La situation sécuritaire, surtout dans le Sud, et les couacs de la politique touristique dissuadent les tour-opérateurs étrangers et les touristes de venir. Impressions au Salon du tourisme et de voyages de Paris.
C’est au Salon du tourisme de Paris, Porte de Versailles, qu’il fallait se rendre du 20 au 23 septembre, pour faire un voyage visuel à travers le monde et ses paysages fabuleux. Parmi tous les tableaux, on pouvait voir une superbe reproduction d’un escarpement verdoyant qui épouse la Méditerranée. Le poster habille le stand de l’Algérie, un des pays représentant le Maghreb, au salon. Son comptoir jouxte celui de la destination Tunisie, en souffrance à cause du terrorisme.
Pour l’Algérie aussi, l’écueil sécuritaire empêche la relance de l’activité touristique, notamment dans le Sud. Des opérateurs privés rencontrés sur les lieux se plaignent du refus de délivrance de visas signifié aux touristes étrangers qui veulent visiter le Sud algérien. Dans cette région, où beaucoup d’agents de voyages ont mis la clé sous le paillasson, certains s’acharnent à vouloir poursuivre leurs activités. Toufik Boughali, parton de Mzab Tours, une agence de voyages à Ghardaïa, n’en démord pas. Plein d’entrain, il est décidé à faire venir le maximum de monde au “Raid Envie d’Algérie”, qu’il organise très prochainement. Au Salon du tourisme, il s’est surtout affairé à dénicher de potentiels partenaires étrangers qui voudraient le suivre dans l’aventure algérienne.
Pour ce voyagiste, l’Algérie est une destination à part, qui est à reconquérir. Se remémorant les jours heureux, il révèle avoir supervisé avec son ami Philip Sylvain (voir interview ci-dessous) l’arrivée de cinq à six charters par semaine à Tamanrasset entre 2008 et 2009. Aujourd’hui, les choses sont bien différentes.
Le voyagiste s’alarme de l’état d’abandon et de décrépitude dans laquelle se trouvent des sites touristiques dans le Sud, comme l’Assekrem dans le Hoggar. Cette situation de laisser-aller contraste, selon d’autres, avec la volonté affichée des pouvoirs publics de “prioriser” la relance du secteur touristique. Des opérateurs privés, les petits surtout, se sentent seuls et désemparés.
D’autres, plus aguerris, arrivent à garder le cap. Leïla Diot, représentante du groupe Mehri au salon, s’est fait l’écho de la bataille engagée par son patron pour convaincre les autorités d’ouvrir une ligne aérienne hebdomadaire entre Paris et El-Oued où il détient une bonne partie de ses activités touristiques. C’est dans cette ville d’ailleurs qu’il s’apprête à inaugurer son hôtel-SPA, La Gazelle d’Or, incessamment.
Des invités s’envoleront directement de Paris vers El-Oued pour prendre part à cet événement. Parmi les privilégiés, figure Muriel Le Gal, directrice de Voyages du Soleil, qui fait la promotion des destinations de la rive sud de la Méditerranée. Après le Maroc et la Tunisie, l’agence vient de créer sur son site Internet un lien “Envie d’Algérie”, pour susciter auprès des touristes français le désir d’explorer ce pays ou d’y retourner. Les cibles sont multiples. Une clientèle individuelle formée de seniors ou de jeunes, férus de randonnées et de circuits de découverte. Muriel Le Gal s’adresse autant aux Algériens de France qu’aux pieds-noirs. Elle-même a fait son premier voyage en Algérie, en touriste, en 2007.
Depuis, elle est restée attachée à ce pays où elle perçoit quelques signes positifs en matière de relance touristique, mais qui, à son goût, restent encore insuffisants. Pour ne rien arranger, la survenue d’attentats dans l’Hexagone rend les Français réfractaires à l’idée de se rendre en Algérie et dans les autres pays du Maghreb. “Ils ont encore plus peur qu’auparavant”, se désole la directrice de Voyages du Soleil.