Les redresseurs tournent Belkhadem en dérision

Les redresseurs tournent Belkhadem en dérision

Les redresseurs du Front de libération nationale se sont offert hier, une partie de plaisir en traînant le «mis en cause», Abdelaziz Belkhadem, devant une cour de justice virtuelle ! Ceci dit, le secrétaire général du FLN, tant contesté, était absent à la barre ! Le jugement sera transmis au président de la République.

Il s’agit certes d’une mise en scène mais qui n’a pas pour finalité l’amusement. Bien au contraire, les principaux chefs de file du mouvement de redressement du FLN, en l’occurrence Abdelkrim Abada, El Hadi Khaldi, Rachid Boukerzaza et Mohamed Seghir Kara ainsi que des militants venus de différentes wilayas du pays à Draria, sur les hauteurs d’Alger, semblaient prendre très au sérieux le déroulement du procès qu’ils ont ouvert hier. C’était, en effet, Abdelkrim Abada qui avait surpris l’assistance en appelant le juge, le procureur de la «république des redresseurs», et les juristes pour prendre place au devant de la salle. Rachid Boukerzaza se constitue partie civile et le parquet lit les faits reprochés au mis en cause Abdelaziz Belkhadem, à savoir corruption, zizanie, atteinte au patrimoine historique du pays et du parti, distribution de cartes de militant à des individus étrangers au parti, gestion chaotique du volet administratif et financier du parti…

Ensuite, le juge appelle les militants qui veulent se présenter en qualité de témoins. Et c’est la débandade ! Presque tous veulent prendre la parole et témoigner, car ils estiment que chacun a quelque chose à dire, à reprocher ou à raconter sur Abdelaziz Belkhadem. Ainsi, les témoignages fusent de partout : «C’est Belkhadem et son fils qui ont instauré le phénomène de baltaguia en ramenant un renfort de voyous à Tipasa pour occuper le siège du parti et s’en prendre à nous par la violence. Notre parti a toujours été celui du dialogue et du débat. Mais Belkhadem semble préférer la voie de l’injure, de l’invective et de la violence», dira un militant de Tipasa. Un autre militant de Tiaret a, de son côté, abordé la problématique des cartes d’adhérent qui se monnaient et se négocient par le SG du FLN, souvent accordées à des opportunistes et individus étrangers au parti. Ceci, ajoute-t-il, en plus des listes électorales qu’il impose depuis qu’il est à la tête du parti et dont il favorise les «bailleurs de fonds». D’autres militants de Khenchela, d’El Oued et de Souk Ahras ont également dénoncé le recul du FLN lors de ces dernières élections communales et APW à cause des mauvais choix de Belkhadem en plaçant des têtes de listes proches de lui mais loin du peuple, souvent même étrangères au parti. C’était au final, à Mustapha Boualeg, ex-cadre responsable au FLN, de citer un exemple concret qui s’est déroulé entre 2006 et 2007, à savoir celui d’un militant RND, qui est à la fois directeur d’université et avocat et pour lequel Abdelaziz Belkhadem l’avait appelé en personne à l’époque pour lui demander de délivrer à ce monsieur une carte de militant. Après avoir entendu l’ensemble des témoins qui ont prêté serment, le parquet a requis la peine maximale. Prison à vie, c’est-à-dire exclusion définitive du parti. Après quoi, le juge Zibha Zidane, membre du comité central, a prononcé son jugement : «Belkhadem a commis un crime politique et est condamné à la prison à vie, c’est-à-dire le gel de son adhésion au parti à vie, et 1 DA symbolique comme amende à payer pour lui et ses complices. Ils ont toutefois un délai de huit jours pour faire appel». La salle scande : «Vive la justice.» Abdelkrim Abada a fait savoir que des procès similaires seront tenus au niveau des différentes wilayas du pays et que d’ici la fin de la semaine en cours, les jugements accompagnés des faits seront transmis au ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, et au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L’autre procès L’initiative prise par le ministre du Travail Tayeb Louh, le ministre de la Santé Abdelaziz Ziari et celui des Transports Amar Tou qui ont été voir Belkhadem pour le convaincre de se retirer du parti est loin d’être «innocente », pour les redresseurs du FLN. Selon Abdelkrim Abada, ces trois membres du bureau politique complotent quelque chose qui est facilement devinable. «C’est une mise en scène, une fois qu’il ne restera pour Belkhadem que de quitter le parti, alors, il placera un de ces trois à sa place. Nous, les redresseurs, nous leur disons partez tous, nous n’avons besoin d’aucun d’entre vous, car avec un de ces trois individus, nous nous retrouverons à la case départ», a-t-il expliqué. Enfin, Abdelkrim Abada reconnaît que la démission d’Ahmed Ouyahia de la tête du RND leur a donné force et espoir sans toutefois, admet-il, se faire beaucoup d’illusions : «Belkhadem est d’un opportunisme que ne connaît pas Ouyahia. Ils ne sont pas faits de la même pâte. Il ne faut donc pas s’attendre de la part de Belkhadem à cet acte de grandeur et de dignité qu’est la démission. Il n’a pas le courage d’Ouyahia, Saïd Sadi et Aït Ahmed. Il n’y a d’ailleurs pas lieu de faire la comparaison. »

M. M.