un doux leurre que les algériens ont avalé comme une grosse couleuvre.
La mouture finale de ce texte qui vient d’être rendu public et qui circonscrit la création des télés privées aux seules «chaînes thématiques», achève d’enlever la feuille de vigne qui cachait mal une détermination à sophistiquer le maintien d’un paysage audiovisuel en clair obscur…
En plombant les véritables réformes politiques et leur pendant l’ouverture médiatique, le pouvoir signifie clairement qu’il n’est pas prés de céder.
Aussi longtemps qu’il ne ferait pas face à la violence de la rue, il continuera a manœuvrer pour retarder l’évolution de l’Algérie vers un pays moderne libéré du joug du «système».
C’est hélas le constat implacable qu’on pourrait dresser des «réformes politiques» en trompe l’œil qui auront survécu le temps du passage éphémère d’un vent violent venu de l’Est…
Le printemps n’étant plus là, place maintenant à la platitude de l’été et sa chaleur politiquement chloroformante.
A une année de la présidentielle, les priorités semblent désormais ailleurs que dans l’autorisation de chaînes de télés réellement libres qui pourraient fausser les pronostics et poser les vraies questions de fond qui minent l’Algérie. Dommage.