Les «redresseurs» demandent à Bouteflika de destituer Belkhadem

Les «redresseurs» demandent à Bouteflika de destituer Belkhadem
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Le Mouvement de redressement du Front de libération nationale vient de saisir officiellement Abdelaziz Bouteflika, via une correspondance adressée avant-hier et dans laquelle ils lui demandent de destituer Abdelaziz Belkhadem.

C’est ce qu’annonçait Abdelkrim Abada, le coordinateur national du mouvement au cours d’une conférence de presse animée au siège national des dissidents à Draria.

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – «Puisque il (Belkhadem, Ndlr) criait sur tous les toits que si jamais le président l’appelait et lui demandait de se retirer, il s’exécuterait immédiatement, eh bien voilà, nous avons envoyé une correspondance au président, en sa qualité de président du parti, et eu égard à son rang de moudjahid et de grande personnalité, pour qu’il use de ses prérogatives, pour qu’il jette tout son poids pour sauver le FLN et mettre fin au règne de Belkhadem.» Cette sortie des redresseurs intervient quelques jours seulement après celle de l’autre mouvement de dissidence, «les contestataires» que conduit l’ancien Mouhafedh d’Alger, Ahmed Boumehdi. Les deux tendances savent désormais que leurs actions, menées de concert ou séparément, ne peuvent venir à bout d’un Abdelaziz Belkhadem, toujours secrétaire général du FLN malgré la très forte opposition à laquelle il fait face. Et c’est le Mouvement des redresseurs qui, là, franchit le pas le premier en brisant un tabou et s’adressant là où il le faut : au président du parti, Abdelaziz Bouteflika. Le scénario du déroulement de la dernière session du comité central, en juin, lorsque Belkhadem fut introduit de force par des éléments externes au parti et qui lui permirent de lire sa déclaration devant une salle quasi hostile, était en fait un message que tout le monde avait déchiffré. En d’autres termes, au FLN, comme toujours, ce ne sont pas les militants ou les cadres qui font ou défont les directions nationales, mais les cercles qui détiennent le pouvoir, à savoir la présidence et l’armée. D’où cette correspondance à Bouteflika. Ce dernier réagira-t-il pour autant ? «Qu’il se décide à intervenir ou pas, nous, nous concernant, nous serons toujours là, hier, comme aujourd’hui et à l’avenir pour continuer notre combat jusqu’au départ de Abdelaziz Belkhadem», affirmera encore Abada en présence de trois anciens ministres : Mohamed Seghir Kara, Abderrachid Boukerzaza et Hadi Khaldi. Comme d’habitude, le conférencier mitraille Belkhadem par des salves de critiques qui vont de la corruption à la tentation de succéder à Bouteflika à la tête du pays, en passant par la marginalisation des militants, le clientélisme, etc. Et si jamais Bouteflika ne fera rien ? Abada annonce déjà l’organisation, pour le 5 janvier prochain à Alger, d’une conférence nationale qui regroupera tous les coordinateurs de wilaya pour préparer les actions à venir. Mais un fait s’impose, toutefois : pourquoi les deux ailes de la dissidence agissent-elles séparément ? En réalité, c’est la succession de Belkhadem qui les partage. Car ce que redoutent les redresseurs, c’est le soutien que les contestataires apportent à la candidature lancée en coulisses par l’ancien président de l’Assemblée populaire nationale, Amar Saïdani. «Certains tentent même de convaincre l’entourage de Bouteflika de donner son aval pour cette candidature, sachant pourtant l’aversion du président pour Saïdani», nous confie un cadre de la direction des redresseurs.

K. A.

LG Algérie