Un cancer du pancréas ? Non, des cancers du pancréas. Pour la première fois, une équipe de recherche internationale est parvenue à identifier quatre grandes classes de tumeurs, caractérisées par des altérations moléculaires très différentes au sein des cellules. Les résultats de leurs recherches, publiés dans la revue Nature, devraient permettre de mieux cibler les recherches cliniques et les stratégies thérapeutiques.
Depuis quelques années, de nouvelles techniques d’analyses permettent aux chercheurs de scruter toutes les spécificités d’une tumeur cancéreuse, tant au niveau des signaux chimiques intra et extracellulaires que des altérations de son ADN. On sait désormais que deux cancers touchant des organes très distincts peuvent être causés par des altérations chimiques similaires. Inversement, des mécanismes très variables peuvent être à l’origine de cancers touchant un même organe – avec des voies thérapeutiques très différentes. Il existe « des » cancers du sein, des poumons, de la vessie : le pluriel s’impose.
Les connaissances s’affinaient d’année en année pour la plupart des tumeurs… à l’exception, peut-être, de celles touchant le pancréas. Les cancers du pancréas condamnent plus de neuf malades sur dix et, chaque année, environ 10.000 nouveaux cas sont recensés en France.
Des recherches sont menées dans de nombreux laboratoires de par le monde pour mieux catégoriser ces cancers. Des travaux publiés ce 24 février dans la revue Nature marquent une étape importante dans notre connaissance de la maladie.
Après avoir analysé 456 adénocarcinomes pancréatiques, une équipe internationale a identifié 32 mutations génétiques caractéristiques. Celles-ci étaient impliquées dans dix processus cellulaires distincts, allant de signaux d’interruption de croissance à la réparation du code génétique au fil des divisions. Au final, ce sont quatre grands sous-types de cancers du pancréas, très dissemblables, qui ont été isolés.
La vitesse de prolifération de ces sous-types de cancers, de même que les pronostics vitaux associés, sont très différents. En caractérisant mieux le cancer dont chaque patient est atteint, les essais thérapeutiques pourront désormais être mieux ciblés et interprétés.
Des stratégies cliniques, dont l’efficacité semblait jusqu’à présent aléatoire, pourraient être rattachées à un des sous-types de cancers, et être proposées en toute connaissance de causes aux malades qui en sont atteints.