Toutes les garanties n’ont pas été répercutées aux citoyens du sud du pays
S’il faut chercher à qui profite le crime, ce n’est certainement pas du côté d’Alger qu’il faut diriger son regard.
Les protestations contre l’exploitation du gaz de schiste ont pris une forme violente ces deux derniers jours. Ainsi, au lendemain d’une poussée de violence à In Salah, c’était hier au tour de Tamanrasset de vivre une matinée mouvementée. Des échauffourées ont été enregistrées dans cette ville du Grand Sud. Les manifestants ont bloqué la route principale menant au centre-ville rapporte l’APS. Le siège de la commune de Tamanrasset a été fermé par des manifestants antigaz de schiste qui entendaient par cette action dénoncer la «répression» dont ont fait l’objet les protestataires à In Salah.
Cette action des militants antigaz de schiste qui s’est donc accompagnée par des actes de violence, marque un tournant dans le dossier du gaz de schiste. Le recours à l’émeute n’est ni étrange, ni surprenant. Il relève d’une «gestion pragmatique» d’un mouvement de foule, dont l’objectif demeure encore inavoué à voir les slogans qui soutiennent les manifestations de rue. En effet, les citoyens qui protestaient, jusque-là pacifiquement, entendent faire plier le gouvernement sur la question de l’exploitation de cette énergie non conventionnelle. Face à la contestation, l’Exécutif a pris option pour le dialogue et tenté de faire entendre raison à la population de In Salah en mettant en avant des avis d’experts sur le sujet. Plus encore, des personnalités, dont on ne peut pas douter de leur sincérité, à l’exemple de Abdelmadjid Attar et Sid Ahmed Ghozali, ont apporté un avis clair sur la nécessité pour l’Algérie d’exploiter la ressource en question. Le ministre de l’Energie a été jusqu’à proposer aux représentants des manifestants de In Salah de leur permettre de suivre l’opération de fracturation hydraulique de bout en bout pour les convaincre de la bonne foi du gouvernement.

Toutes ces garanties n’ont pas été répercutées aux citoyens du sud du pays, que les activistes antigaz de schiste, tiennent en otage en les «bombardant» d’informations inquiétantes sur le mode d’exploitation du gaz de schiste dans le monde et en Algérie. Usant des techniques de communication modernes avec une parfaite maîtrise, les activistes ont inondé les réseaux sociaux d’images montrant les «dégâts» irréversibles sur l’environnement, sans préciser que ces photos pouvaient concerner n’importe quelle plate-forme pétrolière conventionnelle. En un mot comme en mille, les activistes ont conditionné l’opinion locale dans le sens d’une totale fermeture à n’importe quel discours autre que la suspension sine die de l’exploitation du gaz de schiste.
Depuis samedi dernier, il semble que l’on soit passé à une phase plus active de la protestation en suscitant des affrontements avec les forces de l’ordre, pour ensuite accuser ces derniers de «répression». La technique a déjà fait son effet sous d’autre cieux où les protestations. citoyennes étaient finalement détournées à d’autres fins. Le mouvement antigaz de schiste court le risque de prendre ce chemin. Si l’on enregistre une montée en puissance de la violence urbaine, les prochains jours, il ne restera aucun doute. Et pour cause, on ne peut pas accuser le gouvernement de vouloir pourrir la situation dans les villes du sud du pays compte tenu de la situation explosive à nos frontières, mais également en raison des ingérences probables que de telles situations peuvent engendrer. Aussi, s’il faut chercher à qui profite le crime, ce n’est certainement pas du côté d’Alger qu’il faut diriger son regard. Il est entendu, en effet, que le premier bénéficiaire d’une dégradation du climat social à In Salah, Ouargla, Tamanrasset et dans d’autres villes du sud du pays, ce ne sera pas le pouvoir politique et encore moins les populations locales.
Le dossier du gaz de schiste passe-t-il donc par une période critique où les intérêts de la nation, au-delà des aspects environnementaux, sont réellement en jeu.
Devant cette situation, pour le moins inquiétante, une partie de l’opposition, structurée dans le Pôle du changement accable le pouvoir et le rend responsable de la poussée de violence vécue par In Salah et Tamanrasset. Agissant avec un brin de populisme, le Pôle du changement affirme avoir prévu ce genre de dérives, mais évite d’aborder la question de fond, à savoir que les arguments avancés par le gouvernement sont systématiquement chahutés par les activistes qui poussent la région à une situation sans issue pour les citoyens et le gouvernement.