Les réformes annoncées par Bouteflika peinent à convaincre

Les réformes annoncées par Bouteflika peinent à convaincre
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Les réactions au discours à la nation tenu le 15 avril 2011 par le président Bouteflika sont, dans l’ensemble, plutôt mitigées, pour ne pas dire franchement critiques. Le refus d’ouvrir la télévision, la radio et la presse publique aux voix discordantes illustre les limites de l’ouverture médiatique pourtant annoncée par le président.

Contestée, l’APN ne sera pas dissoute

ALGERIE. Les annonces de Bouteflika ne font pas l’unanimité au sein des partis de l’Alliance présidentielle, à l’exception du Front de libération nationale (FLN) et du Rassemblement national démocratique (RND).

Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) s’avère en revanche plus réservé. Son président a récemment affirmé que le parti islamiste déciderait en juillet 2011 de son maintien ou non dans l’Alliance présidentielle. Bouguerra Soltani se déclare «persuadé que l’application sur le terrain des mesures annoncées se heurtera à l’administration en place».

C’est pourquoi il demande au président de définir un calendrier de mise en œuvre des réformes, de commencer par réviser la Constitution et la loi électorale et de supprimer le principe de la non-limitation des mandats présidentiels dans la Constitution.

Le Mouvement El Islah (La réforme) demande cependant une clarification sur les mécanismes de mise en œuvre, la formation d’un «gouvernement d’unité nationale» chargé de conduire les réformes et de préparer des élections législatives et locales propres et honnêtes ainsi que des mesures fortes contre la corruption.

« Un bon signe pour l’ONU»

La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, considère que les mesures annoncées par Bouteflika vont «dans la bonne direction» alors que le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression a déclaré, à partir d’Alger, que le discours de Bouteflika «est un bon signe». Frank La Rue a cependant conclu sa visite d’une semaine en critiquant les restrictions aux libertés de presse, d’expression et de manifestation, une réconciliation sans vérité ni justice imposée après la guerre civile des années 1990, l’utilisation de la publicité publique et du fisc pour peser sur la presse…

Les opposants ne cachent pas leur déception, à l’instar d’Abdelhamid Mehri qui regrette l’absence de concertation en vue d’adopter une démarche de «changement du système» politique. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dénonce une volonté de «replâtrage du système» de la part d’un régime qui refuse d’être «un acteur politique parmi d’autres».

Le Parti des travailleurs (PT) se félicite des «bonnes intentions concernant la révision de la loi électorale, la révision de la Constitution et la dépénalisation du délit de presse». Mais il considère qu’il y a contradiction entre la volonté affichée de réviser la Constitution et la décision de confier cette tâche à une Assemblée populaire nationale (APN) non crédible. Le PT, le FFS et d’autres partis sont partisans de l’élection d’une Assemblée constituante.

Les représentants de la «société civile» (étudiants, chômeurs, défenseurs des droits de l’homme, syndicalistes…) se montrent généralement réservés voire très critiques à l’égard des réformes annoncées.

Un pari qui sera tranché par la rue

Pour le gouvernement, la crise actuelle est essentiellement sociale. Les pouvoirs publics estiment donc que les réformes politiques annoncées, jumelées à la satisfaction de nombreuses demandes sociales (augmentations de salaires, crédits en direction des chômeurs pour la création d’entreprises…), suffiront à faire baisser la tension et à ramener calme et sérénité dans la maison Algérie.