Les raisons de la faiblesse de la communication institutionnelle, selon mohamed saïd «les départements ministériels souffrent du manque de compétences»

Les raisons de la faiblesse de la communication institutionnelle, selon mohamed saïd  «les départements ministériels souffrent du manque de compétences»

Reconnus par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, les «dysfonctionnements» qui touchent la communication institutionnelle sont dus, selon le ministre de la Communication, au manque de compétences. Intervenant hier à l’issue des débats clôturant la séance du matin du colloque sur la communication institutionnelle, Mohamed Saïd, qui a assisté aux multiples interventions, était excédé.

Un des intervenants, qui se trouve être un cadre de son département ministériel, interpelle un des conférenciers sur les raisons de l’absence de communication «officielle». Une intervention qui ne manquera pas de faire sortir de ses gonds le ministre, qui s’étonne de «cette logique contraire».

«La logique voudrait que ce soit l’universitaire qui cherche l’information auprès du cadre», a-t-il dit, avant d’évoquer «un problème de compétence au niveau des ministères». «C’est aussi une question de niveau dans la gestion de beaucoup de secteurs importants», regrette-t-il, avant de reconnaître explicitement : «Le problème se pose au niveau de mon département et je le regrette.»

Ainsi donc, Mohamed Saïd joint sa voix à celle du Premier ministre, mais aussi d’autres responsables dont beaucoup ont, depuis des lustres, tiré la sonnette d’alarme à ce propos. Il se réjouira en contre-partie du rôle «libérateur» des réseaux sociaux. «Les réseaux sociaux ont libéré le citoyen, en général, de l’hégémonie des moyens traditionnels (presse, télévisions…) ainsi que des griffes et de la tutelle des élus au sein des assemblées», a-t-il dit.

Pour lui, les TIC et les réseaux sociaux, en général, ont ainsi donné l’occasion «à l’autre avis» de s’exprimer librement. Pour le professeur Djamel

Bouaidjaimi, qui donne l’exemple du baccalauréat pour illustrer une mauvaise communication, «il fallait dès le début prendre les devants».

Il nous dira en marge de la rencontre qu’une cellule de veille au niveau du ministère aurait évité dans une large mesure que le problème se pose. Pour sa part, le professeur Réda Mezaoui, qui a disserté sur la communication institutionnelle et les politiques publiques, il est surtout impératif de faire des auto-évaluations. «A quoi sert la communication institutionnelle s’il n y a pas de feed-back ?», s’est-il interrogé. Réda

Nedjar, expert tunisien, tout en s’exprimant sur l’expérience de son pays sous l’ère Ben Ali, dira que la communication institutionnelle «est liée à la nature du système». L’avis est partagé par Belkacem Ahcène Djaballah, un des modérateurs du colloque, qui dira en marge des travaux et en réponse à une question des journalistes sur la communication au sujet de la maladie du président de la République, qu’il s’agit surtout «d’une question de système et de culture». Le Belge Pierre Guilbert met en garde contre les dangers de la rumeur, donnant des exemples quant à la «manipulation honteuse de l’information». Pour lui, «la transparence pour la transparence ne sert à rien».

En somme, comme illustré lors des débats, des stratégies de communication s’imposent. Elles sont même une urgence. C’est tout le système de communication qui doit changer. A noter enfin que les participants aux ateliers de travail du colloque devaient rendre, hier soir, leurs recommandations.

Saïd Mekla