Ahmed Ouyahia , Premier ministre et SG du RND, a déclaré : «Dire qu’une revendication est légitime veut dire qu’il y a possibilité de la prendre en charge».
La protestation sociale en Algérie a pris de l’ampleur ces deux derniers mois. Les protestataires de différents secteurs reviennent à la charge après une trêve durant laquelle ils ont attendu et espéré une prise en charge de leurs revendications.
Leurs tutelles respectives n’arrivent pas à gérer la situation. Pourquoi les responsables concernés n’admettent-ils leur incapacité à prendre en charge ces revendications et font des promesses qui ne seront pas honorées ? Dans ce cadre, Ahmed Ouyahia , Premier ministre et SG du RND, a déclaré : «Dire qu’une revendication est légitime veut dire qu’il y a possibilité de la prendre en charge».
Après l’Education nationale qui a battu le record de grèves, le secteur de l’Intérieur n’est pas à l’abri d’une protestation sociale. Les gardes communaux ont arrêté leur mouvement de protestation après avoir eu gain de cause, c’est au tour des travailleurs des communes de revienir à la charge. Ils ont tenu une grève en avril 2010, sous Nourreddine Yazid Zerhouni, à l’époque ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, connaisseur des collectivités locales, avait promis de prendre en charge les revendications de ses 400 000 fonctionnaires.
Depuis, c’est la coupure totale. Le résultat est qu’il y a un retour à la protestation à travers une grève de cinq jours qui aurait paralysé au 1er jour «800 communes» selon les organisateurs. Les travailleurs réclament un nouveau régime indemnitaire, la promulgation d’un statut particulier et comptent même tenir un sit-in devant le Palais du gouvernement ou le siège du ministère de l’Intérieur.
Autre secteur qui ne cesse de connaître une agitation, celui de la Santé. Quand Djamel Ould Abbès a été nommé au poste de ministre de la Santé en mai 2010, c’était surtout dans le but de «calmer les médecins» qui avaient paralysé les hôpitaux. Apparemment, les solutions qu’il a apportées ont atteint leur limite, car le problème des médecins résidents est toujours posé. Malgré des poursuites en justice, une grève illimitée est déclarée. Le ministre a tenu une réunion avec les représentants des médecins résidents mais sans les convaincre de cesser leur mouvement de protestation.
Il a justifié cet «échec» par le fait que certaines revendications ne relèvent pas de son ministère, comme s’il était isolé des autres composantes du gouvernement. Mais un ministre ne peut-il pas soumettre un problème qui le dépasse en réunion du gouvernement afin que les tâches soient partagées selon les prérogatives de chacun ?
Si M. Ould Abbès fait allusion à la question de «la suppression du service militaire», les résidents affirment qu’«ils n’ont jamais demandé cela». Il faut souligner que même les paramédicaux s’apprêtent à entamer un mouvement de débrayage dès demain. D’autre part, les étudiants de l’École nationale supérieure en statistiques et en économie appliquée (ENSSEA) ont bloqué hier matin l’accès au ministère de l’Enseignement supérieur après une trêve de moins d’un mois. Un sit-in est prévu pour aujourd’hui devant le siège de la Présidence.
Pourtant, il y a quelques jours, ce ministère a tenu des rencontres régionales pour débattre des revendications des étudiants par rapport au système LMD, l’équivalence, le statut des écoles supérieures et autres. Ces rencontres ont été sanctionnées par une conférence nationale tenue à Alger. Toutefois, les étudiants sont toujours en colère et une marche, organisée par la Coordination nationale des étudiants algériens (Cnae), est programmée pour le 12 du mois en cours. Elle s’ébranlera de la Grande poste en direction du Palais du gouvernement. Il faut préciser que les secteurs cités sont juste des exemples, car il y a en d’autres comme celui de l’Habitat. Cependant, plusieurs protestataires préfèrent s’adresser à la Présidence de la République au lieu du gouvernement alors que c’est ce dernier qui est chargé de l’exécution.
Par Nacera Chenafi