La visite de Claude Guéant à Alger a permis aux deux pays de mettre en place une feuille de route qui permettra la relance des relations algéro-françaises.
Les réformes politiques engagées par l’Algérie impressionnent la France. C’est en ces termes que Claude Guéant, ministre français de l’Intérieur, a apporté l’appui de son pays aux réformes décidées par le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika. Le ministre français s’est dit convaincu que les projets adoptés ou ceux qui font l’objet de débat au Parlement vont apporter un plus à la démocratie en Algérie. «J’ai été très impressionné, je dois dire, par la description que m’a faite le ministre de l’Intérieur de tous les textes qui ont été soit déjà adoptés, soit présentés au Parlement afin de donner un supplément de démocratie à l’Algérie», a-t-il avoué lors d’une conférence de presse co-animée, hier, à la résidence El-Mithak, avec son homologue algérien Daho Ould Kablia.
Le représentant du gouvernement français a affirmé que les chantiers politiques en Algérie méritent d’être encouragés dans la mesure où ils viennent répondre aux préoccupations des Algériens. Ces «nombreuses» démarches vont dans «le sens des préoccupations qui se sont manifestées dans la population algérienne», a-t-il souligné. Et d’insister: «C’est profondément encourageant.»
La relance des relations bilatérales
La visite de Claude Guéant à Alger a permis aux deux pays de mettre en place une feuille de route qui permettra aux collaborateurs des deux rives, de poursuivre le travail entamé hier, afin de donner un autre élan à la relance des relations algéro-françaises. «Nous avons convenu que nos collaborateurs poursuivent les discussions de manière plus poussée, aussi bien en France qu’en Algérie, dans les prochaines semaines», a déclaré M. Ould Kablia.
Les deux ministres ont affirmé la volonté des deux pays de donner un élan nécessaire à la relance des relations bilatérales dans tous les domaines pour en faire un partenariat d’exception tel que souhaité par les deux chefs d’Etat. «Nous sommes déterminés, conformément au souhait exprimé par les présidents algérien et français, à donner l’élan nécessaire à la relance de nos relations dans tous les domaines, sachant que les relations entre les départements de l’Intérieur des deux pays concernent des problèmes extrêmement complexes», a-t-il ajouté. Quant à M. Guéant, il a insisté sur le fait que les deux pays sont liés par un partenariat d’exception. Et de souligner la possibilité de fixer un «certain nombre d’objectifs supplémentaires» à la coopération. «Nous pouvons améliorer encore cette coopération. Une rencontre telle que celle que nous venons d’avoir permet aussi davantage de compréhension entre les gouvernements et, par conséquent, entre les deux pays», a-t-il relevé. Pour y parvenir, M. Ould Kablia a affirmé avoir abordé avec son hôte toutes les questions essentielles et les sujets complexes relatifs à la sécurité, à la circulation et à l’installation des personnes et leur séjour. Toutefois, les deux responsables n’ont pas donné plus de détails quant aux actions concrètes que les «collaborateurs» algériens et français vont entreprendre «très prochainement».
L’immigration et les accords de 1968
Quant au sujet de l’immigration et la révision des accords de 1968 signés entre les deux pays sur la circulation des personnes, le ministre français a annoncé qu’une autre réunion pour relancer les négociations est prévue «dans une très brève échéance». Il affirme que la signature par l’Union européenne d’un pacte sur l’immigration ne remet pas en cause les accords bilatéraux.
«Un pacte sur l’immigration a été conclu entre les 27 membres en 2008. Ce pacte maîtrise l’immigration, ne la ferme pas. Il y a des directives concernant l’asile politique, mais il reste de la place, bien entendu, pour les négociations bilatérales et notamment aux accords tellement spécifiques comme ceux qui nous unissent à l’Algérie», a t-il rassuré.
Le rôle de la Grande Mosquée de Paris
Le ministre Ould Kablia a manifesté le souhait de laisser la Grande Mosquée de Paris, sous tutelle algérienne, jouer son rôle historique de lieu de rayonnement religieux, moral et culturel. Sur ce sujet son homologue français affirme que la Gmdp a une place «toute particulière dans l’islam de France», ajoutant que «son autorité morale a un rayonnement considérable et le recteur de la mosquée a une place à part dans l’organisation de l’islam en France».
Quant aux «divergences» au sein du Conseil français du culte musulman (Cfcm), une organisation de droit français, il affirme que la question de la représentativité des musulmans au sein du Cfcm pose problème. Il a affirmé avoir arraché l’accord de toutes les organisations représentatives des musulmans de France afin de définir de nouveaux critères pour la représentativité et en finir avec le critère des mètres carrés dans les mosquées.
Quant au sort du traité d’amitié qui devait être signé entre les deux pays, l’invité de l’Algérie affirme que les traités se traduisent sur le terrain et non pas sur papier.