Les rebelles, qui ont déjà pris le QG du dictateur en fuite, de la quasi totalité de Tripoli, depuis vendredi, ainsi que le principal poste-frontière avec la Tunisie, affirment avoir pris le contrôle de l’aéroport. Ils concentrent maintenant leurs efforts sur la capture de Mouammar Kadhafi dont la tête est, rappelons-le, mise à prix. De folles rumeurs circulent à propos de sa fuite vers l’Algérie
La ville de Syrte, bastion de l’ancien régime où Mouammar Kadhafi et ses proches pourraient se cacher, est bombardée par les avions de l’Otan. Mais des dérapages sont constatés notamment à Tripoli et des appels se multiplient contre «ces actes de vengeance».
Les deux camps sont accusés effectivement d’exactions (exécutions sommaires, tortures ou passages à tabac…). Le Conseil national de transition (CNT) a désormais installé son siège à Tripoli et continue de «gagner du terrain» et traquer Kadhafi en fuite. Un quartier proche de l’aéroport,
Qasr ben Ghichir en l’occurrence, a été libéré selon les insurgés qui affirment désormais le contrôler, selon l’AFP. L’aéroport international tout proche, sous contrôle rebelle, est calme.
Mais la présence de snipers isolés est toujours redoutée. Kadhafi est toujours recherché par les rebelles alors que de folles rumeurs circulent sur sa probable fuite vers l’Algérie, pays voisin, qui n’est pas, rappelons-le, en odeur de sainteté avec le CNT qui l’a accusé à maintes reprise d’avoir soutenu le régime de Kadhafi.
«Dès le début de la crise en Libye, l’Algérie a déclaré, de la manière la plus officielle, qu’il s’agit d’une affaire interne à la Libye, qui concerne
au premier chef le peuple libyen, tout en soulignant ses implications régionales en termes de stabilité et de sécurité», a écrit vendredi le représentant permanent de l’Algérie aux Nations unies,
Mourad Benmhidi, qui a tenu également dans la même missive à relever «des accusations répétées et inadmissibles mettant en cause le respect par l’Algérie des obligations des résolutions relatives à la Libye». La fuite de Kadhafi en Algérie est peu probable, affirment beaucoup d’observateurs.
Le passage en Algérie d’un convoi venant de Libye et transportant éventuellement Mouammar Kadhafi est «peu probable», selon un haut responsable de la région frontalière. Une agence de presse égyptienne, citant une source libyenne, affirmait vendredi soir qu’un convoi de six Mercedes blindées, transportant des officiels et probablement Kadhafi et sa famille, était entré dans Ghadamès d’où des loyalistes l’avaient escorté jusqu’à la frontière algérienne.
La frontière au poste algérien de Debdeb, à hauteur de Ghadamès, est ouverte mais un tel convoi aurait été repéré, estime ce haut responsable sous couvert de l’anonymat.
Il lui paraît impossible qu’un convoi ait pu entrer en Algérie sans que les habitants de cette région peu peuplée le voient. Mieux, un ancien garde du corps du dirigeant libyen, le colonel Abdessalam Khalafallah Annadab, estime dans un entretien accordé à un confrère que kadhafi est «encore à Tripoli ou en route pour le Niger où il a de la famille qui peut le protéger». Mais Kadhafi, pour rappel, avait «dénoncé» les rumeurs de sa fuite et affirmé qu’il se balladait «ingognito» à Tripoli.
L’Allemagne veut intervenir militairement
Sur un autre plan, le gouvernement du Niger, pays qui aurait accueilli Kadhafi, «prend acte du changement de régime intervenu en Libye, reconnaît formellement le CNT comme la seule et unique autorité représentative du peuple libyen», alors que l’Union africaine a refusé de reconnaître l’organe politique des rebelles, jugeant la situation militaire encore trop instable. L’après Kadhafi est acquis pour beaucoup de pays.
Le groupe de contact, lui, a promis jeudi de débloquer 2,5 milliards de dollars d’avoirs libyens gelés d’ici à la fin août. La chancelière allemande, Angela Merkel, s’est dite prête à envoyer des troupes en Libye. Elle estime que Mouammar Kadhafi doit être jugé par la Cour pénale internationale à La Haye.
«Oui. Kadhafi devrait avoir un procès conforme au droit comme il ne l’a jamais accordé à ses opposants», a-t-elle affirmé dans Bild am Sonntag, quant à un éventuel procès de l’ex-homme fort devant la CPI. Angela Merkel, dont le pays avait refusé de participer à une intervention militaire en Libye, n’exclut pas la participation de soldats de la Bundeswehr à une éventuelle mission de stabilisation de l’Onu.
Par ailleurs, le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a promis hier un «procès équitable» aux anciens dignitaires du régime Kadhafi. «Nous appelons Mouammar Kadhafi et ses proches à se rendre, pour les protéger et leur éviter une exécution sommaire.
Nous leur garantissons des procès équitables, quelle que soit leur position», a-t-il déclaré.
Il a également lancé un appel d’urgence aux organisations humanitaires à Tripoli, faisant notamment état d’un manque de matériel médical.
L’évacuation des étrangers se poursuit
Alors que les combats font toujours rage en Libye, un bateau destiné à évacuer les étrangers de Tripoli est arrivé hier à Benghazi avec à son bord 263 personnes, en majorité des Egyptiens et des Algériens fuyant la capitale. Les familles des diplomates algériens ont été également rapatriées,
selon le ministère des Affaires étrangères. Huit Libyens ont été évacués, dont des prisonniers politiques pris en charge par des associations libyennes, ainsi que des travailleurs étrangers et leurs familles, en majorité des Philippins, des Egyptiens, des Mauritaniens et des Indiens.
Ces derniers seront examinés dans un camp de la Croix-Rouge puis conduits en car à la frontière égyptienne. Un deuxième bateau, d’une capacité d’accueil de 1200 places, a quitté Benghazi vendredi pour Tripoli.
S. M. / Agences